Territoires connectés, le retour sur investissement confirmé

La FNCCR a dévoilé le 28 novembre 2024 les premiers résultats du deuxième observatoire des territoires durables et connectés. Cette édition s'est penchée sur l'évaluation des bénéfices économiques et environnementaux des territoires connectés. Sans grande surprise, la télérelève des compteurs d'eau et le pilotage énergétique des bâtiments en sortent grands gagnants, mais les gains ne seront maximisés que s'il y a mutualisation.

La seconde édition de l'observatoire des territoires durables et connectés, fruit d'un partenariat entre la FNCRR (la fédération nationale des collectivités dévolue auc services publics locaux en réseau), Infranum et la Banque des Territoires, s'est intéressée à la mesure des gains générés par les territoires connectés d'ici à 2035. Menée par les cabinets Tactis et Relief Carbone, l'étude s'est focalisée sur cinq usages dans cinq verticales métier : la télérelève des compteurs d'eau, le pilotage de l'éclairage public, la gestion des bâtiments, les points d'apport volontaire (PAV) connectés et la vidéodétection des incendies. Dix territoires utilisateurs, dont Lille, Le Havre, la Sarthe, l'Useda (02) et la Roannaise de l'eau (42) ont été interrogés.

Hypothèses de travail conservatrices

Les hypothèses de travail intègrent la densité des territoires, six composantes de la chaîne de valeur et reprend l'approche "empreinte projet" de l'Ademe sur le volet environnemental. "Cela nous a amené à faire des arbitrages, comme ne prendre en compte que la connexion des armoires (hors passage des ampoules en LED) ou encore à ne s'intéresser qu'au volet énergie des bâtiments connectés", explique Nicolas Potier du cabinet Tactis. Pour disposer d'une évaluation nationale, les auteurs ont choisi des scénarios d'adoption d'ici 2035 avec pour parti pris de "partir sur l'hypothèse basse". Dans le détail : doublement de la télérelève des compteurs d'eau (25% en 2024 à 52% en 2035), bond de 24 à 60% pour l'éclairage public, 12 à 34% pour le pilotage énergétique des bâtiments. Les hypothèses pour la surveillance des PAV (18 à 26%) et des incendies sont plus modestes (7 à 22%), du fait de besoins plus localisés.

Mutualisation indispensable

Sur ces bases, l'investissement global nécessaire serait de l'ordre de 2,2 milliards d'euros d'ici 2035, la télérelève en représentant à elle seule les trois quarts (1,6 milliard d'euros) devant l'énergie des bâtiments (294 millions), l'éclairage public (152 millions), la détection des incendies ou l'équipement des PAV pesant chacun à peine 2% l'investissement. Par catégorie de territoires, les besoins seraient de l'ordre de 800 millions d'euros pour les strates +de 30.000 habitants et de 2.000 à 30.000 et de 500 millions pour les petites communes (>2.000 habitants). Pour ces dernières, la mutualisation des services apparaît absolument "incontournable". Les experts ont privilégié une mutualisation à échelle départementale, pour déployer les objets connectés et les réseaux de transmission, les deux plus gros postes d'investissement.

Des bénéfices très conséquents

En termes de gains, les économies d'eau pourraient être considérables : 396 millions de m³ d'eau, soit l'équivalent de 165 piscines olympiques par département et par an, et 1 à 1,5 milliard d'euros d'économies. Pour les bâtiments, le gain représente 9 TWh, sa traduction en euros dépendant de l'évolution des coûts de l'énergie. L'étude note que les économies d'énergie seront d'autant plus importantes que l'instrumentation concernera des grands bâtiments de plus de 500 m2
Sur l'éclairage, cela représente 4 TWh d'économies sur 10 ans. Pour la télédétection, 42 500 hectares de forêt pourraient être préservés des incendies, les pompiers pouvant être affectés à d'autres missions. Enfin, pour les déchets, le gain s'évalue plutôt en CO2 (-350 KT) et en propreté, non quantifiable. Tous domaines confondus, le gain pourrait être de 1,5 million de tonnes de CO2. En matière d'emploi, on notera que les créations pourraient être légèrement supérieures aux destructions, avec fort enjeu de formation/ accompagnement des personnels, car les créations profiteront aux emplois qualifiés.

Dans un scénario de déploiement plus ambitieux, nécessitant 3,4 milliards d'euros d'investissement, celles-ci pourraient atteindre un gain de 2,2 millions de tonnes de CO2. En conclusion, l'étude insiste sur la nécessité de "disposer d'échelles suffisantes", ce qui passe par "des logiques ambitieuses de mutualisation territoriale" pour maximiser les gains financiers et environnementaux. L'autre paramètre sera bien entendu le soutien apporté par l'État à ces projets.

Les résultats complets et définitif de l’observatoire seront révélés en début d'année 2025.