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Datatourisme : un cercle vertueux par et pour les territoires

En deux ans d'existence, le portail open data Datatourisme a su fédérer l'ensemble des acteurs institutionnels de la promotion des destinations françaises. À l'occasion de l'anniversaire de son lancement, la direction générale des entreprises (DGE) organisait une journée centrée sur les bénéfices de l'ouverture des données touristiques.

Au Télégramme, la rédaction bretonne utilise désormais les données de Datatourisme pour compléter son calendrier des manifestations. "L'agenda fait partie des informations les plus appréciées par nos lecteurs. Datatourisme représente 30 à 40% des événements publiés, le reste provenant de notre réseau de contributeurs locaux", a témoigné Morgane Le Roux, en charge du marketing digital. Fiabilité des information fournies, exhaustivité régionale, facilité d'intégration grâce à une API… autant de caractéristiques qui ont séduit le quotidien régional au même titre que les 5.000 utilisateurs réguliers que compte la plateforme.

La quasi-totalité du territoire participe au portail

"Lancé en décembre 2017, ce projet est une co-construction entre l'ensemble des tiers de confiance de l'information touristique : offices de tourisme, CDT, CRT et systèmes d'information touristiques. C'est une base de données solide sur laquelle on peut créer des services innovants", a expliqué en introduction Emma Delfau, cheffe de bureau à la direction générale des entreprises (DGE), à l'initiative du projet. Deux ans après son lancement, la plateforme s'enorgueillit de proposer 300.000 "points d'intérêts" (POI), lieux, itinéraires ou événements touristiques. Elle couvre la quasi-totalité du territoire avec 12 régions et 90 départements participant à la démarche. Une plateforme dont le mot d'ordre est la qualité des données. "La saisie et la mise à jour de ces informations représente un total de 5.000 heures de travail annuel", a fait valoir la directrice du CDT de l’Aube, Christelle Taillardat. Car toutes les informations rentrées sont validées mais aussi illustrées, une photo de qualité (et libre de droits) étant indispensable pour chaque "POI". 

Faire face aux géants du Net

Ces coûts de production sont du reste à l'origine de crispations de certains acteurs touristiques sur la gratuité des données. "Ce débat est aujourd'hui clos", a assuré Perica Sucevic, directeur adjoint d'Etalab. La gratuité fait en effet partie des règles imposées par la loi République numérique qui s'applique aux données des institutions du tourisme. Une gratuité dont la finalité est d'assurer la plus large diffusion possible des données, du site France.fr à la collectivité territoriale en passant par la petite start-up. "Si on n'ouvre pas nos données, on va être à la merci de gros acteurs comme Google, TripAdvisor ou Airbnb dont les modèles sont captifs. Ce budget de saisie et contrôle qualité doit être assimilé à une dépense de marketing", a souligné Christelle Taillardat. La réutilisation des données par des tiers crée également un cercle vertueux avec les réutilisateurs qui contribuent à améliorer leur qualité en signalant les adresses ou horaires erronés.  Autre point particulièrement apprécié des réutilisateurs : la simplicité d'accès à la donnée. "Nous n'avons qu'un seul connecteur à créer pour récupérer des données disponibles sur l'ensemble du territoire", s'est félicité Lionel Habasque, président de l'association France Vélo Tourisme. 

Une ouverture à l'international nécessaire

Si Datatourisme a désormais toute sa place dans la stratégie de promotion des destinations françaises, la plateforme n'est pas exempte de critiques. Certains contributeurs ne publient par exemple qu'une partie de leurs données sur la plateforme nationale. "Nous avons fait le choix de la sélection et de la qualité", assume la directrice du CRT Centre-Val de Loire, tout en s'affichant ouverte à tester une politique de diffusion plus large des données brutes. Autre critique : un manque d'ouverture à d'autres contributeurs. "Notre base gère tous les événements du ministère de la Culture. Ceux-ci sont tous en open data. Nous n'avons jamais eu de réponse à notre proposition d'intégrer ces données à Datatourisme", s'étonne Romain Lange, fondateur de la plateforme OpenAgenda en marge de la manifestation. Enfin, la perte de ressources liée à la vente de données implique pour les intermédiaires de la donnée touristique un changement de modèle économique. "Il faut distinguer la donnée brute, gratuite, des services à valeur ajoutée qui peuvent être facturés", précise Perica Sucevic. Au-delà de la saisie intelligente des données (dédoublonnage), les principales pistes étudiées portent sur la traduction / adaptation des contenus aux pratiques étrangères et sur la conception d'interfaces innovantes. C'est bien là que les start-up peuvent avoir toute leur place.

 

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