Tourisme : l'Auvergne, ou la revanche des territoires oubliés

Les résultats de la saison touristique estivale sont spectaculaires pour l'Auvergne qui enregistre ses meilleurs résultats depuis très longtemps grâce à des vacanciers français restés sur le territoire national et avides d'espaces naturels.

En matière de tourisme, l'été 2020 restera comme un épisode à fronts renversés. Alors que les grands pôles d'attractivité – à commencer par Paris et l'Ile-de-France – étaient quasiment désertés par les touristes étrangers et peu fréquentés par les touristes nationaux, des régions à l'écart des grands flux touristiques ont connu, à l'inverse, une affluence exceptionnelle, au point de battre tous les records antérieurs malgré la persistance du Covid-19. Deux raisons principales à ce phénomène. D'une part, faute de pouvoir partir à l'étranger – crise sanitaire et fermeture des frontières obligent – les vacanciers français ont (re)découvert les richesses du territoire national. D'autre part, le confinement a engendré un désir d'espaces naturels, d'air pur et... de distanciation sociale, que peuvent difficilement offrir les métropoles et les grands sites touristiques surfréquentés.

A ce titre, le cas de l'Auvergne est particulièrement exemplaire. Le comité régional du tourisme Auvergne-Rhône-Alpes vient en effet de publier son bilan de la fréquentation durant l'été 2020. S'il évite d'insister sur la distinction entre les deux régions antérieures, il laisse néanmoins apparaître la réussite estivale de l'Auvergne. Si on excepte le cas des stations thermales, qui ont connu une saison difficile sur toute la France (voir notre article ci-dessous du 18 septembre 2020), la plupart des indicateurs sont au vert. Sur août 2020, l'Auvergne affiche ainsi un taux d'occupation des hébergements touristiques de 73%, contre 61% sur l'ensemble de la région (pour 67% en août 2019) et moins de 60% au niveau national. Les contrastes sont encore plus saisissants si l'on s'en tient à la seule fréquentation hôtelière. Alors que le taux d'occupation s'est effondré à 38% à Lyon au mois d'août, il a atteint 90% dans le Puy-de-Dôme. En termes d'activités, ce sont les activités de plein-air – dont l'Auvergne est particulièrement prodigue – qui ont été plébiscitées : randonnées pédestres, vélo et cyclotourisme, activités liées à l'eau... A l'inverse, la mise en place des protocoles sanitaires – avec un contingentement des visites – a pénalisé la fréquentation des monuments historiques et des hauts-lieux touristiques. Vulcania (Puy-de-Dôme), un des sites touristiques les plus fréquentés d'Auvergne, est néanmoins parvenu à limiter les dégâts, avec une activité en baisse de 25% et un total de 115.000 entrées sur juillet-août.

Sur l'ensemble de la région, ce sont les Français (91% des visiteurs) qui ont sauvé la saison. La clientèle de proximité a été particulièrement présente, avec 46% de la fréquentation touristique en juillet et 31% au mois d'août contre 25% en moyenne les autres années. A l'inverse, la clientèle internationale est tombée à 9% contre une moyenne de 25% les années précédentes.

En revanche, les professionnels sont moins optimistes sur l'arrière-saison, à l'image d'ailleurs d'ADN-Tourisme (voir notre article ci-dessous du 1er septembre 2020). Ils redoutent en effet les conséquences de l'annulation de plusieurs événements programmés et l'effondrement du tourisme d'affaires, qui soutient normalement l'activité hors périodes de vacances. Mais, là aussi, l'Auvergne pourrait s'en tirer mieux que Rhône-Alpes.

 

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