A Alès, une télé-alerte prévient les habitants en cas de crue

Depuis décembre 2003, la ville d'Alès dispose d'un nouveau dispositif d'alerte par téléphone en cas de crues. Baptisé TéléAlerte, cet outil permet d'informer et d'alerter rapidement toute personne concernée par l'apparition d'un événement exigeant la mise en oeuvre d'une procédure de vigilance.

Alors que le Gard se remet doucement du choc causé par les inondations de septembre 2002 et de décembre 2003, la ville d'Alès est en ordre de bataille pour affronter de nouvelles crues. Elle dispose depuis fin 2003 d'un système de télé-alerte appelé Gedicom, qui permet de contacter en un temps record tous les habitants sur leur téléphone, dès que la rivière donne des signes inquiétants. Le 3 décembre 2003, Gedicom a essuyé son baptême du feu. Ce jour-là, alors que le risque inondation était imminent, un message du député-maire Max Roustan a été délivré à quelque 12.500 foyers pour donner les consignes de sécurité et expliquer les mesures prises par la ville : fermeture des écoles, précautions pour la consommation d'eau potable, etc. En moins d'une heure, plus de 8.000 habitants ont ainsi décroché leur téléphone et été prévenus. "L'information est capitale, explique Christophe Rivenq, le directeur de cabinet du maire. En 2002, alors qu'une digue avait cédé à Alès, tout un quartier s'était retrouvé inondé et pendant ce temps, sur les hauteurs, certains habitants n'avaient aucune conscience de ce qui se passait en bas." Le préfet du Gard vient lui aussi de mettre en place un nouveau système (Infomobile) qui permet de relier en temps réel les 353 communes du département. Aux maires ensuite de porter l'information aux administrés. Or, c'est généralement là que le bât blesse.

Des destinataires ciblés en fonction du risque

Ce dispositif de télé-alerte a été créé par la société Gedicom spécialisée dans les combinaisons entre informatique et télécommunications. Pour développer le produit, elle s'est appuyée sur la technologie internet de la société Esri. Après ce premier test grandeur nature, un questionnaire a été distribué à toute la population pour que les intéressés fassent enregistrer le numéro où ils souhaitent être joints. Un sondage récent a déjà permis de recueillir l'assentiment des Alésiens : 95% ont répondu être favorables au projet. Ils peuvent également donner un numéro de téléphone portable. Fixe ou portable, les habitants seront contactés dans les deux heures. "Grâce à un système d'appels en cascade, on appelle le numéro tant que la personne n'a pas répondu", précise Franck De Langloy, directeur général de Gedicom. L'enregistrement du message du maire se fait via le site internet de la société. Mais la télé-alerte offre une autre modalité très intéressante. Si elle permet une capacité d'intervention record, elle a aussi l'avantage de pouvoir cibler les destinataires. Associé à un logiciel de cartographie type SIG (système d'information géographique), l'application permet de sélectionner une zone géographique précise, en fonction du danger, et d'adapter en conséquence les messages. En un clic de souris, on délimite une zone à risque, un quartier, une rue : tous les habitants concernés peuvent ainsi être avertis d'une évacuation ou de toute précaution à prendre.

Un éventail de nouvelles utilisations

Le coût de la télé-alerte est de 12.000 euros pour l'installation, puis d'environ 30.000 euros par an d'abonnement pour une ville de la taille d'Alès. Un coût qui se justifie par la réservation des lignes téléphoniques, préalable nécessaire pour pouvoir appeler le maximum de personnes dans un délai très bref. Toutefois, un système dégressif est prévu pour les grandes villes. De plus, le maire, Max Roustan, qui est également président de la commission parlementaire sur la prévention des risques inondation, étudie la possibilité d'une subvention pour les petites communes. Maintenant que le dispositif a pu faire ses preuves en matière d'inondations, il va servir à de nouvelles applications : fermeture d'une rue pour cause de travaux, conseils aux personnes âgées ou vulnérables. L'idée étant de cumuler quatre ou cinq appels par an. De quoi habituer petit à petit les habitants à ce nouveau moyen d'information.

 

Michel Tendil / Suretis pour Localtis
 
 

"La télé-alerte : l'un des aspects du plan Inondation"


 

Christophe Rivenq est directeur de cabinet du maire d'Alès.

Si la télé-alerte permet une meilleure gestion de l'urgence, qu'avez-vous entrepris en matière de prévention ?

Un projet de plan de prévention des risques inondation (PPRI) est en cours de négociation avec l'Etat. C'est un dossier très sensible qui vise à protéger les zones en danger et à préserver les autres. Le but est de sortir des zones inondables. En même temps, on ne peut pas tout empêcher, le risque zéro n'existe pas. Parallèlement, nous avons entrepris d'importants travaux de nettoyage du Gardon. En décembre 2003, nous avons déjà pu en mesurer les effets.

Disposez-vous par ailleurs d'un plan Inondation ?

La télé-alerte est justement l'un des aspects de notre plan Inondation. Ce plan a été élaboré avec la mobilisation de tous les cadres. Il s'inspire des leçons des inondations de 2002 où nous avions été confrontés à un manque de coordination. Le plan répond aujourd'hui à la question de "qui fait quoi ?". Nous avons désigné cinq pôles d'intervention : l'accueil de la population, le logement, la voierie, la sécurité des biens et la gestion des dons. Chaque pôle a son responsable.

Le maire d'Alès, Max Roustan, est également député et président de la commission parlementaire sur la prévention des risques inondation. Quel est le travail de cette commission ?

La commission travaille à l'élaboration d'un rapport pour une meilleure gestion des risques. Le problème est que dès que l'on s'éloigne des catastrophes, on oublie et on recommence les mêmes erreurs. Là, il s'agit de bien faire la différence entre les campagnes et les villes, de regarder au niveau bassins des rivières, tout en laissant à la ville la possibilité de se développer. Il faudra sans doute apporter des modifications à la loi sur l'eau qui n'est pas adaptée à la réalité sur le terrain.
 

 

La société Gedicom récompensée par les 4es Géo d'or pour sa TéléAlerte

 

Les Géo d'or, manifestation parrainée par l'IGN, récompensent chaque année les meilleures applications utilisant les outils de l'information géographique.

 

Après la citoyenneté, la ville et la santé, le choix se portait pour cette nouvelle édition sur l'apport de la géomatique (usage intelligent de l'information géographique) à la prévention des risques majeurs. Plusieurs thèmes ont été abordés :
- la géomatique au service des forces d'intervention sur le terrain ;
- la géomatique pour modéliser les risques majeurs, en comprendre les processus et donc, favoriser la prévention ;
- la géomatique comme interface de communication avec le public, outil de développement d'une véritable culture du risque...
Pas moins de onze projets publics et privés concourraient. A côté de la TéléAlerte, premier prix ex-aequo , le projet Geneva Risk, cadastre des risques du canton de Genève, a aussi eu la faveur des jurés que présidait Corinne Lepage, ancienne ministre de l'Environnement. Mis en place par l'office cantonal de l'inspection et des relations de travail, le cadastre de Genève permet d'évaluer les risques chimiques encourus par chaque entreprise en tenant compte des axes de circulation et des lieus de stockages de matière dangereuse. Autre fonction : il permet d'évaluer au cas par cas le nombre de victimes et les coûts de dommage en fonction de différents scénarios d'accidents.
Le troisième prix est revenu à la direction régionale de l'environnement (Diren) de la Basse-Normandie pour son système d'analyse spatiale des risques d'inondations et de mouvements de terrain.

Ville d'Alès

Alain Bensakoun

Directeur Général des Services

Gedicom

91, avenue Maurice Berteaux
94420 Le Plessis-Trévise

Franck De Langloy

Directeur général de Gedicom

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