Rentrée scolaire : pouvoir d'achat, transports, énergie... les priorités des régions se bousculent

Dans le contexte difficile de cette rentrée scolaire, Régions de France a évoqué ce 31 août devant la presse les divers dossiers d'actualité liés aux compétences des régions en matière d'éducation et d'orientation. L'association fait valoir le travail des régions pour soutenir le pouvoir d’achat des familles, assurer les transports scolaires ou encore réussir à couvrir l’augmentation du coût de l’énergie. Elle se montre critique sur l'apprentissage et estime que la réforme de l'orientation n'est pas encore aboutie.

En cette rentrée scolaire 2022, qui va impliquer quelque 2,26 millions de lycéens, l'association Régions de France assure que les régions sont pleinement mobilisées "pour répondre aux défis du présent, ceux de l’inflation et du pouvoir d’achat, de la flambée de l’énergie, du changement climatique, des compétences…". Education et orientation sont "des compétences centrales des régions", a souligné à plusieurs reprises François Bonneau, président de la commission éducation-orientation-formation-emploi de Régions de France, lors d'une conférence de presse ce 31 août. Un chiffre : 16,3% du budget des régions est consacré à l'enseignement (lycéens et étudiants). "Nous avons un nouveau ministre de l'Éducation nationale et un nouvel équilibre à l'Assemblée nationale", a par ailleurs contextualisé François Bonneau, entouré des deux présidents délégués de cette commission, Kamel Chibli et David Marguerite, qui ont respectivement "noué relation dès le mois de juillet avec Pap Ndiaye et Olivier Dussopt".

Transports scolaires : "formation, dialogue social et anticipation"

Concernant les difficultés d'organisation des transports scolaires - le deuxième sujet de préoccupation mentionné par le nouveau ministre de l'Éducation nationale dans son discours de rentrée du 26 août -, les régions se disent "plus que jamais mobilisées pour assurer les transports scolaires, face aux situations de pénurie de chauffeurs de cars". A l'origine, selon le président de la région Centre-Val de Loire, "l'amplitude horaire considérable et le temps partiel subi expliquent que les gens, dès qu'ils le peuvent, vont vers des emplois à temps plein". Il plaide donc pour "de la formation, du dialogue social" et de "l'anticipation". "Dans ma région, cet été, 200 personnes ont été formées", témoigne-t-il, affirmant que "le marché du travail est en train de s'inverser". "Il faut revoir les conditions professionnelles avec les sociétés de transport." Les régions demandent à ces sociétés de faire des transports scolaires une priorité, du fait de leur mission de service public. "Tout l’été, les 1.250 agents des collectivités chargés du suivi des contrats ont trouvé des solutions avec les transporteurs pour permettre aux élèves de continuer à accéder à ce service", poursuit Régions de France, qui témoigne que les régions sont restées "à la disposition des préfets et des recteurs pour identifier les territoires dans lesquels la continuité de service est la plus susceptible d’être perturbée, et les solutions mobilisables localement, en lien avec la Fédération nationale des transports de voyageurs" (FNTV).

"Contenir le plus possible le coût de la rentrée pour les familles"

Sur l'enjeu du pouvoir d'achat des familles, François Bonneau résume ainsi l'objectif  : "Contenir le plus possible le coût de la rentrée pour les familles." Achat des manuels scolaires, équipements professionnels et numériques, restauration, internat, transports via les cartes jeunes, dispositifs de mobilité internationale... le président de la commission éducation passe en revue les actions que déploient les régions malgré "une hausse du prix du steak haché de plus de 25% par rapport à l'an passé". Le dossier de presse de Régions de France dresse une liste d'actions exemplaires. On relève par exemple les dispositifs d'aide de lutte contre la précarité menstruelle se multiplient. Ainsi, la Réunion y a consacré 200.000 euros, au service de ses 20.000 lycéennes. Idem dans la région Sud et dans le Grand Est avec la mise en place de distributeurs de protections hygiéniques dans 354 lycées.  

Autorité fonctionnelle : "Une nouvelle étape de progrès"

Ce 31 août, il a été aussi été question de la mise en œuvre de la nouvelle autorité fonctionnelle de la collectivité de rattachement à l'égard de l'adjoint gestionnaire d'un lycée/collège, tel que prévu par la loi 3DS. "C'est une nouvelle étape de progrès dans la structuration de l'action publique et de la décentralisation", assure François Bonneau. Pour mémoire, la loi prévoit que les conditions d’exercice de cette autorité fonctionnelle doivent faire l’objet de dispositions dans une convention bilatérale conclue entre l’EPLE et la collectivité (région ou département selon les cas). Le guide de 17 pages mis en ligne à la mi-juillet par Régions de France rappelle que l’autorité fonctionnelle à l’égard des adjoints gestionnaires porte sur "les missions relevant des champs de la restauration scolaire, de l’entretien général et de la maintenance des infrastructures et des équipements, y compris informatiques".

Orientation : "On est encore au milieu du gué"

Au rayon orientation, "beaucoup a été fait depuis la loi du 5 septembre 2018 par les régions et l’Éducation nationale sur la mise en œuvre du transfert aux régions de l’information métiers et chaque région a complété sa boite à outils destinée à l’Éducation nationale pour informer les jeunes sur les métiers et les formations", souligne Régions de France. Cela prend la forme d’évènements de type salons ou conférences (100% des régions le font), campagne de communication (82%), formations dédiées (65%), ambassadeurs des métiers (59%), portails en ligne, guides d’information, etc. Mais, car il y a un gros mais, "on est encore au milieu du gué", reconnaît l'association. "Nous devons faire du sur-mesure quasiment pour chaque établissement" mais "il faut que la région soit bien acceptée par les équipes dans les collèges, en particulier auprès des professeurs principaux", complète Kamel Chibli, président délégué de la commission et vice-président de la région Occitanie. Toutes les initiatives prises par les régions en la matière seront recensées lors du 18e Congrès de Régions de France qui se tiendra les 15 et 16 septembre 2022 à Vichy.

Hausse du poste énergie des lycées : +35% par rapport à 2021

Enfin, impossible de ne pas évoquer "la flambée des prix de l’énergie et des coûts de fonctionnement des lycées, à laquelle les régions font face comme tous les acteurs publics et privés". D’autant que l’importance de leur patrimoine immobilier - qui s'élève à 3.600 EPLE sur une surface totale de plus de 46 millions de mètres carrés - démultiplie la facture. Une enquête conduite au printemps dernier par Régions de France évaluait la hausse du poste énergie des lycées à 100 millions d'euros sur l’année 2022 (régions métropolitaines), soit une hausse de 35% par rapport à 2021, pour un total de 388 millions d'euros. L'association constate au passage que les régions qui ont des contrats à prix fixe (généralement sur trois ans) s’en sortent mieux.

Sept régions sur douze estimaient avant l’été être en mesure de couvrir l’augmentation du coût de l’énergie en 2022 par un redéploiement de crédits ou des crédits supplémentaires, après analyse des fonds de roulement des lycées. Mais d’autres postes de dépenses sont aussi "lourdement impactés" par les hausses des prix, signale Régions de France : les travaux de construction et rénovation avec l’augmentation du coût des matières premières, les services de restauration avec l’augmentation du coût des denrées, les coûts pédagogiques des lycées professionnels...

Compétence apprentissage : y a-t-il un pilote dans l'avion ?

Concernant la future réforme de la voie professionnelle, Régions de France approuve la mesure visant à augmenter la durée des stages des lycéens et à les rémunérer mais craint que la réforme "crée une concurrence entre les lycées professionnels et les filières d’apprentissage". "Il faut un pilotage qui permette une synergie entre les deux voies", estime François Bonneau. Les régions, qui ont perdu en 2018 la compétence apprentissage, restent très critiques sur la nouvelle organisation et déplorent un "manque de pilotage public".