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Dijon Métropole fait le plein d'hydrogène

La métropole de Dijon a engagé ce 19 mai la construction d'une station de production d'hydrogène "vert", première étape d'un plan à 100 millions d'euros qui doit lui permettre, à terme, de faire fonctionner tous ses véhicules lourds avec ce carburant non polluant.

Lancé en 2020, le projet d'hydrogène vert de Dijon Métropole est entré dans sa phase concrète avec le démarrage ce 19 mai de la construction de la première des deux stations de production locale prévues. Cette station, construite au nord de l'agglomération, fabriquera de l'hydrogène par électrolyse de l'eau en utilisant l'énergie, jusqu'à présent rachetée par EDF, provenant d'une usine existante d'incinération d'ordures ménagères, qui traite les déchets de 88% de la population de la Côte-d'Or. L'échéance du contrat a permis à la métropole de lui trouver un autre débouché, a expliqué à l'AFP François Rebsamen, maire de Dijon et président de Dijon Métropole, qui veut en faire une agglomération en pointe dans la lutte contre le réchauffement climatique. Cette première unité de production d'hydrogène sera mise en service début 2022. Elle aura une capacité initiale de production de 440 kilogrammes d'hydrogène par jour, qui sera doublée à terme avec la construction d'une extension.
Une seconde station, d'une capacité quotidienne de 880 kilos d'hydrogène, ouvrira en 2023 au sud de la ville. Elle sera alimentée "par les énergies renouvelables du territoire" : une ferme photovoltaïque de 12 hectares recouvrant une ancienne décharge et une unité de méthanisation de boues d'épuration.

Flotte de véhicules propres à l'horizon 2030

Ces installations vont permettre à la métropole de convertir progressivement à l'hydrogène sa flotte de camions poubelles et de bus. Alors qu'une benne à ordures ménagères utilise environ 20 kilogrammes d'hydrogène pour faire sa tournée quotidienne, Dijon fera ainsi circuler, dès 2022, 8 camions poubelles à hydrogène et l'année suivante 27 bus à hydrogène (ce qui sera alors la plus importante flotte de ce type dans le pays). D’ici 2026, la métropole entend déployer une flotte de véhicules propres comprenant 22 bennes à ordures ménagères converties à l’hydrogène et 62 bus. Et à l'horizon 2030, l'intégralité de la flotte métropolitaine sera renouvelée à l'hydrogène, soit 44 bennes à ordures ménagères et 180 bus.
Les futures stations ont été calibrées de manière à pouvoir aussi proposer de l'hydrogène-carburant à des entreprises et des collectivités de la région. La métropole fait valoir que son initiative permettra d'éviter, dès 2026, l'émission de 4.200 tonnes de gaz carbonique par an, soit l'équivalent de 58 millions de kilomètres en voiture ou encore 4.200 allers-retours Paris-New-York.

Achats groupés de matériels

Le projet est porté par Dijon Métropole Smart EnergHY, société réunissant la métropole, la société locale Rougeot Énergie et Storengy (groupe Engie). L'investissement de 100 millions d'euros servira pour 20 millions à la construction des stations d'électrolyse et pour 80 millions à l'achat des véhicules que la métropole avait de toute manière prévu de renouveler progressivement. Ces matériels sont deux fois plus chers que leurs homologues traditionnels mais Dijon Métropole espère en faire baisser les coûts en mutualisant les achats. Le 4 mai dernier, elle s’est ainsi associée à Le Mans Métropole et Angers Loire Métropole dans le cadre d’une commande groupée de 29 bennes à ordures ménagères (20 bennes sur les 5 prochaines années pour Dijon Métropole, 6 pour Le Mans Métropole, au rythme de 2 par an, et 3 pour Angers Loire Métropole).
Sur l'investissement nécessaire de 100 millions d'euros, 19,5 millions ont été apportés par l'Ademe, la région Bourgogne-Franche-Comté et des fonds européens. François Rebsamen espère un accroissement des aides qui peuvent actuellement couvrir jusqu'à 40% du surcoût de l'achat de véhicules à hydrogène.