Économie, formation, recherche : une stratégie "trois en un" pour la Bretagne

En avril 2023, la région Bretagne a adopté sa stratégie régionale des transitions économiques et sociales, dite SRTES. Fruit d'un gros travail d'intégration de trois schémas régionaux (formation et orientation professionnelles, développement économique et enseignement supérieur et recherche), elle est destinée à permettre aux acteurs locaux de travailler de manière transversale sur ces différentes thématiques et à donner un cap clair à la région, avec 29 chantiers opérationnels prioritaires.

La Bretagne s'est récemment dotée d'une stratégie régionale des transitions économiques et sociales, dite SRTES. Première et seule région à se lancer dans cette expérience, la région a choisi d'intégrer en un seul document trois de ses schémas régionaux : le contrat de plan régional de développement des formations et de l'orientation professionnelles (CPRDFOP), le schéma régional de développement économique, d'innovation et d'internationalisation (SRDEII) et le schéma régional de l'enseignement supérieur et de la recherche (SRESSR). "Ces trois schémas devaient être revus, mais il était compliqué de travailler en silo sur les trois, explique à Localtis Laurence Fortin, vice-présidente de la région Bretagne en charge de l'économie. Il fallait simplifier et faire parler ensemble des structures, des organisations qui n'en ont pas l'habitude, avec une vision plus transversale, nous avons trouvé le pilotage pour ça à travers ce schéma unique." L'idée a germé en décembre 2021, face à multiplication de crises : crise écologique et changement climatique, pandémie, guerre en Ukraine, choc inflationniste et crise du recrutement.

Quinze mois pour établir un diagnostic

Quinze mois de travail ont été nécessaires pour aboutir à ce document de près de 350 pages. Une première phase de diagnostic a ainsi été menée entre avril et juillet 2022 réunissant l'ensemble des acteurs locaux concernés, des syndicats au Ceser, en passant par les branches professionnelles, les collectivités, les acteurs de l'économie sociale et solidaire. Des groupes de travail techniques se sont ensuite réunis entre septembre et novembre 2022 pour affiner les orientations et définir les chantiers prioritaires. Puis la stratégie et les propositions de gouvernance ont été formalisées entre décembre 2022 et avril 2023. Le tout aboutissant donc à un document unique, considéré par la région comme une carte et une boussole pour son développement durable et solidaire. "Ce document propose dans un format synthétique, pour en favoriser la lisibilité et l'appropriation par tous, une réelle stratégie, à visée opérationnelle reposant sur des choix et des priorités clairs et forts, signale la délibération adoptée le 7 avril 2023, comme nous nous y étions engagés, il ne réinvente pas l'intégralité de l'action collective et des politiques publiques, et assume des continuités, mais il est un instrument de priorisation, il cible les objectifs désormais partagés, il pose une méthode et une démarche tendant à conforter l'efficacité et l'efficience de l'action".

"La démarche a d'abord perturbé les acteurs locaux"

Le document liste trois orientations politiques majeures : accélérer et réussir les transitions climatique et écologique de l'économie et de la société bretonnes, conforter la base productive bretonne, alimentaire et industrielle, dans une perspective de souveraineté, conforter la cohésion et l'inclusion sociales comme facteurs de performance économique et d'épanouissement individuel. La stratégie dispose aussi de trois axes transversaux, que sont la dimension maritime de la région, l'équilibre et l'ancrage territorial des activités économiques et son rayonnement et attractivité.
Il en découle une série de chantiers à consolider dans trois domaines : la formation et l'orientation professionnelles, le développement économique, l'enseignement supérieur et la recherche. 
"Cela nous a pris du temps, mais c'est nécessaire pour en gagner ensuite et pour avoir une vision à 360 degrés", détaille Laurence Fortin, qui précise que la démarche a d'abord perturbé les acteurs locaux, habitués à travailler en silo. "Mais quand les gens se connaissent mieux, cela avance plus vite", souligne la vice-présidente.

Un seul document, 29 chantiers opérationnels

Chaque thématique dispose de chantiers prioritaires, 29 au total : huit pour la formation et l'orientation professionnelle, quatorze pour le développement économique, sept pour l'enseignement et la recherche. Exemple dans le domaine économique : anticiper les impacts de la transition écologique de l'économie bretonne. Il s'agit notamment d'élaborer une cartographie des vulnérabilités et des opportunités de l'économie de la région pour connaître, par secteur d'activité et par type d'entreprises, les menaces et opportunités majeures à anticiper. "C'est un chantier qui s'ouvre, explique Laurence Fortin, et à nouveau en amont on va constituer des groupes de travail transversaux pour y travailler, on va dupliquer la méthode".

Autre chantier du domaine de l'économie : mettre en œuvre une politique d'ancrage territorial et de relocalisation d'activités économiques et industrielles. Le document se donne comme cible la sensibilisation des chefs d'entreprises aux enjeux de relocalisation décarbonée, l'identification des opportunités pour les entreprises bretonnes et le développement d'une méthodologie de sélection d'activités à relocaliser. En matière de formation, il s'agit notamment d'anticiper les métiers de demain, avec une analyse prospective sur les emplois et compétences qui seront nécessaires.

Si l'idée d'un chapeau transversal à ces trois domaines d'activités de la région est intéressante, avec l'intégration des trois schémas concernés, le document est encore très touffu et peine à donner une cohérence d'ensemble lisible rapidement. C'est un peu le sens de l'avis du 27 mars 2023 du Ceser Bretagne. Tout en saluant la démarche et "la réelle ambition transformatrice de la SRTES", le Ceser émet ainsi quelques doutes quant à la capacité des 29 chantiers opérationnels listés à atteindre cette ambition.

La SRTES est maintenant dans sa phase de mise en œuvre, à partir d'une instance de pilotage et de mobilisation pour le moment baptisée "Bretagne SRTES", la région cherchant un nom plus porteur.

 

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