L'adaptation au changement climatique, un enjeu clé pour les territoires

En aidant les collectivités à se doter d’outils permettant à leur territoire de s’adapter au changement climatique, la Banque des Territoires s’impose comme un partenaire stratégique. Au service d’un objectif commun : identifier le plus finement possible les conséquences du changement climatique en local et financer des projets résilients. Explications avec Gil Vauquelin, directeur de la Transition écologique et énergétique de la Banque des Territoires. 

La dune du Pyla coiffée d’un immense nuage noir en juillet 2022 : l’image reste dans toutes les têtes. Plus qu’aucun autre incendie, celui-ci aura durablement marqué les esprits. Il n’est pourtant que la manifestation visible d’un phénomène désormais incontesté : le réchauffement climatique. 

Jamais au cours de l’Histoire, l’Homme n’a été confronté de manière aussi visible à l’urgence d’agir face aux conséquences du changement climatique. Submersions marines et érosion du littoral, fontes des glaciers en montagne, îlots de chaleur et dégradation de la qualité de l’air en milieu urbain, sécheresse et pénurie d’eau, inondations, incendies, perte de biodiversité…  Le réchauffement pointe dès aujourd’hui ses effets désastreux dans tous les territoires. « Concentrer les efforts sur la réduction et la lutte contre le changement climatique est essentiel mais ne va pas suffire », prévient d’office Gil Vauquelin. « Nous sommes déjà à plus de 1°C de réchauffement par rapport à la période préindustrielle. Ne serait-ce que pour vivre avec l’objectif de 1,5°C fixé dans les Accords de Paris, des mesures d’adaptation doivent être engagées dès aujourd’hui. En effet, plus on attend, plus les projets que l’on finance risquent d’être insuffisamment résilients ». 

« Il existe un plan national d’adaptation aux changements climatiques, qui va être mis à jour pour la troisième fois en 2023. »

Gil Vauquelin, directeur de la Transition écologique et énergétique de la Banque des Territoires

Alors que faire pour s’adapter au changement climatique ? 

Il faut d’abord rappeler qu’il existe un plan national d’adaptation aux changements climatiques. « Ce plan national va être mis à jour pour la troisième fois en 2023. Mais ce qui fait la particularité de ce plan est qu’il n’a pas de dimension territoriale suffisante », précise Gil Vauquelin. 

Autrement dit, il revient à chaque territoire de définir une stratégie d’adaptation aux impacts du changement climatique et de la mettre en œuvre à travers des actions concrètes. Une autonomie que la Banque des Territoires se propose d’accompagner en qualité de partenaire : « Notre rôle est d’aider les collectivités à définir leurs stratégies d’adaptation face au changement climatique, mais aussi de financer leurs projets locaux et de sensibiliser les parties prenantes à cette démarche », argumente Gil Vauquelin. 

 

Des outils d’ingénierie au service des collectivités

Le premier axe d’actions mis en place par la Banque des Territoires auprès des collectivités est celui de l’ingénierie. Elle consiste à mettre à disposition des collectivités des outils permettant d’abord de cartographier les risques naturels encourus dans les territoires et de définir des stratégies. Nous disposons par exemple de l’outil SGREEN+ pour les cœurs de villes moyennes mais nous souhaitons élargir notamment en direction des intercommunalités, ainsi que contribuer à former les élus afin d’encourager une montée en compétence des collectivités », ajoute Gil Vauquelin. 

La Banque des Territoires s’inscrit dans la mission de mobiliser toutes les expertises existantes : cabinets d’études, associations, universités, organismes de recherche, etc. Elle facilite ainsi le diagnostic et permet d’anticiper les transformations à venir sur les territoires.

 

Financer les projets d’adaptation au changement climatique

En proposant des produits de prêts et de fonds propres pour financer les projets à l’échelle locale, la Banque des Territoires aide concrètement à la réalisation des actions des territoires. « Nous finançons des infrastructures, par exemple en matière de prévention des inondations. Nous finançons aussi des solutions d’aménagements ruraux, qui s’appuient par exemple sur la renaturation des espaces. C’est le cas notamment en bord de mer, avec le réaménagement de marais (voir l’exemple du marais de Tasdon plus bas) ou de polders (NDLR : étendue artificielle de terre gagnée sur l'eau) pour mieux gérer la montée des eaux. Cela permet de limiter l’impact de la montée des eaux sur le littoral. D’autres solutions de financement permettent de remettre de la fraicheur et du vivant en milieu urbain, par exemple en végétalisant les rues et les espaces publics. Ces solutions, qui sont en train d’être déployées, sont « sans regret », c’est-à-dire qu’elles n’auront pas, à l’avenir, d’effets pervers sur l’adaptation au changement climatique », explique Gil Vauquelin. 

À côté des infrastructures et des aménagements du territoire, la Banque des Territoires peut financer aussi la reconstruction des actifs détruits sous l’effet du changement climatique et réfléchit à un dispositif de réponse d’urgence en cas de crise. 

Enfin, elle sécurise, via le mécanisme de la consignation, le financement des engagements liés à la protection de l’environnement : consignation en vue de la compensation agricole, consignation pour garantir la démolition des nouvelles constructions sur les zones soumises à érosion côtière, etc. 

« S’adapter, ce n’est pas uniquement l’affaire des collectivités locales, ni des financeurs. C’est l’affaire de toute la société »

Gil Vauquelin, directeur de la Transition écologique et énergétique de la Banque des Territoires

L’adaptation au changement climatique est l’affaire de tous

Enfin, pour donner vie à ces projets d’adaptation, la Banque des Territoires mobilise les parties prenantes. « S’adapter, ce n’est pas uniquement l’affaire des collectivités locales, ni des financeurs. C’est l’affaire de toute la société ».  Selon Gil Vauquelin, « il y a un sujet d’implication des entreprises, dont la survie de l’activité dépend parfois de la nécessité même de s’adapter »

En plus de l’adhésion des acteurs économiques, l’adhésion des usagers à ces politiques d’adaptation est primordiale. « Quand une érosion ronge le littoral ou des zones urbanisées, il faut alerter les citoyens sur les conséquences futures, inéluctables, d’un phénomène qui n’est pas toujours visible au moment de l’alerte. Les projets d’adaptation nécessitent d’être faits en étroite concertation avec les citoyens », poursuit Gil Vauquelin. 
 

« Aucune autre banque n’a cette profondeur de réflexion et d’action dans l’accompagnement des territoires à s’adapter au changement climatique »

Gil Vauquelin

Et la suite ?

Sous l’effet des épisodes de canicule récents, l’État a doté un fonds de 500 millions d'euros destiné à cofinancer les collectivités locales qui remettent de la nature en ville et luttent ainsi contre les îlots de chaleur. « La Banque des Territoires va mettre à disposition de ce fonds une partie d’ingénierie et des financements en prêts. Sur les 500 millions du fonds, quelques 100 millions vont ainsi être disponibles sous forme de prêts à disposition des collectivités qui agissent »

La Banque des Territoires réfléchit par ailleurs à d’autres mécanismes qui pourraient être introduits progressivement d’ici 2030. Par exemple, des outils de portage foncier pour reconvertir des friches ou des espaces urbanisés avec de la nature. Un moyen qui permettrait aussi à long terme de relocaliser les activités économiques ou humaines lorsqu’il n’existe pas d’autres solutions face aux effets du changement climatique. 

Des réflexions dont Gil Vauquelin souligne qu’elles ne sont encore qu’émergentes. « Ce que la Banque des Territoires fait en matière d’adaptation au changement climatique est nouveau. Il existe aujourd’hui peu de dispositifs de cette nature. À ma connaissance, aucune autre banque n’a cette profondeur de réflexion et d’action dans l’accompagnement des territoires à s’adapter au changement climatique. En ce sens, nous sommes des précurseurs. »

Deux exemples d’actions concrètes engagées grâce à la Banque des Territoires en faveur de la transition écologique 

 

À Thionville, en région Grand Est, la Banque des Territoires a participé via un appui en ingénierie (offre SGREEN+) à des travaux de désimperméabilisation et de végétalisation d’une cours d’école de 4000 m2. Entièrement bitumée et rendue impraticable lors des épisodes de forte chaleur, la cour a bénéficié d’un diagnostic complet destiné à mettre en lumière les enjeux prioritaires de son réaménagement. Ce diagnostic a été complété par un benchmark d’opérations exemplaires de cours d’école végétalisées, notamment à Paris, à Grenoble et à Anvers. Enfin, une boîte à outils a été mise à disposition de la collectivité, composée de fiches thématiques permettant de recenser et de comparer différentes solutions d’aménagement. 

En savoir plus sur cette cour d’école végétalisée

 

À La Rochelle, la Banque des Territoires accompagne la renaturation du marais de Tasdon, grâce à un prêt transition énergétique et écologique de 2 millions d’euros conclu avec la municipalité. Situé à moins de deux kilomètres du centre-ville, le marais de Tasdon est une richesse naturelle localisée. Le projet ambitionne de réaménager ces espaces, en valorisant la présence de l’eau, les différents paysages et une riche biodiversité avec plus de 160 espèces d’oiseaux. Le réseau de chemins et de passerelles sera réhabilité et augmenté pour permettre aux habitants et aux visiteurs passionnés de nature de profiter d’une nouvelle perspective sur ce site vivant au cœur de la ville. 

En savoir plus sur la renaturation du marais de Tasdon

Gil Vauquelin

Directeur de la Transition écologique et énergétique, Banque des Territoires

Depuis le 23 octobre 2020, Gil Vauquelin est directeur de la transition écologique et énergétique de la Banque des Territoires en charge du plan de relance. Dans le cadre de cette fonction nouvelle, il assure un rôle de coordination transversale et a pour mission d’assurer le pilotage opérationnel de projets constituant la transition écologique et énergétique de la Banque des Territoires et le suivi de leur mise en œuvre.
 
Gil Vauquelin est ancien élève de l’École nationale d’administration (Victor Schoelcher, 1994-1996). Après une carrière à la Direction générale des Impôts, et plusieurs postes de sous-préfet, il intègre le groupe Caisse des Dépôts en 2001 comme directeur régional Réunion-Océan Indien. Il devient en 2005 directeur régional Poitou-Charentes, avant d’être nommé en 2009 directeur interrégional Est et directeur régional Alsace. Il a occupé les fonctions de directeur régional Rhône-Alpes et directeur interrégional Centre Est entre septembre 2015 et janvier 2016, puis de directeur régional Auvergne-Rhône-Alpes. Il a été par la suite directeur régional Bretagne de la Banque des Territoire de février 2017 à septembre 2020.