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Déficit public en recul en 2018, croissance plus dynamique que prévu

Le déficit public français a reculé en 2018, s'établissant pour la deuxième année consécutive sous la barre des "3%", sur fond de croissance plus dynamique que prévu. Un motif de satisfaction pour l'exécutif, alors qu'un nouveau dérapage se profile pour 2019. Des résultats à mettre au crédit des comptes de la sécurité sociale… et des collectivités locales.

Selon les estimations publiées ce mardi 26 mars par l'Insee comme chaque année à la même période ("Comptes nationaux des administrations publiques - premiers résultats"), le solde des comptes publics, comprenant le budget de l'Etat, celui de la Sécurité sociale et ceux des collectivités locales, s'est établi à 2,5% du produit intérieur brut, soit son plus faible niveau depuis 2006.
Ce chiffre est même inférieur aux prévisions du gouvernement, qui avait dit en janvier s'attendre à un déficit public de 2,6%. Il s'affiche par ailleurs en baisse de 0,3 point par rapport au niveau de déficit atteint en 2017, revu à la hausse de 2,6% à 2,8% du PIB.
Ce résultat, atteint à la faveur d'une croissance légèrement plus forte qu'attendu, à 1,6% au lieu de 1,5%, a permis à la dette publique de se stabiliser à 98,4% du PIB. Exprimée en chiffres bruts, la dette a néanmoins progressé, pour atteindre 2.315 milliards d'euros, contre 2.258 milliards en 2017.
Dans son projet de loi de finances initial, l'exécutif avait prévu une baisse du déficit plus ambitieuse, à 2,3% du PIB. Mais le ralentissement de l'activité, après une croissance à 2,3% en 2017, l'avait obligé à abaisser sa prévision à 2,7%, puis 2,6% du PIB.
Le recul du déficit à 2,5% montre "que la politique économique menée depuis 2017 porte ses fruits", ont insisté dans un communiqué commun, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin. "Nos objectifs en matière de dépense publique ont été systématiquement respectés et même dépassés", ont-ils insisté. "C'est toujours mieux d'être à zéro", mais c'est "un point de PIB de moins" qu'en 2016 (3,5%), a souligné sur RTL le ministre des Comptes publics. C'est "l'équivalent de plus de 10 milliards d'euros d'efforts réalisés", a-t-il ajouté.

Collectivités : hausse des recettes et de l'investissement, décélération des dépenses de fonctionnement 

Si réduction du besoin de financement des administrations publiques l'an dernier est principalement li aux administrations de sécurité sociale (recettes plus dynamiques que les dépenses), l'amélioration de l'excédent des administrations publiques locales y participe aussi. "Leurs recettes sont plus dynamiques que leurs dépenses. Du côté des recettes, la suppression de la dotation globale de fonctionnement de l'État aux régions (- 3,9 milliards d'euros) est plus que compensée par une affectation de TVA (+4,2 milliards d'euros)", résume l'Insee, qui cite aussi les droits de mutation (+0,7 milliard), le foncier bâti (+1 milliard), la CVAE (+0,7 milliard).
Les dépenses des collectivités (ou plus précisément des administrations publiques locales, Apul) "augmentent sous l’effet du dynamisme de l’investissement" (+3,6 milliards), notamment dans les communes du fait du cycle électoral, confirme l'Insee, tandis que les dépenses de fonctionnement ralentissent. Ce ralentissement est notamment lié à celui des rémunérations (+0,7% après +2,3% l'année précédente) : absence de revalorisation du point d'indice, instauration du jour de carence, report du protocole PPCR, indemnité compensatrice destinée à compenser la hausse de la CSG, diminution des cotisations employeur…
S'intéressant à la "contribution des administrations publiques locales à la dette", l'Insee relève que celle-ci est en hausse : 205,6 milliards d’euros fin 2018, contre 201,2 milliards fin 2017. "Les régions augmentent leur endettement pour 0,6 milliard d’euros, ainsi que les communes et les syndicats des collectivités locales à hauteur de 0,5 milliard d’euros chacun. En revanche, les départements diminuent leur endettement à hauteur de 0,5 milliard d’euros", est-il précisé (en sachant que la Société du Grand Paris, inclue dans les Apul, est à l'origine du reste de la hausse).

Des clignotants pour 2019

La dynamique d'ensemble dessinée par ces résultats est bienvenue pour le gouvernement, confronté à une équation budgétaire beaucoup plus compliquée que prévu pour 2019, qui pourrait donner lieu à des frictions avec Bruxelles. En raison des mesures d'urgence annoncées suite au mouvement des gilets jaunes, Bercy a en effet dû relever à 3,2% sa prévision de déficit, déjà grevée par la transformation du CICE en baisse de charges, qui coûtera cette année 20 milliards d'euros aux finances publiques. Selon plusieurs économistes, le dérapage pourrait être encore plus important : le gouvernement a en effet bâti sa prévision sur une hypothèse de croissance de 1,7%. Or cette dernière est désormais attendue à 1,4%, et reste sous la menace du ralentissement mondial. Un retour ponctuel du déficit public au-dessus de la barre des 3% n'est "pas problématique", mais il faudra "que le chemin de la décrue des déficits et du recul de la dette reprenne son cours" après 2019, a prévenu le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.

 

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