Fibre optique : l’accélération se confirme, le flou demeure pour le financement des dernières tranches
Pour la première fois, le nombre de foyers nouvellement raccordés en FTTH a dépassé le million, révèle l’Arcep dans ses dernières statistiques mises à jour le 28 février 2019. Si l’accélération attendue semble au rendez-vous, l’incertitude demeure pour le financement de la complétude des déploiements.
Le nombre de logements rendus raccordables à la fibre optique a atteint 1.013.000 au quatrième trimestre 2018, une première depuis le démarrage de ce chantier souligne l’Arcep dans son communiqué. En augmentation de 32% sur un an (+ 3,2 millions) le nombre de foyers fibrés s’établit à 13,56 millions. Ce dynamisme est dû pour l’essentiel à l’accélération des déploiements dans les zones d'appel à manifestation d'intention d'investissement (Amii) (1) avec 630.000 foyers livrés contre 249.000 pour les zones d’initiative publique. Autre bonne nouvelle : le rythme des abonnements s’accélère et représente désormais 80% des 2 millions de nouveaux abonnements à une offre très haut débit sur un an.
Un retard préoccupant dans la zone Amii
Principale ombre au tableau, le faible taux de couverture FTTH des zones Amii, malgré l’accélération observée. Orange – principal opérateur à intervenir – atteint 48% de locaux raccordables, SFR ne dépassant pas 36%. "Il est nécessaire que les opérateurs intensifient le rythme de ces déploiements", enjoint l’autorité qui rappelle que les deux opérateurs se sont engagés, sous le contrôle de l’Arcep via l’article L.33-13 du CPCE, à raccorder d’ici à fin 2020 92% des locaux dans ces zones, les 8% restant étant raccordables "sur demande" d’un opérateur tiers. L’Arcep a par ailleurs amélioré les possibilités de suivi des déploiements en ajoutant de nouvelles fonctionnalités à son site cartefibre.arcep.fr. Désormais, pour chaque immeuble, un point coloré identifie les locaux programmés, raccordés, en cours de déploiement et raccordables sur demande. Il sera par ailleurs bientôt possible de connaître, pour une adresse postale déterminée, l’ensemble des technologies fixes disponibles (fibre, câble ou xDSL). Toutes les données de cartefibre sont par ailleurs disponibles en open data.
Connaître les besoins avant de rouvrir le guichet THD
Si le chantier de la fibre s'accélère, la question du financement de la complétude des déploiements, qui concerne environ 3 millions de locaux non programmés, reste entière. Lors d'un débat au sénat le 20 février, le ministre du Logement, Julien Denormandie, est en effet resté très flou. La procédure "appel à manifestation d’engagement locaux" (Amel), visant à proposer aux acteurs privés de prendre le relais des collectivités dans les zones encore non programmées, ne semble en effet pas encore totalement close, le ministre s’en tenant au chiffre, déjà connu "d’un million de prises" désormais déployées par le privé. Interpellé par le sénateur Patrick Chaize sur la réouverture du guichet France très haut débit, le ministre a promis "sa réactivation pleine et entière" à l’issue d’une évaluation, menée courant 2019 par l'Agence du numérique, devant déterminer les besoins de financements des RIP, entre 2023 et 2025.
(1) Une zone Amii est une partie du territoire dans laquelle un ou plusieurs opérateurs privés ont manifesté leur intérêt pour déployer un réseau en fibre optique FTTH. En conséquence, les collectivités n’ont pas à subventionner le déploiement dans le très haut débit et peuvent se concentrer sur les zones qui ne sont pas rentables économiquement pour les opérateurs