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Deux villes du plan "Action cœur de ville" au palmarès Procos

Deux villes, Gap et Compiègne, sont à la fois lauréates du palmarès de Procos des meilleurs centres-villes et bénéficiaires du plan "Action cœur de ville". Lors de la conférence sur "Le commerce du futur", organisée par Procos (fédération du commerce spécialisé) le 27 mars 2019, les élus ont mis en avant les facteurs clés de leur succès : un flot continu d'actions pour redynamiser les centres-villes, un effort de stimulation des populations pour venir en centre-ville, une synergie des acteurs publics et privés.

Sur quels leviers s'appuient les centres-villes les plus dynamiques ? Chacun des élus récompensés par les trophées des meilleurs centres-villes décernés le 27 mars 2019 par Procos, Fédération du commerce spécialisé, lors d'une conférence sur le commerce du futur, a donné ses recettes. Dans la catégorie "petite ville moyenne" (moins de 200.000 habitants avec minimum 150 commerces en centre-ville), les deux villes récompensées sont Gap et Compiègne. La première, récompensée par le trophée de la meilleure évolution, a multiplié les efforts pour tirer parti du bassin de population "captif" de 80.000 habitants dont elle est entourée, soit le double de l’agglomération elle-même. La ville est nichée au milieu des Alpes du Sud et distante de tout grand centre urbain d’au moins une heure trente.
De son côté, Compiègne, récompensée comme meilleur centre-ville, bénéficie de bons atouts. La ville est "bien née", selon son maire Philippe Marini, avec un patrimoine historique, une attractivité touristique, un centre universitaire mais Compiègne a quand même cherché à maintenir une action permanente pour dynamiser son centre-ville. Pour exemple, le cinéma qui a émigré en périphérie pour devenir un multiplex a été immédiatement remplacé par un magasin Fnac, une brasserie, une salle de théâtre et d’autres activités commerciales. Le centre-ville est réservé pour les achats plaisir, les autres, plus fonctionnels, sont effectués en périphérie, comme l'a expliqué Philippe Marini, précisant qu'il fallait stimuler ce plaisir de venir en centre-ville. Les résultats sont à la hauteur des efforts engagés : 8% de locaux commerciaux vacants (contre 13,5% en moyenne dans la catégorie), un indice de chiffre d’affaires des enseignes proche de 90 (contre 80 en moyenne des petites villes). Et le maire de se féliciter que le manager de centre-ville soit un ancien commerçant, comme un signe du bien-fondé de compiler public et privé dans l’aménagement urbain.

"Un accélérateur des projets de la ville"

Point commun pour ces deux villes : elles font aussi partie des 222 villes bénéficiaires du plan "Action cœur de ville", lancé en avril 2018 par le gouvernement. Le plan "agit comme une mise en lumière et un accélérateur" des projets de la ville, indique à Localtis Bénédicte Férotin, adjointe au tourisme, au commerce et au centre-ville de Gap. Précisant que l’enveloppe allouée au plan est davantage un nouveau fléchage de moyens existants qu’un nouveau budget alloué, elle se félicite qu’il contribue à faire venir aux élus les acteurs économiques. Bénédicte Férotin compte sur cette dynamique pour accélérer certains projets, notamment immobiliers dont la mise en place est particulièrement longue, comme le "Carré de l’imprimerie" : 100 logements dans le centre historique.
La ville multiplie par ailleurs les initiatives pour attirer les populations en centre-ville : stationnement résidentiel gratuit en surface, un réseau de bus également gratuit soutenu par la mise en place de navettes que les usagers peuvent interpeller à la demande, développement des pistes cyclables... Et des événements ponctuels à fort retentissement comme le Rallye Monte-Carlo.

"Une bonne solution de fédérer des acteurs différents"

"C’est une bonne solution de fédérer des acteurs différents", commente à propos du dispositif "Action cœur de ville" Emmanuel Le Roch, délégué général de Procos. Avec les 60.000 magasins de ses adhérents, la fédération est au cœur de l‘ensemble des territoires. Le commerce a son rôle à jouer dans la relation des populations à leur environnement, et les associations de commerçants sont forces de propositions dans de nombreuses agglomérations. Mais le délégué général voit néanmoins d’un bon œil que le plan "Action cœur de ville" repose essentiellement sur les élus : "Le commerce est suiveur" dans le processus d’aménagement d’une agglomération, et de nombreux autres leviers doivent être actionnés pour redynamiser les centres-villes. L’entrée en vigueur récente de la loi Elan sur le logement du 23 novembre 2018 est selon lui bienvenue pour épauler le plan "Action cœur de ville". Reste à espérer que la dynamique s’ancre durablement et ne soit pas qu’un coup ponctuel. 
Les autres villes lauréates, de taille plus importante, ne font pas partie du plan "Action cœur de ville". Dans la catégorie villes moyennes, on retrouve sans trop de surprise Annecy, pour la meilleure progression, et Amiens pour le meilleur centre-ville, deux villes qui partagent des atouts touristiques, et où la politique de centre-ville est une réalité depuis longtemps. Annecy a piétonnisé son centre dans les années 70 et, depuis des décennies, Amiens a toujours maintenu ses administrations en centre-ville, même quand le "plus grand, plus moderne" en périphérie a été la tentation.


Lyon, meilleur centre-ville dans la catégorie métropole

En catégorie métropole (plus de 500.000 habitants), Lyon, avec sa très enviable presqu’île, remporte le trophée du meilleur centre-ville, et la surprise vient plutôt de Clermont-Ferrand, meilleure progression. La ville au cœur d’une vaste enclave tire son épingle du jeu avec un taux de vacance qui est descendu à 7,7% en 2018, contre 10% en moyenne pour les métropoles après une prise de conscience du problème en 2016, et un "plan commerce" établi en 2017 pour que tous les acteurs puissent travailler ensemble : services municipaux, chambre de commerce et de l’industrie, associations de commerçants... avec des outils simplifiés comme la création d’un guichet unique pour les démarches administratives.
Une synergie manifestement réussie, que Saïd Akim Bara, adjoint au maire de Clermont-Ferrand, chargé du commerce et de l'artisanat, aimerait encore amplifier en améliorant le travail avec les grandes enseignes, faisant remarquer qu’il avait souvent du mal à être entendu en haut lieu : les enseignes répondent avant tout à des politiques nationales, et sont peu enclines à réfléchir "local".