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Une France de l'éducation contrastée

La dernière livraison de "Répères et références statistiques" dresse un portrait de l'éducation en France. Que ce soit en termes de dynamique démographique ou d'implantation des établissements REP et REP+, l'étude montre de fortes disparités régionales.

À quoi ressemble le paysage éducatif français ? C'est à cette – très large – question que répond – tout aussi largement – le rapport "Répères et références statistiques 2020", récemment publié par la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) du ministère de l'Éducation nationale.
À la rentrée 2019, l’ensemble du système éducatif français comptait 15,8 millions d’élèves, étudiants et apprentis, soit 50.000 de plus qu’en 2018. Cette hausse s'explique par l'augmentation des effectifs du supérieur, et notamment des apprentis (+13,4%). Dans le secondaire, la hausse est minime (0,6%) et portée par les effectifs de collégiens (+1,1%), quand ceux des formations professionnelles en lycée et des formations générales et technologiques sont en recul (- 0,8% et -0,1%). Quant aux effectifs du premier degré, ils diminuent pour la troisième année consécutive : -1,2% en maternelle et -0,4% en élémentaire. 

Du simple au double

La répartition de ces effectifs sur le territoire en dit beaucoup sur les dynamiques démographiques. En métropole, le département de la Creuse affiche le taux le plus faible avec seulement 14,5% de la population scolarisée. La Corse-du-Sud (14,9%), le Lot (15,5%), le Cantal (16%) et la Dordogne (16,1%) ne sont guère mieux lotis. À l'opposé, on trouve 31,6% de la population scolarisés à Paris, un résultat qui s'explique par le nombre important d'étudiants dans la capitale. Plusieurs départements sont portés par l'attractivité des pôles d'enseignement supérieur implantés dans leur métropole : le Rhône (Lyon) dénombre 28,6% de la population scolarisée, la Meurthe-et-Moselle (Nancy) 27,3%, le Nord (Lille) 26,8%, l'Ille-et-Vilaine (Rennes) 26,6% et la Haute-Garonne (Toulouse) 25,8%.
Sur un an, les plus fortes baisses d'effectifs  sont enregistrées en Martinique (-3,1%), Guadeloupe (-2,4%), Meuse (-2,5%), Ardennes (-1,8%) et Nièvre (-1,5%). Les hausses les plus notables concernent le Rhône (2,2%), la Guyane (2,0%) et le Val-d'Oise (1,3%).

Des lycées vieillissants

Également marquante est la baisse du nombre d'écoles publiques du premier degré. On en comptait 44.455 en 2019, soit un recul de près de 10% en une décennie. Le nombre d’établissements secondaires publics est lui aussi en recul, mais dans des proportions moindres. On en dénombrait 7.791 à la rentrée 2019, soit un recul d'environ 1% sur dix ans. Notons encore que près des deux tiers de la surface plancher des cités scolaires et de la moitié de celle des lycées d’enseignement général et technologique ont été construits avant 1970. Les bâtiments des collèges sont les plus récents : 20% ont été construits ou reconstruits depuis 2000.

Le hors-contrat en croissance

Ces statistiques sont aussi l'occasion de mettre l'accent sur une réalité peu visible : la croissance des établissements hors contrat. Ils étaient 1.511 à la rentrée 2018 et 1.644 un an plus tard (+9%) pour 79.850 élèves accueillis. Depuis 2012, le nombre d'écoles hors contrat dans le premier degré a même triplé, passant de 351 à 976 l'an passé. À la rentrée 2020, la Fondation pour l'école, qui soutient le développement des écoles hors contrat, recense 91 nouvelles ouvertures. Le nombre d'établissements privés sous contrat était en revanche en légère diminution à la rentrée 2019 : 4.697 dans le premier degré et 2.875 dans le second degré, soit un total de 7.572, en recul de 0,4% sur un an.

Éducation prioritaire

Enfin, l'étude de la Depp permet de saisir un instantané de la géographie des établissements REP et REP+. À la rentrée 2019, 4.209 écoles et 730 collèges publics faisaient partie d'un réseau d’éducation prioritaire (REP). Ils accueillaient 12,3% des écoliers du public et 14,2% des collégiens. La part des écoliers en REP était inférieure à 5% dans cinq académies (Clermont-Ferrand, Poitiers, Nice, Toulouse et Besançon) et supérieure à 20% dans trois autres (Créteil, Paris et Corse). La part des collégiens en REP en métropole oscillait entre 6% pour l’académie de Bretagne et 44,5% pour la Corse.
Quant aux réseaux d’éducation prioritaire renforcés (REP+), ils regroupaient 364 collèges publics, soit 7,2% des collégiens, et 2.450 écoles (8% des écoliers). En termes géographiques, la Bretagne ne compte qu'un seul collège en REP+ (0,5% du total), tandis que l'Île-de-France en compte 63 (7%) le Nord 54 (10,8%) et Provence-Alpes-Côte d’Azur 39 (11%).