Vulnérabilité des réseaux au changement climatique : France Stratégie propose de mener des expérimentations dans des territoires volontaires 

"Risques climatiques, réseaux et interdépendances : le temps d’agir", interpelle France Stratégie dans sa dernière note d’analyse, publiée ce 20 mai. Elle dresse des pistes d’actions pour faciliter l’adaptation des infrastructures de réseaux aux canicules et phénomènes extrêmes en tenant compte des liens d’interdépendance aujourd’hui peu traités. Des territoires pilotes présentant à la fois des enjeux d’exposition aux aléas et des interdépendances critiques pourraient ainsi ouvrir la voie à une démarche d'envergure nationale.

Si le cadre d’action actuel rappelle l’importance d’adapter les infrastructures de réseaux aux effets du changement climatique, il ne met pas l’accent sur leurs interdépendances pourtant source de réactions en cascade, pointent les auteurs d’une note d’analyse publiée par France Stratégie ce 20 mai. Le document d’une dizaine de pages ouvre des pistes pour l’action publique, à la fois au niveau national, dans le contexte des discussions relatives à l’élaboration de la Stratégie française énergie-climat et à la révision du Plan national d’adaptation au changement climatique, et au niveau territorial, pour réunir l’ensemble des gestionnaires de réseaux. Ces réseaux d’électricité, de transports routier et ferroviaire et de télécommunications sont associés, en fonctionnement normal comme en temps de crise, par de nombreux liens de dépendance, physiques, géographiques ou découlant des relations entre les acteurs. La tempête Alex, survenue dans les Alpes-Maritimes en octobre 2020, en constitue une bonne illustration. De nombreuses communes des trois vallées sinistrées se sont ainsi retrouvées sans électricité, sans liaisons routières et ferroviaires et sans moyens de communication téléphonique et le montant des dommages a été estimé à plus d'un milliard d’euros par les collectivités. 

Une dimension jusqu’ici négligée

La "criticité" des réseaux électriques et de télécommunications au regard de leurs interdépendances est d'ailleurs plus marquée. Ainsi, la défaillance des réseaux de transport d'électricité provoquerait l’arrêt de la distribution électrique, du transport ferroviaire et d’une partie des réseaux de télécommunications. Les réseaux d’infrastructures sont également particulièrement dépendants des systèmes de télécommunications. Des interdépendances géographiques existent en outre du fait du rassemblement des câbles électriques et de télécommunications sur les mêmes poteaux ou sous les mêmes axes de transport, par exemple. D’autres relations de dépendance apparaissent lors des crises, dans la mesure où les infrastructures de communication d’urgence et les voies d’accès permettent la coordination des équipes d’intervention en cas de catastrophes.
Les interdépendances revêtent donc une importance cruciale mais les actions mises en œuvre constituent des réponses "encore partielles" et principalement "sectorielles". Plusieurs facteurs d’explications sont mis en avant par la note, qui remarque entre autres que "la complexité et les coûts de coordination associés aux enjeux d’interdépendances peuvent avoir pour effet d’inciter les acteurs à privilégier une posture réactive". Surtout, en France, "il n’existe pas d’enceinte de dialogue pour permettre des échanges structurés entre parties prenantes, en articulant différentes échelles spatiales", souligne France Stratégie. 

Favoriser l’émergence de démarches locales

La mise en place d’une instance de dialogue au sein d’une enceinte interministérielle dédiée au sujet fait en conséquence partie des pistes d’action envisagées. Concrètement, les discussions pourraient déboucher sur une feuille de route conjointe d’adaptation des réseaux au changement climatique et une cartographie des territoires particulièrement vulnérables et/ou présentant des interdépendances stratégiques. Plusieurs arguments soulignent l’intérêt de territorialiser ces enjeux liés aux interdépendances pour en faciliter la prise en compte et la gestion.
En se fondant sur les connaissances déjà accumulées dans le cadre de la mise en œuvre du plan Orsec par les préfets de départements et de zones, un travail associant a minima les gestionnaires de réseaux, les services de l’État et les collectivités pourrait être mené, selon les préconisations de la note. Le but serait d’expérimenter l’établissement de diagnostics et plans d’actions concernant les interdépendances les plus critiques. Pour ce faire, des territoires pilotes pourraient être identifiés sur une base volontaire lors de la mise en place de l’enceinte de dialogue, avant un élargissement du dispositif suite au retour d’expérience. In fine, la démarche proposée pourrait contribuer à des exercices d’anticipation et de préparation de grande ampleur, telle une évaluation nationale des risques. 

 

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