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Vos cartes géographiques interactives sur le web pourraient bientôt vous coûter très cher

Google a décidé de changer les règles d’utilisation et de tarification de son application cartographique Google Maps. Une décision qui doit amener les collectivités à réfléchir sur leur stratégie d’usage des services "gratuits" des Gafa.
Les applications mobiles et sites internet des collectivités sont aujourd’hui très nombreux à utiliser le service cartographique Google Maps. Une interface de programmation API, appelée encore webservice, permet en effet d’afficher le fond cartographique sur le site de la collectivité, de référencer des points d’intérêt personnalisés (équipements, monuments…) et de bénéficier de toutes les fonctionnalités (calcul d’itinéraire, trafic routier…) liées à cet outil très populaire.

Révision des seuils déclenchant la tarification

Créé il y a 13 ans, l’application cartographique de la firme de Mountain View s’est imposée devant la plupart des acteurs du marché comme via-Michelin, Esri ou encore MapQuest. Le service est fondé sur un tarif dit "freemium" : il devient payant à partir d’un certain nombre de requêtes vers les serveurs de Google. Or ce dernier n’a cessé de diminuer depuis 2012 comme l’explique Christian Quest, conseiller à la mission Etalab et porte-parole d’OpenStreetMap France, dans un article publié sur la plateforme medium.com. En 2012 la limite était à 2.500 appels quotidiens, en 2015, elle est passée à 25.000 requêtes moyennées sur 90 jours. Passé ce quota, le service ne s’affiche plus… à moins de mettre la main au portefeuille.

Dumping tarifaire

Or, le 11 juin prochain, suite à un changement de stratégie commerciale de Google, le plafond de 25.000 cartes par jour passe à 28.000 par mois soit un peu moins de 1.000 affichages par jour. Parallèlement, le tarif de 0,5 dollar pour 1.000 cartes affichées crève le plafond à 7 dollars ! Selon les calculs de Christian Quest "un site qui affiche 10.000 cartes par jour passe donc de 0 à 1764 dollars par mois et pour ceux qui étaient proches de la limite gratuite de 25.000 cartes/jour cela leur sera désormais facturé 4704 dollars par mois ! Un site avec 100.000 cartes affichées par jour voit son coût multiplié par plus de 500". Un comportement que le président d’Open Street Maps France qualifie de "dumping" et qu’il souhaiterait voir porté à connaissance de l’autorité de la concurrence. Et de faire valoir que cet événement a le mérite de démontrer les limites de la "gratuité" affichée par les services des Gafa : il pourrait amener les pouvoirs publics à réfléchir avant d’utiliser YouTube comme vecteur de communication, comme l’a fait le ministère des Finances pour expliquer le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu.

Des alternatives existent

Concrètement, de nombreux sites pourraient être affectés courant juin par ces nouvelles règles, à commencer par les services de secours. Heureusement, la parade existe mais exige des collectivités de se pencher sur le sujet dans les plus brefs délais. Les collectivités peuvent en effet utiliser les API du Geoportail de l’IGN ou encore recourir aux extensions proposées par les éditeurs de systèmes d’information géographique (SIG). Elles peuvent également utiliser OpenSreetMap, une plateforme cartographique fondée sur des logiciels libres reposant sur les mêmes principes d’ouverture et de collaboration que l’encyclopédie Wikipédia. Une plateforme "gratuite" mais dont la qualité de service dépend d’infrastructures qui ont un coût… Pour aider ces "communs" à se pérenniser, les collectivités peuvent réaliser des dons. Elles peuvent aussi apporter leur contribution en améliorant la qualité des cartes et des données associées, les cartes constituant un des modes de valorisation des données publiques. Une manière de remplir par la même occasion leurs obligations open data.

 

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