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Biodiversité : environ 20% des espèces sont menacées en France et la situation se dégrade

À l'occasion de la Journée mondiale de la vie sauvage ce 3 mars, l'Union internationale de conservation de la nature, l'Office français de la biodiversité et le Museum national d'histoire naturelle ont dressé le bilan de la liste rouge des espèces menacées en France depuis 2008. Résultat : environ 20% des espèces sont en danger, avec une situation particulièrement inquiétante outre-mer.

À l'occasion de la Journée mondiale de la vie sauvage ce 3 mars, l'Union internationale de conservation de la nature (UICN), l'Office français de la biodiversité (OFB) et le Museum national d'histoire naturelle (MNHN) - organismes référents de la liste rouge nationale des espèces menacées en France - ont publié les résultats de 13 années d'évaluations. Ce bilan, qui établit le "degré de menace pesant sur les espèces de la faune et de la flore", selon un communiqué, montre que depuis 2008 la situation s'est dégradée. 
Sur 13.842 espèces évaluées, 17,6% sont menacées. En métropole, cette proportion est de 32% chez les oiseaux nicheurs, 28% chez les crustacés d'eau douce, 24% chez les reptiles et 23% chez les amphibiens. 187 espèces ont complètement disparu. Pour plus de 2.100 autres, les données sont insuffisantes, l'objectif étant à terme d'évaluer toutes les espèces.
La situation est particulièrement inquiétante en outre-mer. À Mayotte, 42% des reptiles terrestres et 43% de la flore vasculaire sont menacés. En Polynésie, 34% des oiseaux sont en danger et à La Réunion, 33% des poissons d'eau douce.

Menaces de plus en plus prégnantes

D'autres espèces sont "quasi menacées" : "C'est une préoccupation importante à avoir, ce sont les menacées de demain mais ce sont des espèces sur lesquelles on peut encore agir facilement", souligne Laurent Poncet du MNHN, à l'AFP.
Certains groupes d'espèces - les reptiles, amphibiens, mammifères, oiseaux et poissons d'eau de métropole - ont été évalués deux fois depuis 2008. "Nous pensions qu'en huit ou neuf ans, on ne verrait pas beaucoup d'évolution. La surprise est qu'on assiste à une nette dégradation de la situation", explique Florian Kirchner, de l'UICN France, à l'AFP. "Pour les oiseaux nicheurs, on avait un quart d'espèces menacées en 2008, un tiers huit ans après", donne-t-il comme exemple.
Plus inquiétant encore, "nous parlons des espèces qui bénéficient le plus d'effort de conservation, les vertébrés, et pas des insectes ou des mollusques". "Cela nous renvoie aux principales menaces en métropole : l'aménagement du territoire qui reste incontrôlé et l'intensification des pratiques agricoles", avec des zones uniformes et l'usage important de pesticides, explique le scientifique. "Si nous avions plus de données, nous pensons que nous mettrions plus d'espèces dans ces catégories menacées", complète Laurent Poncet.
"Les dégradations de la nature restent bien plus fortes que tous les efforts qu'on peut déployer", avertit Florian Kirchner. "Il faut vraiment changer de braquet", insiste-t-il. Il voit pourtant "deux sources d'espoir : l'opinion est en train d'évoluer et il y a des bonnes nouvelles" dans la protection des espèces comme dans le cas de la loutre, du bouquetin des Alpes ou du vautour moine.
 

 

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