Une augmentation inédite des frais de rentrée pour les étudiants

2.527 euros : c'est le coût moyen de cette rentrée 2022 pour les étudiants, estimé par la Fédération des associations générales étudiantes. La hausse de 7% en un an, dont 13% pour les frais spécifiques de rentrée universitaire, est la plus importante depuis 20 ans, selon la Fage. L'organisation pointe le poids de l'inflation et considère que les mesures gouvernementales n'endigueront pas la précarisation croissante de la population étudiante. À l'instar de Pont-de-Claix, certaines collectivités font le choix de soutenir financièrement les jeunes les moins favorisés pour les encourager à poursuivre leurs études.    

"Pour un étudiant de 20 ans en licence à l'université, sans double inscription, non boursier et décohabitant", le coût moyen de la rentrée s'élève cette année à 2.527 euros, soit une augmentation de 7% en un an, estime la Fédération des associations générales étudiantes (Fage) dans son enquête annuelle publiée le 16 août 2022. En Île-de-France, un étudiant déboursera en moyenne 2.733 euros, tandis que l'étudiant en province dépensera en moyenne 2.453 euros, précise la Fage. En 2003, lors de la première édition de l'indicateur par la Fédération, ce coût moyen était estimé à 1.760 euros en Île-de-France et 1.580 euros en régions, soit une hausse de 55% en 20 ans. Si l'augmentation de ce coût est donc continue, la hausse enregistrée cette année est la plus forte depuis les débuts de cette enquête.       

Une "véritable flambée" des frais de rentrée universitaire 

Le coût global de la rentrée universitaire est calculé en prenant en compte deux grands ensembles : les frais de vie courante, qui sont fixes au cours de l'année (loyer, charges, alimentation, vêtements, téléphonie…) et les frais spécifiquement liés à la rentrée universitaire (dont les frais d'inscription). Atteignant 1.307 euros, ces derniers connaissent cette année une "véritable flambée" avec une hausse de 13% par rapport à l'année précédente. Selon la Fage, cette hausse est notamment imputable à une augmentation de 32% des frais de complémentaires santé (dont le coût moyen atteint 411 euros par an), de 16% du matériel pédagogique, de 12% des frais d'assurances logement, ou encore de 3% de la contribution vie étudiante et de campus (CVEC) qui est indexée sur l'inflation.    

S'élevant en 2022 à 1.220 euros, les frais de vie courante augmentent de 2%. La Fage met l'accent sur l'inflation touchant les frais de consommation (+ 6% en juillet 2022), qui pèse de façon inégale sur les budgets selon la situation des étudiants. L'accès au logement est un autre "facteur d'inégalité immuable", pour la Fédération qui pointe le fait que nombre d'étudiants "se retrouvent à dormir dans des campings, ou à la rue, à la rentrée". La Fédération rappelle également que près d'un étudiant sur deux exerce une activité salariée en parallèle de ses études. Face à ces inégalités, certaines collectivités territoriales s'engagent financièrement pour encourager les étudiants à poursuivre leurs études ; un pas par exemple franchi en cette rentrée par la ville de Pont de Claix (voir notre encadré ci-dessous).  

Des mesures d'urgence pour le "pouvoir d'achat étudiant"

Dans un guide de la rentrée étudiante publiée le 18 août 2022, le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche fait le point sur les mesures d'urgence mises en place pour le "pouvoir d'achat étudiant" : quatrième année de gel des droits d'inscription, revalorisation des bourses sur critères sociaux de 4%, aide exceptionnelle de 100 euros pour environ 1,5 million d'étudiants – soit la moitié des 3 millions d'étudiants en France –, maintien du repas à 1 euro – mis en place en 2020 pendant la crise sanitaire – pour les étudiants "boursiers ou identifiés comme précaires par les Crous", ou encore augmentation de 3,5% des aides personnalisées au logement.

La Fage estime que ces aides dans leur ensemble "n’apportent pas une solution durable face à la précarité grandissante vécue par nombre d’étudiants" et plaide pour "une réforme structurelle des aides sociales étudiantes". Plusieurs propositions sont par ailleurs formulées pour améliorer l'accès des étudiants aux services de santé, au logement et pour davantage soutenir les étudiants internationaux.  

  • À Pont-de-Claix, les étudiants boursiers pourront bénéficier d'une aide communale 

Observant que seuls 40% des jeunes de 18 à 24 ans de la commune étaient inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur, la ville de Pont-de-Claix (Isère) a décidé de verser à partir de cette année universitaire une aide mensuelle, complémentaire des bourses, à des étudiants boursiers habitant la commune. D'un montant de 65 à 70 euros, cette aide pourrait être versée à la soixantaine d'étudiants boursiers aux échelons 4 à 7 de la ville, s'ils en font la demande ; le centre communal d'action sociale (CCAS) de Pont-de-Claix a budgété pour cela 45.000 euros. Le dispositif pourrait être étendu l'année suivante aux boursiers des échelons 0bis à 3 pour un budget équivalent. Au moment de l'inscription au dispositif, un rendez-vous est prévu avec le CCAS pour informer l'étudiant des différentes aides auxquelles il a droit.  

"Avec cette aide, la ville, au-delà des compétences qui sont les siennes, soutient l’accès aux études supérieures, à l’emploi et à l’autonomie", selon Maxime Ninfosi, adjoint à l’éducation et à la jeunesse de Pont-de-Claix, cité dans le dossier de presse de la ville. L'objectif est de permettre aux jeunes les moins favorisés de "se consacrer pleinement à leurs études", dans une perspective de "réduction des inégalités sociales, économiques, culturelles et éducatives" qui est inscrite dans le projet éducatif de territoire (PEDT) de la ville.  

Cette aide communale destinée aux étudiants est le deuxième volet d'un dispositif de "complément minimum garanti" mis en place par Pont-de-Claix ; le premier volet est versé depuis septembre 2001 aux habitants âgés de plus de 60 ans vivant sous le seuil de pauvreté, s'ils en font la demande.   

C. Megglé