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Un nouveau rapport du CGEDD alerte sur les risques liés aux marnières

Un rapport publié ce 21 octobre par le Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) entend remobiliser tous les acteurs publics sur les solutions à apporter pour remédier au risque d'effondrement des marnières, ces carrières souterraines abandonnées, que l'on trouve surtout en Seine-Maritime, dans l'Eure et dans une partie de l'Orne.

C'est un risque naturel peu connu car très localisé mais qui peut avoir des conséquences très graves pour les personnes et pour les biens : celui lié à l'effondrement, brutal ou progressif, des marnières. Ces petites carrières abandonnées à l'ouest du bassin parisien, où l'on pratiquait autrefois le marnage, c'est-à-dire l'extraction de craie pour recouvrir les sols agricoles afin de les rendre moins acides, ont été rarement comblées. Un rapport daté de mai 2019 mais publié ce 21 octobre seulement par le Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD) entend remobiliser tous les acteurs publics sur les solutions à apporter pour remédier à ce risque. 

140.000 cavités recensées en Seine-Maritime et dans l'Eure

Pour les seuls départements de la Seine-Maritime et de l'Eure, le nombre de marnières est estimé à environ 140.000. "En zone construite, l’impact sur un bâtiment d’un effondrement est souvent spectaculaire, presque toujours conséquent en termes matériels et, dans de très rares cas, dramatique, avec des décès, souligne le rapport. Les montants financiers sont à la fois incertains et souvent élevés, les situations humaines et financières associées souvent pénibles et difficiles à gérer." "Ce risque est un phénomène diffus au déclenchement de facto imprévisible, uniformément réparti sur les vastes territoires concernés et très difficile à localiser, poursuit-il. Il doit être géré de façon rationnelle : l’identification/localisation aussi précise que possible, puis la réduction/suppression de la probabilité d’occurrence ou des enjeux, c’est-à-dire des équipements ou des populations exposés."

Des doctrines à harmoniser

Cette gestion reste toutefois "perfectible de plusieurs points de vue", relève le CGEDD qui appelle d'abord à une meilleure connaissance et à un enrichissement des informations sur ce risque afin d'atteindre "une exhaustivité satisfaisante". Les expertises existant au sein des organismes scientifiques et techniques (Cerema, BRGM) doivent ainsi être soutenues, selon lui. "Dans les zones où un risque est connu, des mesures sont aujourd’hui imposées afin de le gérer, constate le CGEDD. Les collectivités et les notaires semblent, désormais, pleinement assumer leurs rôles et responsabilités. Les nouvelles constructions sont interdites ou soumises à conditions, les extensions limitées." Mais il juge "souhaitable" une harmonisation régionale, voire nationale, des doctrines. La question de l’information "positive" des résidents concernés par un risque identifié constitue aussi "un enjeu majeur", estime-t-il. Enfin, "la gestion des sinistres avérés et des situations où la présence d’une cavité au droit d’un bâtiment est certaine reste susceptible d’amélioration". "Les techniques de détection et de caractérisation en champ proche doivent progresser, ajoute-t-il. L’encadrement technique des opérateurs doit être renforcé, voire mis en place."

Simplifier les soutiens aux collectivités

Dans un tel contexte, il faudrait simplifier les soutiens aux collectivités en supprimant de façon dérogatoire, toute condition faisant référence à l’existence, actuelle ou future, d’un plan de prévention des risques naturels pour l’octroi par le fonds Barnier d’aides pour des études et travaux ou équipements de protection contre les risques engendrés par les marnières, préconise le CGEDD. Pour les particuliers, il juge que la subvention à 30% des études et travaux de mise en sécurité par le fonds Barnier est "trop faible", "ralentissant les décisions avec des surcoûts en termes de relogement non nuls". Il préconise ainsi une augmentation de ce taux à 80% environ, comme pour les inondations, car il s'agit selon lui d'un des rares risques naturels pouvant être totalement supprimé par des interventions humaines.
Il rappelle que ces recommandations sur ce risque ancien ne sont pas nouvelles. Mais il conseille aussi d'expérimenter puis de généraliser les évolutions techniques à l’étude en matière de détection ainsi que le développement du traitement des données par intelligence artificielle pour remobiliser tous les acteurs publics.