En baie de Somme, des poules composteuses réduisent la facture déchets (80)

En 2013, la communauté de communes de la Baie de Somme Sud a proposé aux habitants d’adopter deux poules à prix modique, afin qu’elles recyclent leurs déchets fermentescibles (qui entre en fermentation). 1.400 poules ont été distribuées jusqu’en 2016, permettant des économies de traitement des déchets estimés à 5.000 euros par an. Aujourd’hui mise en sommeil par la collectivité, l’opération est reprise par les particuliers.

C’est dans le cadre de son programme sur la prévention des déchets que la communauté de communes de la Baie de Somme Sud (territoire intégré dans l’agglomération de la baie de Somme le 1er janvier 2017, qui compte 51.357 hab.) a lancé en 2013 "l’adoption"de poules par les habitants. L’opération a concrètement été mise en place par le service de gestion des déchets de la collectivité. Le principe était simple : cette dernière achetait des poules réservées au préalable par les habitants (deux par foyer) et leur revendait au prix d’un euros la poule contre la signature d’un "contrat d’adoption"(voir pièce jointe).

Contrat qui assure le bien-être des poules

Le contrat d’adoption stipule qu’elles doivent être nourries avec les déchets alimentaires résiduels de l’habitation (et des compléments si besoin), qu’elles ne pourront pas être consommées avant trois années et qu’elles disposeront d’un espace d’au moins 10 m2 ainsi que d’un abri, tous les deux bien entretenus pour assurer le bien-être des volailles. "Nous demandions également qu’il n’y ait pas de coq dans les poulaillers, l’objectif n’étant pas de créer des élevages mais surtout, nous voulions éviter les nuisances sonores", explique le responsable adjoint du service Gestion des déchets, Laurent Leblond.

1.400 poules distribuées aux habitants

Il était prévu dès le départ de privilégier les races locales - comme la coucou picarde - et de les acheter sur le territoire. "Le souci est qu’aucun élevage proche n’en proposait dans les quantités dont nous avions besoin", commente le responsable adjoint. Elles ont donc été achetées auprès d’une association du département du Nord (coucous picardes) et d’un élevage breton (coucous marans).

5.000 euros d’économies estimées sur le traitement des déchets

Quelques particuliers volontaires ont accepté de peser chaque jour la nourriture qu’ils donnaient aux poules durant plusieurs mois. "Nous avons ainsi estimé qu’une poule consommait une cinquantaine de kilos de déchets fermentescibles par an", poursuit le responsable adjoint. En contrepartie, les poules fournissent régulièrement des œufs, ravissent les enfants et permettent de faire baisser les coûts de traitement des déchets ménagers par la collectivité. "Chaque tonne de déchets coûte environ 72 euros à l’enfouissement. Les déchets ingérés par les 1.400 poules nous ont donc fait économiser environ 5.000 euros de traitement chaque année...."

Quelques pratiques inattendues

L’opération a été mise en sommeil en 2017 pour différentes raisons : la réorganisation du territoire, la hausse du prix des poules (qui est passé de 6,50 euros l’unité à 10 euros) et le temps de gestion que ce service demandait à la collectivité. "Nous nous sommes aussi rendu compte que des foyers - dont il est difficile de chiffrer le nombre -, complétaient leur poulailler personnel avec les poules de la collectivité vendues beaucoup moins cher. Alors que nous visions des "primo" poulaillers. Nous avions omis de le mentionner sur le contrat d’adoption et il nous était impossible de contrôler tous les foyers."

Contrat d’adoption plus strict

Par contre, cette opération symbolique, pédagogique et médiatique a marqué les esprits et donné envie à des particuliers, des écoles, des professionnels d’utiliser des poules pour composter leurs déchets. "Des habitants d’un lotissement ont créé un poulailler partagé avec nos poules. Une convention (voir document joint) que nous avons signée avec les familles précise lesquelles d’entre elles peuvent ramasser les œufs et quand (par semaines paires et impaires). Nous avons aussi fourni une cantine scolaire. Un camping et un restaurant sont aussi intéressés. Un particulier a même écrit un livre sur son expérience."
 

Enseignements
Si l’initiative est reconduite, quelques enseignements seront retenus : élaborer un contrat d’adoption plus strict pour toucher le bon public et mettre des conseils aux familles par écrit à l’image du guide réalisé par un territoire voisin, le syndicat mixte interdépartemental de ramassage et de traitement des ordures ménagères de la Picardie ouest (Trinoval).
 

Communauté d'agglomération de la Baie de Somme Sud

Service Gestion des déchets, Bureau de Saint-Valéry-sur-Somme,35 rue du Dr Léger
80230 Saint-Valéry-sur-Somme

Bernard Ducrocq

Vice-président

Laurent Leblond

Responsable adjoint du service gestion des déchets, animateur Zéro déchet, zéro gaspillage

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