Rentrée scolaire 2022 : d'une expérimentation à l'autre

Dans sa circulaire de rentrée, le ministre de l'Éducation nationale évoque "une École engagée pour l'excellence, l'égalité et le bien-être". Pour atteindre ces objectifs, il annonce la tenue de débats pour réduire les inégalités sociales ou territoriales, mais aussi des expérimentations qui iront de l'accroissement du nombre d'heures de sport au collège aux innovations locales en matière pédagogique.

L'exercice est traditionnel à cette époque de l'année : le ministère de l'Éducation nationale, Pap Ndiaye, a publié jeudi 30 juin 2022 la circulaire de rentrée scolaire pour septembre 2022. Intitulée "Une École engagée pour l'excellence, l'égalité et le bien-être", ce texte, adressé aux recteurs d'académie ainsi qu'aux professeurs, en passant par les directeurs d'école, chefs d'établissement et autres inspecteurs de l'Éducation nationale, rappelle tout d'abord que l'école est "engagée pour l'excellence et la maîtrise des savoirs fondamentaux", lesquels conditionnent "la réussite scolaire et constituent ainsi l'objectif prioritaire de nos politiques de réduction des inégalités".

C'est dans la deuxième partie, nommée "Une École engagée pour l'égalité et la mixité", que le nouveau ministre de l'Éducation nationale mentionne le rôle des collectivités territoriales. D'abord à propos de l'école inclusive. S'il considère que "la situation s'est considérablement améliorée en quelques années" sur ce sujet, Pap Ndiaye estime toutefois qu'il faut "consolider une École pleinement inclusive". Et le ministre de citer plusieurs pistes d'amélioration : relation avec les familles, situation des accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) qui "ne peut rester en l'état". "Le succès de l'École inclusive, écrit Pap Ndiaye, reposera sur notre capacité collective, communauté éducative en premier lieu, mais aussi collectivités territoriales, administrations du secteur social et médicosocial, professionnels de santé, à continuer de faire en sorte que tous les élèves qui doivent être accueillis le soient, mais aussi que leurs conditions d'accueil, d'accompagnement, notamment pédagogique, et d'apprentissage permettent en toute circonstance leur épanouissement et leur plein accomplissement."

Contre les assignations territoriales

Autre sujet-clé pour lequel le ministre en appelle, entre autres, aux collectivités : la lutte contre "les assignations sociales et territoriales". Avec une recette : "une plus grande mixité scolaire". Les mesures pour y parvenir vont de l'ouverture de nouveaux internats d'excellence à la rentrée à l'implantation de cursus d'excellence dans les établissements les moins favorisés en passant par l'accueil d'élèves boursiers dans les établissements les plus favorisés. Ainsi 43 nouvelles sections internationales ouvriront dans des collèges parmi les plus défavorisés, tandis que 94 lycées et 250 collèges parmi les plus favorisés seront engagés dans une stratégie de plus grande ouverture aux élèves boursiers. Plus globalement, "dans chaque académie, des objectifs de réduction des écarts sociaux entre collèges et entre lycées seront fixés dès cette année, en tenant compte des différences de situation entre les territoires". Des objectifs, précise le ministre, qui seront discutés avec les équipes éducatives et les collectivités territoriales.

Autre aspect de cette lutte contre les assignations sociales et territoriales : la dynamisation et l'attractivité des territoires doit passer par le maintien d'un service public d'éducation de qualité dans les territoires ruraux isolés. Le ministre entend ici permettre la mise en œuvre de projets d'éducation artistique et culturelle et sportifs par l'école et annonce que l'expérience des territoires éducatifs ruraux (TER) sera poursuivie et adaptée en lien avec l'École du futur.

Considérant l'orientation comme un "facteur d'égalité des chances", Pap Ndiaye annonce en outre qu'en 2022-23, des collèges volontaires pourront proposer de nouvelles activités de découverte des métiers à partir de la classe de cinquième. Pour accompagner cette découverte, il est question d'exploiter les ressources de l'Onisep, des branches professionnelles mais aussi des conseils régionaux, compétents en la matière.

Plus de sport au collège… sur le temps périscolaire

On attendait par ailleurs des détails après les annonces du président de la République concernant l'augmentation du nombre d'heure de sport à l'école (lire notre article du 9 juin). La circulaire confirme que les trente minutes d'activité physique quotidienne seront généralisées à compter de la rentrée dans toutes les écoles. Elle ajoute, sans plus de précision, que "les professeurs des écoles seront accompagnés pour faciliter l'intégration de cette activité dans la journée des élèves". Quant aux collèges volontaires, ils pourront mettre en place, à titre expérimental, une organisation des emplois du temps permettant à tout ou partie de leurs élèves de pouvoir faire deux heures d'activités sportives. Mais attention, ces deux heures supplémentaires auront lieu "sur le temps périscolaire, dans des clubs ou associations sportives". Quels seront les rôles respectifs des associations sportives scolaires, des clubs, voire des collectivités dans ce dispositif ?... Selon nos informations, l'organisation encore vague de cette expérimentation devrait être révélée lors de la conférence de presse de rentrée du ministre, fin août.

Appui aux innovations locales

Enfin, on relèvera deux rendez-vous importants sur le devenir de l'école lors de l'année scolaire 2022-23. La circulaire rappelle qu'à l'automne, des réflexions collectives associant les partenaires de l'Éducation nationale se déclineront à l'échelon local dans les écoles et établissements "pour susciter, encourager et accompagner les initiatives les plus adaptées à la réussite des élèves, à leur épanouissement et à la résorption des inégalités scolaires".

D'autre part, dans la continuité de l'expérimentation marseillaise – le plan "Marseille en grand" vise notamment à permettre aux équipes pédagogiques de repenser les projets d’apprentissage, les rythmes scolaires, la durée des cours, etc. – et en vue d'en généraliser progressivement la méthode, le ministère va mettre en place un dispositif d'appui aux innovations locales pour la réussite des élèves. "Ces moyens supplémentaires, écrit le ministre, permettront de soutenir les projets et les ambitions des équipes pédagogiques, avec un accompagnement renforcé des académies, pour construire l'École du futur."