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Transports publics : la Fnaut entre espoir et inquiétudes

Lors de sa conférence de presse de rentrée du 10 septembre, la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) s’est félicitée du renforcement de la dotation, annoncée le même jour, de l’appel à projets "Transports collectifs en site propre". Si d’autres éléments lui offrent "des motifs d’espoir", l’association redoute particulièrement les conséquences du réchauffement climatique et invite le gouvernement à en finir avec les "demi-mesures".

Si une hirondelle ne fait pas le printemps, une annonce ministérielle peut assurément égayer une rentrée. Il en va ainsi de celle, faite officiellement ce 10 septembre par le Premier ministre aux Rencontres nationales de France urbaine à Nantes (voir notre article de ce jour), d’une rallonge de 400 millions d’euros de la dotation de l’appel à projets "Transports collectifs en site propre", récemment réclamée par le Gart (voir notre article) ou le rapport Duron. "Une grande satisfaction", avoue le président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut), Bruno Gazeau, à Localtis, à l’issue de la conférence de presse de rentrée de l’association, tenue le même jour. Une bonne nouvelle qui rejoint celle d’une situation des transports publics "moins mauvaise" que redoutée en cette rentrée : "Les TER ont roulé à 91% la semaine du 19 au 25 août", relève notamment l’association. Ou encore celle "d’une plus grande sensibilisation de l’opinion publique à la question des mobilités, notamment grâce à l’action des collectivité territoriales et des médias", se félicite Bruno Gazeau.

Des "motifs d’espoir"

S’y ajoutent "d’autres motifs d’espoir", parmi lesquels le président de la Fnaut range la conclusion des plans d’actions régionaux en faveur des petites lignes ferroviaires. Dans un tweet récent, le secrétaire d’État aux transports Jean-Baptiste Djebbari soulignait que huit régions les avaient déjà signés (les premiers – Grand Est et Centre – Val de Loire – en février 2020, plus récemment la région Paca, la Bourgogne – Franche-Comté, la Nouvelle-Aquitaine).

Pourrait également y prendre place la publication d’une étude de la Direction générale du Trésor tirant la conclusion que les usagers de la route ne paient pas le juste prix de leurs circulations, singulièrement en milieu urbain. "Ce rapport vient confirmer les positions prises de longue date par la Fnaut, qui souligne 'l’inéquité' excessive entre les modes de transport au profit de la route et au détriment du ferroviaire", se targue l’association. La Fnaut, qui pointe le fait qu’"en moyenne, les prélèvements ne couvrent qu’un tiers (36%) du montant des coûts externes de la circulation routière", y voit une justification d’une "augmentation différenciée des taxes sur les carburants routiers, diesel principalement, d’une taxation spécifique du trafic des poids lourds et de l’instauration du péage urbain dans les métropoles".

Autre publication récente qui met – un peu – de baume au cœur de l’association, celle du rapport Duron, dont la Fnaut s'enorgueillit là encore qu’il reprenne "de nombreuses propositions émises de longue date, en particulier un financement des transports publics à partir des recettes routières".

Les nuages menaçants du réchauffement climatique

Pour la Fnaut, le ciel est toutefois loin d’être dégagé. L’association redoute particulièrement les nuages menaçants du réchauffement climatique. Tirant argument de la récente publication du 6e rapport du Giec – "l’événement le plus important de l’actualité", estime l’association –, elle "exprime sa profonde inquiétude face au manque d’ambition du gouvernement" en la matière, dénonçant "demi-mesures, tergiversations, greenwashing et bricolage".

Pour y remédier, l’association – qui consacrera son 22e congrès (du 1er au 3 octobre, à Annecy) au "rôle des transports collectifs contre le réchauffement climatique et contre la dépendance automobile" –, préconise dix mesures qui "visent toutes un report du trafic routier sur le transport collectif urbain ou ferroviaire, la marche et le vélo, et du trafic aérien sur le train".

Nécessité d’une plus grande équité entre les modes de transport

De manière générale, Bruno Gazeau insiste sur la nécessité "d’une plus grande équité entre les différents modes de transport". Entendre renchérir le coût de la circulation routière ou aérienne – par exemple, via l’introduction du péage urbain "dans les villes où les alternatives à la voiture sont déjà bien développées", la révision du barème fiscal kilométrique ou le renforcement des taxes sur les billets d’avions – et réduire celui du ferroviaire. En l’espèce, Michel Quidort, président de la Fédération européenne des voyageurs (FEV), évoque notamment la piste de la réduction des péages ferroviaires, "récemment décidée par l’Allemagne. C’est un instrument politique pour rebooster le ferroviaire, alors que la France a des péages très élevés par rapport à l’Allemagne ou la Belgique, mais plus faibles qu’au Royaume-Uni", explique-t-il (la Fnaut étant par ailleurs favorable à une coordination et une harmonisation de ces péages dans l’Union). Une telle réduction serait favorable à l’émergence de la concurrence, qui prend par ailleurs forme sur le réseau TER, comme en témoigne la récente annonce, par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, du choix de Transdev pour la ligne Marseille-Toulon-Nice (voir notre article).

Renforcer l’offre et la performance des transports publics

Persuadée que "la qualité de l’offre et la performance du réseau boostent davantage la fréquentation que la tarification", la Fnaut ne se limite toutefois pas au registre fiscal. Elle préconise entre autres d’ "investir massivement dans les aménagements cyclables et les transports collectifs terrestres électriques" ainsi que sur "sur le réseau ferré classique", notamment "en éliminant les gares TGV non reliées au TER" (voir notre article) ou "en complétant le réseau des LGV en desservant Toulouse à Nice". Autre souhait, "la création de réseaux d’autocar sur le modèle suisse ou autrichien pour desservir les zones rurales". Des territoires où, comme l’a montré le rapport Jacquin, la voiture est encore très loin de la sortie de route…

 

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