En Auvergne-Rhône-Alpes, les territoires d'industrie confrontés à une pénurie de logements

La Fédération française du bâtiment (FFB) Auvergne-Rhône-Alpes a tenté de calculer les besoins en logements générés par les 25 nouveaux territoires d'industrie de la région à horizon 2030 en regard de la construction neuve actuelle. Selon cette étude, réalisée par la Cellule économique régionale de la construction (Cerc) et présentée le 30 avril 2024, il manquerait 30% de logements dans ces territoires.

En février 2022, l'entreprise industrielle française Verkor, dont le siège est à Grenoble, annonce la sélection du port de Dunkerque dans les Hauts-de-France pour la construction de sa première gigafactory de développement de cellules de batteries bas carbone. Les questions d'attractivité du territoire, et notamment l'offre de logements pour  accueillir les nouveaux salariés (1.200) et leur famille, ont pesé dans le choix de l'entreprise. Pour la région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), qui ne lésine pas sur les moyens pour réindustrialiser le territoire, la pilule est amère. Elle compte 73 opérations de réindustrialisation en 2023, près de 6.000 emplois créés, 1,2 milliard d'euros consacrés à la politique régionale de relocalisation. 25 territoires de la région ont été récemment désignés lauréats du programme Territoires d'industrie.

Une étude commandée à la Cerc Aura

À la suite de cette mésaventure, la section régionale de la Fédération française du bâtiment (FFB) de la région a décidé de se saisir du dossier. "Quelle est la responsabilité de notre filière pour faire réussir ces projets ? Comment accompagner cette dynamique de réindustrialisation sachant qu'il y a un lien très fort entre emplois et logements ? C'est la question que notre fédération s'est posée", a expliqué Samuel Minot, président de la FFB Auvergne-Rhône-Alpes lors de la présentation d'une étude, le 30 avril 2024, sur les besoins en logements de ces territoires d'industrie. La FFB a commandé cette étude à la cellule économique régionale de la construction (Cerc), l'observatoire économique de la filière construction rassemblant les partenaires publics et privés. Objectif : calculer les besoins en logements que vont générer les territoires d'industrie à horizon 2030 et les mettre en adéquation avec les logements existants.

30% de logements manquants dans les territoires d'industrie

L'étude propose ainsi territoire par territoire les besoins chiffrés en logements, en fonction du nombre d'emplois industriels supplémentaires attendus sur ces territoires. "Nous avons basé notre étude sur une méthode officielle, à partir des données et des hypothèses connues, cernables, quantifiables, avec deux paramètres, les besoins organiques en logements pour chaque territoire et les projets de réindustrialisation entraînant l'arrivée de nouveaux salariés", a expliqué Laurence Herbeaux, directrice de la Cerc.

Le tout permet d'estimer s'il y a des besoins de logements supplémentaires ou si la construction actuelle permet d'y répondre. Et globalement, dans les territoires concernés, il manquerait 30% de logements. "Depuis avril 2023, il a été produit 36.000 logements dans la région, il en aurait fallu entre 45.000 et 51.000", a ainsi précisé Samuel Minot. Sur les 25 territoires d'industrie, le besoin annuel varie de 2.000 à plus de 3.600 logements. 

Un accès au logement difficile dans 14 territoires

Quatre territoires, tous situés au nord-est, bénéficient d'une offre a priori suffisante. La problématique d'accès au logement est en revanche particulièrement prégnante pour 14 autres territoires. Exemple avec le bassin de Bourg-en-Bresse, où un scénario modéré mentionne un besoin de 900 logements contre une construction prévue à hauteur de 500 logements seulement.

Pour faire face à ces besoins, la FFB compte proposer à la préfète de région, Fabienne Buccio, une expérimentation pour favoriser la production de logements, via des mesures dérogatoires, des aménagements de plan local d'urbanisme (PLU) ou un allègement des autorisations à construire. "On ne peut pas préjuger de la réussite de chaque territoire en réindustrialisation, chacun a son histoire industrielle propre, a estimé Samuel Minot. En revanche, si l'offre de logements ou la capacité de produire ne sont pas là, la réindustrialisation sera sérieusement freinée."

 

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