Un nouveau plan pour améliorer la qualité de l'air en Île-de-France

La région Île-de-France a présenté ce 21 mars un plan, baptisé "Nouvel Air" (2022-2027), qui prévoit notamment un renforcement du dispositif en faveur des véhicules propres, des mesures en faveur de la ventilation des crèches et des établissements scolaires et un soutien à l’innovation pour diminuer les émissions d’ammoniac du secteur agricole.

Baptisé "Nouvel Air" (2022-2027), le nouveau plan en faveur de la qualité de l’air présenté par la région Île-de-France ce 21 mars succède au plan "Changeons d’air" (2016-2022), un plan de lutte contre la pollution de l’air sur le territoire francilien déployé pendant le premier mandat de Valérie Pécresse à la tête de la région. Le plan "Changeons d’air" a permis une "amélioration rapide et durable de la qualité de l'air sur le territoire francilien" avec des baisses de 30 à 40% des concentrations en particules en suspension et en dioxydes d'azote, affirme la région dans un communiqué. "Les Franciliens exposés aux dépassements de seuils étaient 2,9 millions en 2010, ils sont moins de 60.000 aujourd'hui", assure-t-elle encore. Mais les "niveaux de pollution restent supérieurs aux nouvelles valeurs recommandées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et la situation se dégrade pour l'ozone", reconnaît-elle.

Aides à l'achat de véhicules propres

L'objectif du nouveau plan est donc "d'aller au-delà de la réglementation française et de s'inscrire dans les seuils de l'OMS", selon Olivier Blond, délégué santé environnementale de la région. Plus précisément, le plan propose de diviser par deux le niveau de pollution par rapport aux valeurs réglementaires actuelles à l’horizon 2030. Les huit actions identifiées pour améliorer la qualité de l’air, sans enveloppe précise pour la plupart, représentent un budget estimé global "de 900 millions d'euros jusqu'en 2028", indique Olivier Blond.

La région annonce augmenter le plafond de véhicules propres qu'elle subventionne : jusqu'à cinq pour les artisans et petites entreprises, dix pour les entreprises de livraison. Elle veut également renforcer son soutien à l’acquisition des véhicules utilitaires et lourds fonctionnant à l’hydrogène. Elle compte aussi accompagner les collectivités de moins de 10.000 habitants afin qu’elles puissent remplacer un véhicule polluant par un équivalent plus propre. Sont éligibles au dispositif, les camionnettes et véhicules spécialisés, à motorisation électrique ou à hydrogène, de moins de 3,5 tonnes.

Qualité de l'air intérieur

La région veut aussi lancer une "action forte en faveur de la qualité de l’air à l’intérieur des crèches et écoles, sans seuil de nombre d’habitants", que ce soit par la mise en place de capteurs, l’éducation aux bonnes pratiques de ventilation ou les dispositifs de purification et de ventilation. Les nouveaux établissements scolaires construits par la région "disposeront, dès leur mise en service, d’un système performant de surveillance de la qualité de l’air ainsi que ceux déjà existants faisant l’objet d’une rénovation lourde", souligne le communiqué. La région poursuivra notamment son aide financière aux communes de moins de 20.000 habitants pour améliorer la ventilation des crèches et des écoles municipales et les équiper d’appareils de mesure du CO2 afin de détecter les situations de mauvais renouvellement de l’air. Ces communes seront également soutenues financièrement afin d’améliorer la ventilation des maisons de retraites municipales.

La région prévoit aussi de soutenir l’amélioration de la qualité de l’air dans les transports en commun. Vingt stations parmi les plus polluées sont ciblées d’ici 2028. Un budget de 6 millions d’euros leur sera consacré. 40 ventilateurs vont être renouvelés et de nouveaux vont être mis en place. Après un premier appel à projets lancé en 2018 qui a permis de financer l’expérimentation de quatre solutions de filtration de l’air à hauteur de 1 million d’euros, la région lance un second appel à projets "pour travailler au passage à l’échelle et sur la longue durée des solutions déjà testées", indique le communiqué.

Diminution des émissions d'ammoniac

La région entend aussi favoriser le développement et l’usage des groupes électrogènes non polluants, fonctionnant sur des solutions à base d’hydrogène ou équivalents. L’usage de ces groupes sera ainsi inclus dans le bonus écologique des événements financés par la région. Pour aider les petites entreprises franciliennes à acquérir des groupes électrogènes non polluants, ce type d’achat sera ajouté dans la liste des dépenses éligibles du chèque "Efficacité énergétique" et la filière des fabricants de groupes électrogènes à l’hydrogène sera soutenue financièrement.

Le secteur agricole est aussi visé par le plan. La région veut ainsi soutenir l’innovation pour diminuer les émissions d’ammoniac qui peuvent entraîner des pics de pollution, entre mars et avril. Elle va lancer un programme expérimental qui aidera financièrement les volontaires à mettre en place de bonnes pratiques identifiées par l’Ademe pour aider les exploitants à diminuer leurs émissions, notamment celles liées à l’élevage (alimentation des animaux, gestion des fumiers/lisiers) et à l’agriculture (épandage).

Système de surveillance du risque allergique lié aux pollens

Le plan prévoit encore la mise en place d’un système de surveillance et prévision du risque allergique lié aux pollens. En partenariat avec le RNSA (Réseau national de surveillance aérobiologique) ou avec une déclinaison régionale de celui-ci un réseau de capteurs électroniques va être mis en place. Ces équipements seront capables d’identifier en temps presque réel les pollens présents dans l’air pour la saison pollinique 2024. Le réseau permettra la création d’ "Alerte Pollens Île-de-France" un dispositif ciblant les personnes allergiques qui pourront ainsi disposer d’une information actualisée sur la situation pollinique et se préparer en conséquence.

L’institut Paris Région portera par ailleurs le "Réseau R", un nouveau réseau créé à l’attention des collectivités pour leur permettre d’avoir un accès facilité à l’ensemble des mesures en faveur de la qualité de l’air qui leurs sont destinées ainsi qu’aux habitants (capteurs d’air, véhicules propres, réseau pollen…).

Les mesures prévues dans le plan n’ont pas convaincu le groupe écologiste du conseil régional qui a dénoncé dans un communiqué "une liste d'actions sans objectifs chiffrés et qui ne repose sur aucun bilan lisible et objectivé". Le groupe d'opposition réclame des "actions prioritaires urgentes", telles que "la gratuité de l'ensemble des transports en commun lors des pics de pollution".

 

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