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Étang de Berre : des propositions pour remédier au "mauvais état écologique" de la lagune

La mission d'information parlementaire sur la réhabilitation de l'étang de Berre, dans les Bouches-du-Rhône, a présenté son rapport ce 23 septembre. Elle propose une vingtaine d'actions pour corriger le "mauvais état écologique" de la plus grande lagune méditerranéenne française, fragilisée par les rejets d'une centrale hydroélectrique.

Dans son rapport présenté ce 23 septembre à l'Assemblée nationale, la mission d'information parlementaire sur la réhabilitation de l'étang de Berre présidée par les députés des Bouches-du-Rhône Pierre Dharréville (PCF) et Éric Diard (LR) propose une vingtaine d'actions pour corriger le "mauvais état écologique" de la plus grande des lagunes méditerranéennes françaises. Situé à une dizaine de kilomètres à l'ouest de Marseille, l'étang de Berre est seulement ouvert vers la Méditerranée par le chenal de Caronte. Autre caractéristique : il s'agit de la lagune française dont le taux de renouvellement est le plus long, l'eau restant en moyenne 187 jours, contre 53 par exemple pour l'étang de Thau, dans l'Hérault.   
La mission estime d'abord "primordial" de respecter l'objectif européen d'un "bon état des eaux" d'ici 2027 tout en concédant que "la probabilité" de passer ce cap "est plus qu'incertaine". Alors que la directive cadre sur l'eau du 23 octobre 2000 offre la possibilité de s'affranchir de cette date-limite, "le recours à cette dérogation ne se justifie pas", insiste la mission, dont le rapporteur est le député LREM des Bouches-du-Rhône Jean-Marc Zulesi.

"Stratification" des eaux

Pour améliorer la qualité de l'eau de l'étang de Berre, la mission parlementaire recommande d'abord une réduction supplémentaire des rejets d'eau douce et de limons de la centrale hydroélectrique de Saint-Chamas, une des 11 communes qui bordent cette étendue de 15.500 hectares. Car si la pollution historique, d'origine industrielle et urbaine, "a aujourd'hui complètement cessé", assure le rapport, l'écosystème de la lagune est surtout perturbé depuis 1966 par les rejets de cette centrale qui provoquent une "stratification" des eaux. Conséquence : l'eau salée, plus lourde, plonge en profondeur et "la vie biologique a disparu sur la moitié des fonds de l'étang".
Véritables prairies sous-marines, les zostères, qui s'étendaient sur 6.000 hectares au début du XXe siècle, couvrent à peine une dizaine d'hectares aujourd'hui, victimes en prime de divers épisodes de "malaïgue" ("mauvaises eaux"), ce phénomène météorologique qui conjugue températures élevées et absence de vent.
Pendant des années, la centrale de Saint-Chamas a évacué 3,3 milliards de mètres cubes d'eau douce et 460.000 tonnes de limons par an. Mais ces rejets ont déjà été fortement limités, jusqu'à des plafonds de 1,2 milliard de mètres cubes et 60.000 tonnes par an. La mission préconise donc "une nouvelle phase de diminution de ces rejets, de plus ou moins 50%".
Mais pas question de fermer la centrale : cette mesure "ne semble pas opportune", estime le rapport, qui propose de réactualiser l'étude sur le projet de dérivation des eaux issues de la centrale, estimé à 1 milliard d'euros en 2000.

Gouvernance à revoir

Autre préconisation forte : la réouverture du canal du Rove, creusé en 1926 pour relier l'étang au port de Marseille. Depuis 1963 et l'effondrement partiel du tunnel du Rove, cet apport en eau salée s'est tari, contribuant au déséquilibre de l'étang. Des études avaient évalué ce projet de réouverture à 31 millions d'euros en 2016
Le rapport propose aussi de revoir la gouvernance en désignant une instance intercommunale unique responsable des travaux et actions afférents à la réhabilitation de l’étang de Berre. Il préconise aussi d'élaborer un schéma d’aménagement et de gestion de l’eau (Sage) dédié à la lagune. Dans le cadre du prochain contrat d'étang, la mission appelle aussi à mobiliser les financements de CDC Biodiversité et une partie de ceux du plan de relance et à recourir davantage aux fonds européens.

 

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