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L'Ile-de-France passe au vert

Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d'Ile-de-France, et Chantal Jouanno, vice-présidente chargée de l'écologie et du développement durable, ont présenté le 20 février le "Plan vert" de la région. Objectif : augmenter l'offre en espaces verts et boisés au cours de la mandature et améliorer leur accessibilité pour les Franciliens.

En matière d'espaces verts, tous les territoires d'Ile-de-France sont loin de faire jeu égal et "quatre millions de Franciliens n'ont pas d'espaces verts de proximité", a rappelé Valérie Pécresse en présentant le 20 février le nouveau "Plan vert" de la région qui sera examiné lors de la prochaine séance plénière du conseil régional les 9 et 10 mars. "Certains territoires, comme ceux inscrits dans la ceinture verte régionale, sont bien dotés en jardins, parcs ou forêts facilement accessibles mais d'autres en manquent cruellement, avec moins de 10m² par habitant", a expliqué la présidente du conseil régional. "La chambre régionale des comptes s'en était émue fin 2015, en pointant l’échec des politiques menées dans ce domaine depuis 15 ans et en appelant à recentrer l’agence des espaces verts sur ses missions originelles de création et d’aménagement d’espaces verts dans les territoires les plus carencés, y compris en conseillant les collectivités porteuses de projets. Le Plan vert est une réponse à cette double recommandation", a poursuivi Valérie Pécresse.

Des espaces verts de proximité pour 2 millions de Franciliens

La région entend donc se saisir pleinement de ses compétences relatives à l'aménagement du territoire et à la biodiversité pour déployer ce plan qui vise trois objectifs. Il s'agit d'abord d'"offrir aux 2 millions de Franciliens qui en sont aujourd'hui privés un espace vert de proximité à moins de 15 minutes à pied d'ici 2021", a détaillé la présidente de région. Le Plan vert vise aussi à "relancer prioritairement la création d'espaces verts et boisés dans les espaces carencés où elle est en panne depuis 15 ans" et à "créer l'équivalent du bois de Boulogne, soit environ 500 hectares, en nouveaux espaces verts et boisés d'ici la fin de la mandature", a affirmé Valérie Pécresse.
L'atteinte de ces différents objectifs relève d'une responsabilité partagée, a-t-elle insisté. Si la région est en charge de la coordination des actions, ce sont les communes et les intercommunalités qui restent les premiers maîtres d'ouvrage pour la création de liaisons et d'espaces verts. "Rien ne peut se faire sans elles", a souligné la présidente de région, qui a aussi mis en avant le rôle des acteurs privés – architectes, paysagistes, entreprises d'espaces verts, pépiniéristes – "pour que chacun œuvre à son niveau à démultiplier l'offre".
Le plan, qui a été élaboré à partir des travaux d'une conférence régionale qui avait réuni 200 participants le 3 octobre dernier, comporte à la fois des "actions socles" éligibles sur l'ensemble du territoire francilien, des "actions renforcées" pour les territoires carencés et des plans verts territoriaux et des contrats verts pour ceux jugés très carencés.
"Nous avons à décliner des objectifs à la fois quantitatifs et qualitatifs, en nous adaptant aux contraintes du changement climatique", a expliqué Chantal Jouanno, vice-présidente du conseil régional chargée de l'écologie et du développement durable, avant de présenter le plan d'actions. Parmi les "actions socles", il s'agit d'abord d'apporter un appui financier à la création et à la requalification d’espaces verts ouverts au public. Les petits espaces urbains comme les friches et les "dents creuses", les alignements d’arbres des voiries et la végétalisation le long des infrastructures de transport seront aussi éligibles à ce soutien qui concernera aussi bien les études que les travaux eux-mêmes (terrassements, achats de végétaux et plantation).

Réduire l'effet d'îlot de chaleur

Le plan prévoit aussi un appui aux projets réduisant l’effet d’îlot de chaleur en ville tout en favorisant la biodiversité et les trames vertes et bleues. Il pourra ainsi participer au financement d’espaces verts "comportant une part importante d’espèces locales non allergènes, et bénéficiant d’une gestion écologique". Autre type d'action : pour inciter à supprimer le béton et le goudron qui empêchent l’eau de s’infiltrer et accentuent le risque d'inondation, la région va proposer une aide à la désimperméabilisation des espaces publics en encourageant les espaces verts de pleine terre et la suppression des revêtements artificiels. La Région compte aussi mettre en place une ingénierie "Espaces verts et Biodiversité" pour conseiller les collectivités territoriales dans l’élaboration de leurs projets d’espaces verts, notamment dans les territoires carencés ou très carencés.
Pour compenser la destruction d'espaces verts induite par des projets urbains (comme le Grand Paris Express, par exemple), un dispositif de compensation écologique au niveau régional va aussi être mis en place, en partenariat avec la filiale de la Caisse des Dépôts CDC Biodiversité. "Il s’agit de répondre à une nouvelle obligation réglementaire pour les aménageurs, qui doivent rechercher les moyens de compenser les effets des projets qui risquent de porter atteinte à la biodiversité, justifie la région. La compensation sera notamment amenée par la participation des aménageurs à la valorisation écologique des espaces naturels et c’est donc une opportunité pour la valorisation et l’ouverture de ces espaces au public."

Actions renforcées dans 53 communes très carencées

D'autres actions "renforcées" sont prévues dans les territoires qui manquent le plus d'espaces verts (935 communes). Les collectivités les plus carencées (53 communes et 4 arrondissements parisiens) pourront bénéficier d’un contrat vert qui pourra financer une démarche globale de création d’espaces verts, intégrant la déclinaison du Plan vert en une stratégie locale ainsi que des études de diagnostic et de programmation des actions.
Pour 2017, un budget de 5 millions d'euros est prévu pour la mise en œuvre du Plan vert. "Sur ce qui sera de fait une demi-année, cela devrait permettre de financer une vingtaine de projets", a indiqué Chantal Jouanno. L'Agence de l'eau et CDC Biodiversité ont aussi prévu de s'associer à ces aides, selon la région qui souligne que certaines actions qu'elle met en œuvre directement sur son propre patrimoine (lycées, espaces naturels, îles de loisirs, etc.) et dans ses grands domaines de compétences (formation professionnelles, agriculture via le Feader, attractivité du territoire, etc.) ont vocation à concourir directement au Plan vert
La région va par ailleurs transformer son organisme associé NatureParif en agence régionale de la biodiversité, a annoncé Valérie Pécresse. Pour limiter les coûts de structure, la future agence sera hébergée par l'Institut d'aménagement et d'urbanisme d'Ile-de-France (IAU). Enfin, toujours dans la continuité du Plan vert, une mission a été confiée au chef du groupe Modem du conseil régional, Yann Wehrling, pour recenser et valoriser les "arbres remarquables" en Ile-de-France.