Transition écologique des équipements sportifs : une affaire de conception et d'usages

L'Institut régional du sport d'Île-de-France invite à revoir en profondeur la façon de concevoir les équipements sportifs. Pour atteindre des objectifs environnementaux, la dimension sociale doit être prise en compte, ce qui est encore trop peu souvent le cas.

L'enjeu est posé dès les premières lignes du dernier dossier de l'IRDS (Institut régional du sport d'Île-de-France) : "Chaque nouvelle construction ou rénovation d'équipement sportif doit participer à la réduction des impacts environnementaux des activités sportives et du secteur de la construction." L'ambition est claire. Mais elle se heurte à des contradictions. "Lorsque les constructions sont innovantes sur le plan environnemental, elles ne le sont pas toujours dans la programmation des usages", déplore l'IRDS. On l'a vu au moment où le secteur du sport a mis au point sa feuille de route en matière de sobriété énergétique (lire notre article du 13 octobre 2022) : de l'éclairage des terrains au chauffage des salles, en passant par la consommation d'eau, les usages coûtent cher.

L'intérêt du dossier de l'IRDS est de proposer des pistes d'actions et d'aller au-delà du réflexe consistant à n'envisager la question que sous son angle le plus visible : "Réduire l'impact environnemental des équipements sportifs n'est pas qu'une affaire de solutions techniques, mais tout autant de pertinence sociale de l'équipement et de sa capacité à évoluer en fonction du renouvellement des usages."

Réhabiliter plutôt que construire

La première piste consiste à diminuer la consommation de ressources (énergie, sols, matériaux…) et à réduire la production de déchets en limitant les nouvelles constructions ou les démolitions. Autrement dit, à réhabiliter des espaces existants ou à investir des espaces délaissés pour en transformer les usages. Une première "fiche repère" présente la reconversion d'une piscine en centre sportif à Senones, dans les Vosges, dont la transformation a fait l'objet d'une optimisation énergétique et des usages.

La Banque des Territoires finance la rénovation énergétique des équipements sportifs

Voir la réalisation de Monceau-les-Mines.

L'IRDS conseille encore de densifier en investissant des espaces peu ou pas occupés des bâtiments : rez-de-chaussée, friche, toit, parking-silo ou sous-sol, etc. Le tout dans le cadre de réflexions plus larges sur les besoins à l’échelle d’un quartier ou d'une ville.

La deuxième piste vise à intensifier et à mutualiser. Ici, il s'agit d'élargir les horaires de fonctionnement mais aussi d'envisager des usages différents selon l'heure ou le jour – les bâtiments scolaires, fermés le week-end et durant les vacances, sont particulièrement visés. Pour cela, il faut imaginer en amont des infrastructures plus modulables, capables de s'adapter à plusieurs types de pratique. L'exemple vient cette fois de Vitoria, capitale de la Communauté autonome du Pays basque, en Espagne, où depuis vingt-cinq ans chaque quartier dispose d'un équipement hébergeant à la fois des activités sportives, artistiques, une médiathèque, des services sociaux, des salles de réunion, des espaces de convivialité ou encore des ateliers de réparation de vélos. Cette multi-activité, qui dépasse le cadre du sport, est aussi envisagée du point de vue de l'usager : une cotisation annuelle unique permet d'accéder à l'ensemble des activités.

Environnement et usages, même combat

Bien entendu, ces actions peuvent se mêler. Copenhague a ainsi réhabilité puis reconverti d'anciens dépôts de tramway en un site d'activités culturelles et sportives comprenant des espaces publics extérieurs mais aussi un café-restaurant, une bibliothèque, des vestiaires et des sanitaires, le tout accessible en semaine de 7 h à 23 h et le week-end de 9 h à 21 h.

Enfin, l'IRDS envisage l'équipement sportif comme un support de préservation de l'environnement. Le but est alors de "recouvrer des systèmes et fonctions écologiques perdues du fait de l'artificialisation des sols". Cette "renaturation" peut passer par la rétention d'eaux de pluie ou l'installation de microfermes urbaines sur le toit d'un gymnase.

Les nombreux exemples mis en avant permettent de constater que "des démarches plus sobres et plus inclusives se développent". Toutefois, l'IRDS pointe deux écueils. D'une part, "ces initiatives apparaissent peu nombreuses au regard du stock d’équipements sportifs existants et ceux en projet de construction". D'autre part, "peu d’exemples allient sobriété foncière, utilisation maîtrisée des ressources et densification/diversification des usages". Il invite donc à se poser deux questions avant tout projet : "À quoi peut répondre ce qui est déjà là ?" et "pourquoi et pour qui construire ?"

 

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