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Élus locaux et école : une liaison contrariée

Une enquête du Sénat auprès des élus locaux fait état des relations ambiguës que ceux-ci nourrissent vis-à-vis de l'école. S'ils jugent positivement le maillage scolaire, la fermeture de classes est la première de leur hantise.

Les élus locaux ont des rapports ambivalents avec l'institution scolaire. C'est ce qui ressort d'une enquête menée par le Sénat et dévoilée le 26 janvier 2022 à l'occasion d'une Agora de l'éducation organisée sur le thème "Refonder l'école de demain" (sic).

Le premier constat est celui de l'intérêt des élus locaux pour l'éducation. Près de deux mille réponses ont en effet été enregistrées sur la plateforme en ligne du Sénat dédiée à cette enquête, un résultat supérieur, selon Laurent Lafon, président de la commission la culture, de l'éducation et de la communication, à ceux enregistrés sur d'autres thèmes.

L'ambivalence des rapports entre élus et institution scolaire apparaît très vite. D'un côté, 82% des élus locaux interrogés considèrent que l'organisation scolaire est adaptée aux spécificités de leur territoire et 84% jugent le maillage scolaire suffisant. Mais d'un autre côté, 49% des élus consultés jugent que l'établissement de la carte scolaire reste une source de tension avec l’Éducation nationale, tandis que 75% craignent une fermeture de classe de primaire dans les cinq prochaines années. Autre chiffre marquant sur ce thème : six conseillers municipaux sur dix ayant répondu se sont dits concernés par des fermetures de classes sur leur territoire durant le quinquennat actuel.

Autres éléments de bilan : les inégalités scolaires. Ici, 57% des élus locaux jugent que les mesures prises durant le quinquennat ont permis de réduire les inégalités dans l'enseignement primaire. Un chiffre qui baisse à 51% en ce qui concerne l'enseignement secondaire. On note également que 63% des élus interrogés indiquent avoir été informés de cas de violence scolaire.

Revoir la répartition des compétences

Au final, 81% des élus estiment nécessaire un renforcement des liens entre les écoles et les collèges et 44% souhaitent revoir la répartition des compétences entre collectivités en matière scolaire.

Ces résultats sont à mettre en regard de ceux issus d'un sondage CSA réalisé du 3 au 10 janvier auprès d'un échantillon représentatif de 506 enseignants, également dévoilé lors de l'Agora de l'éducation organisée au Sénat le 26 janvier.

Globalement, seuls 42% des enseignants estiment que l'organisation et le fonctionnement des établissements d'enseignement sont efficaces.  Interrogés sur l'orientation des élèves, compétence partagée avec les régions, ils ne sont que 34% à la trouver efficace. Quant à la résorption des inégalités sociales et territoriales à l'école, seulement 23% des enseignants la jugent efficace.

En matière de lutte contre les inégalités à l'école, 73% des enseignants jugent qu'il serait efficace d'interdire d'affecter un enseignant débutant dans une zone difficile et 56% estiment qu'il serait efficace de renforcer la déclinaison territoriale de la politique éducative et de donner plus de liberté à chaque établissement dans son organisation et la définition de son projet d'établissement. En revanche, ils ne sont que 35% à prôner un renforcement des prérogatives des chefs d'établissement et des directeurs d'école en matière de recrutement des enseignants et de l'équipe pédagogique, et 38% à vouloir diversifier le profil des enseignants, en recourant à des enseignants recrutés hors concours.