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Redressement productif - La "colocalisation" : le nouveau concept qui dresse les cheveux des informaticiens

Un prêt de 100 millions d'euros accordé par la France à une zone franche marocaine spécialisée dans les centres d'appels a fait vivement réagir les informaticiens. Selon leur principale association représentative, le Munci, le "nouveau concept de colocalisation" défendu par Jean-Marc Ayrault lors de son déplacement, ne peut s'appliquer aux services informatiques.

C'est un nouveau couac pour le redressement productif. Après l'affaire Florange, et les déclarations contradictoires sur le recours possible à une nationalisation temporaire, ce sont les centres d'appels qui sont en première ligne. En juin dernier, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg réfléchissait à la façon de rapatrier les centres d'appels des opérateurs télécoms en France. Mais un prêt de 100 millions d'euros accordé par le gouvernement français à une zone franche marocaine sème le doute sur cette politique et suscite la colère des informaticiens.
Lors de son déplacement au Maroc les 12 et 13 décembre, le Premier ministre, accompagné de plusieurs de ses ministres, dont Arnaud Montebourg, a défendu un "nouveau concept", celui de la "colocalisation". "On est dans une démarche gagnant-gagnant, une démarche en quelque sorte où la coproduction industrielle bénéficie aux deux pays", a-t-il expliqué, le 13 décembre. Certes, comme il l’a rappelé, les économies des deux pays sont étroitement liées. La France, qui représente 14% des importations marocaines, est le premier fournisseur du Royaume ; en retour elle absorbe 20% de ses exportations. Mais dans la série de partenariats signés entre les deux pays lors de ce déplacement figure une convention de prêts de 150 millions d’euros accordés par l’Agence française de développement à la MEDZ (filiale de la Caisse des Dépôts et de gestion marocaine) dont "100 millions sont destinés au refinancement des activités Offshoring développées par la société Casanearshore", comme l’indique le communiqué commun des deux partenaires. Or cette société est une zone franche spécialisée dans les centres d’appels et les services informatiques.
Un choix "incompréhensible" pour le Munci, la principale association d’informaticiens en France. Selon elle, "s’il ne s’agit pas de diaboliser excessivement ces emplois qualifiés qui participent à la croissance des pays en voie de développement, l’offshore doit être néanmoins découragé par les pouvoirs publics".
L’association rappelle que les créations d’emploi dans l’informatique et les télecoms en France, de l’ordre de 15.000 par an, compensent les pertes d’emploi induites par l’Offshore. Mais la profession n’est pas épargnée par le chômage qui a progressé de 16% en six mois. Ce qui porte le nombre d’informaticiens au chômage à 36.400, selon les chiffres de Pôle emploi. Environ 60.000 emplois informatiques ont été délocalisés depuis le début des années 2000.
La délocalisation du service clients du Stif (Syndicat des transports d’Ile-de-France) au Maroc avait conduit cet été le ministre du Redressement productif à demander au président de la région Jean-Paul Huchon de "reconsidérer son choix".
 

 

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