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Elisabeth Borne détaille les grands axes de la politique transports

Dans un entretien accordé au quotiden Les Echos ce 5 juillet, la ministre des Transports détaille les mesures qu'elle compte mettre en oeuvre. Elle revient notamment sur l'annonce de la "pause" dans la construction de nouvelles infrastructures faite par le président de la République et sur la future loi de programmation qui devrait être votée au premier semestre 2018. Sur la question des ressources, Elisabeth Borne évoque la possibilité de faire payer les poids lourds sur certains axes. Mais cette perspective suscite déjà une levée de boucliers de la part des transporteurs routiers.

Dans un entretien au quotidien Les Echos publié ce 5 juillet, la ministre des Transports, Elisabeth Borne, a détaillé les principaux axes de la politique qu’elle compte mener dans les prochains mois. Confirmant la "pause" dans la construction de nouvelles infrastructures annoncée par Emmanuel Macron lors de l’inauguration du TGV atlantique Paris-Rennes (lire ci-dessous notre article du 3 juillet 2017), la ministre rappelle que "sur le quinquennat à venir, près de 10 milliards de projets d’infrastructures ont été annoncés sans être financés, dont 7 milliards de projets nouveaux". Pour l’ancienne P-.D.G. de la RATP, la priorité doit être donnée aux "déplacements de la vie quotidienne, et donc à "la remise à niveau des réseaux existants". Dès lors que "l’argent doit prioritairement aller à l’entretien et à la modernisation", "l’ajustement se fera donc forcément sur les grands projets", a affirmé la ministre sans citer précisément ceux qui seront concernés par ces économies. Elle a toutefois donné quelques pistes : le Charles de Gaulle Express ne devrait pas l’être car il "n’a pas vocation à fonctionner avec des ressources publiques" et "les dépenses inscrites dans les contrats de plan Etat-région, qui visent à satisfaire des besoins de proximité, ne seront pas elles non plus remises en question", a-t-elle assuré. Sur tous les autres grands projets, "nous ne lancerons pas de travaux et nous ne signerons pas de contrats de concession tant que nous n’aurons pas eu un très large débat sur les investissements prioritaires", a-t-elle ajouté. Des audits indépendants seront aussi lancés "pour objectiver l’état des réseaux". "Tout cela se concrétisera par une loi de programmation qui devrait être adoptée au premier semestre 2018, a-t-elle déclaré. Elle fixera les investissements sur les dix ans à venir, avec un cadrage budgétaire clair et des dépenses correspondant aux recettes sur les cinq prochaines années".

Faire payer les camions ?

Les Assises de la mobilité annoncées par le Premier ministre lors de son discours de politique générale le 4 juillet se dérouleront à la rentrée et auront pour objet de "redemander aux Français quels sont leurs vrais besoins de mobilité, dans les zones rurales par exemple", d’"identifier également les bonnes initiatives", de "se projeter aussi sur tout ce que l’innovation va nous apporter". "Nous souhaitons réfléchir aussi aux ressources : les flux de camions qui transitent par nos territoires doivent eux aussi contribuer au financement de nos instructures", a poursuivi Elisabeth Borne. Faut-il y voir un retour de l’écotaxe, suspendue puis enterrée par Ségolène Royal dans le précédent gouvernement ? "Non, ce ne serait pas une bonne idée de la relancer en l’état", a répondu la ministre. Mais "il faut réfléchir à une façon de faire payer ces poids lourds", affirme-t-elle, rappelant que plusieurs régions "sont volontaires pour lancer des expérimentations" ou pour créer "une taxe spécifique dédiée aux besoins en équipement", à l'instar de celle instaurée en 2011 pour le Grand Paris. La ministre des Transports évoque aussi "la mise en place de péages sur certaines sections de routes nationales, sans pénaliser les déplacements de proximité, à l'image de ce qui a déjà été fait dans Les Landes". "Nous devons donc débattre des ressources, comme d’autres pays l’ont fait", estime Elisabeth Borne. 

Les transporteurs routiers remontent au créneau

En réaction aux déclarations de la ministre, la Fédération nationale des transports routiers (FNTR) et l'Union des entreprises de transport et logistique de France (TLF) ont en tout cas averti ce 5 juillet dans un communiqué commun que "la question de l'écotaxe, sous quelque forme que ce soit, et quel que soit son champ géographique est une ligne rouge pour la profession". "On voudrait connaître la justification de cette taxe, alors que Mme Borne annonce que les projets (d'infrastructures) vont être revus à la baisse", a déclaré à l'AFP, Florence Berthelot, déléguée générale de la FNTR. Pour trouver les recettes manquantes suite à l'abandon de l'écotaxe, le précédent gouvernement avait augmenté la taxe sur les carburants (TICPE).
"Nous l'avons acceptée pour solde de tout compte", a souligné Yves Fargues, délégué général de l'Union TLF.
L'Organisation des transporteurs routiers européens (OTRE), qui avait mené la fronde contre l'écotaxe, a souligné dans un communiqué son opposition "au retour d'une fiscalité construite sur la base d'une taxation au kilomètre", qui, notamment, "(n'impacte) pas les poids lourds étrangers, accentuant de surcroit la concurrence déloyale qu'ils pratiquent actuellement sur le marché intérieur français". L'OTRE est favorable à une vignette qui remplacerait la hausse de la TICPE, "dont une large partie des recettes serait à la charge des véhicules étrangers", mais "rappelle que le transport routier n'a pas vocation à assurer le financement des autres modes de transports".
Quant à la Confédération française du commerce de gros et international (CGI), elle appelle Elisabeth Borne "à ne pas se laisser enfermer dans de vieux schémas de pensée et à aborder cette question de façon pragmatique et avec le souci de préserver la compétitivité des entreprises françaises".