Une bourse pour attirer les futurs médecins généralistes dans l'Allier

Le conseil général de l'Allier propose aux étudiants en médecine de troisième année une bourse d'études en contrepartie de l'engagement à s'installer pendant au moins six ans dans certaines zones du territoire. Il compte ainsi remédier au départ en retraite de médecins exerçant dans le département. Deux étudiantes ont déjà répondu à l'appel.

Dans le département de l'Allier, les statistiques montrent qu'environ 120 médecins généralistes vont partir à la retraite dans les dix ans à venir dont 30 dans des zones rurales déjà fragiles en termes d'offre de soin. Pour éviter que cette évolution démographique ne débouche sur la création de zones déficitaires, le conseil général a mis en place en juin 2006 un dispositif de "bourse d'études et de projet professionnel " à l'attention des étudiants du troisième cycle de médecine générale. Cette aide consiste en un versement de 8.400 euros la première année (700 euros par mois pendant toute l'année universitaire), 12.000 euros la deuxième année (1.000 euros par mois) et 18.000 euros la troisième année (1.500 euros par mois). En cas de redoublement, les aides sont suspendues. En contrepartie, les bénéficiaires s'engagent, une fois leur diplôme obtenu, à s'installer comme médecin généraliste dans une zone déficitaire en offre de soins pendant au moins six ans ; les lieux d'implantation sont définis en concertation avec les élus du département. Ce dispositif, adopté à l'unanimité par le conseil général, entre dans le cadre d'une disposition de la loi relative au développement des territoires ruraux. 

 

"Wanted !"

Gérard Dériot, sénateur de l'Allier et président du conseil général, qui a exercé le métier de pharmacien pendant vingt-sept ans en zone rurale, a pu constater combien il est difficile de trouver des remplaçants aux médecins partant en retraite. "C'est pourquoi nous avons décidé de prendre les devants, explique-t-il. La plupart du temps, les perspectives que l'on propose aux étudiants en médecine consistent à exercer en hôpital, on ne leur parle pas pendant leurs études d'installation, surtout pas en zone rurale. Or, aujourd'hui, les conditions d'exercice d'un travail de médecin de campagne s'améliorent, par exemple grâce à un système de gardes plus efficace ou encore par le soutien à la création de cabinets de groupe. Nous avons donc trouvé le moyen d'aller contacter les futurs généralistes en amont." Pour ce faire, une affiche au graphisme original a été créée : sur le modèle des affiches placardées par les shérifs américains recherchant les hors-la loi contre récompense, le visuel inventé par le conseil général est composé du mot "Wanted !" en gros caractères, sous lequel apparaissent les visages souriants de jeunes gens et le montant des bourses proposées. "L'objectif était de créer quelque chose de 'pêchu' et de volontariste, qui se distingue des autres informations placardées sur les tableaux des salles de garde", commente Gérard Dériot. L'affiche est envoyée à toutes les facultés de médecine en France et à toutes les salles de garde des hôpitaux, elle est également visible sur le site internet du conseil général.

 

"Il faudrait aussi agir pour changer la mentalité des enseignants"

L'opération a rapidement porté ses premiers fruits : deux étudiantes, originaires de Paris, Audrey Michel, interne à l'hôpital de Moulins, et Sylvie Sastre, interne à l'hôpital de Dreux, souhaitant toutes les deux s'installer en milieu rural, ont été les deux premières signataires. Pour Sylvie Sastre, qui a commencé ses études de médecine à quarante ans, la volonté de devenir médecin généraliste allait de pair avec un projet de vie d'installation à la campagne, avec son mari et ses deux enfants. Elle avait commencé à prendre directement contact avec des régions avant de trouver la proposition du conseil général de l'Allier sur le site internet de ce dernier. "Pour faire mes études, raconte-t-elle, j'ai dû prendre un crédit et cette bourse va m'aider au quotidien. Mon souhait était de m'installer à la campagne mais je n'aurais sans doute pas choisi le département de l'Allier sans cette opportunité. L'exercice de la médecine à la campagne me semble plus diversifié qu'en ville et plus intéressant en termes de pratique. La charge de travail ne me fait pas peur car mes enfants sont déjà grands. Pourtant, je ne suis pas convaincue que ces bourses suffisent à créer des vocations auprès des étudiants en médecine face à la pression des professeurs universitaires, praticiens hospitaliers, qui dénigrent la médecine générale. C'est au niveau de la mentalité des enseignants qu'il faudrait agir."
Le conseil général s'est fixé comme objectif de signer de un à trois contrats par an pendant dix ans, pour assurer le renouvellement des médecins partant à la retraite. "Il y a un travail d'image à faire sur les territoires ruraux, estime Gérard Dériot. Autrefois, chacun avait un lien très étroit avec son origine rurale. C'est de moins en moins le cas dans notre société. On a parlé de désertification et l'on considère les territoires ruraux comme des lieux impossibles à vivre. Or, pour les médecins, il faut savoir que les chiffres d'affaires réalisés par les cabinets ruraux sont plus élevés que ceux des cabinets en ville."

 

Maryline Trassard, pour la rubrique Expériences de sites Mairie-conseils et Localtis

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Delphine Sivignon

Attachée de presse

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