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Gestion de la crise sanitaire : la Fédération des sapeurs-pompiers tacle les ARS

Dans un rapport destiné au ministre de l'Intérieur, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France dénonce la gestion de la crise sanitaire par le ministère de la Santé et les ARS, les préfets ayant été "relégués au second plan".

Voilà de quoi raviver la querelle des "rouges" et des "blancs". Dans un rapport destiné au ministère de l’Intérieur, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) dénonce la gestion de la crise par le ministère de la Santé et les agences régionales de santé (ARS). Elle critique le choix d’avoir confié "le rôle de commandant de crise" à la Santé. "Rien dans son organisation et sa culture ne le prédisposait à assurer efficacement ce rôle", juge en effet la FNSPF, dans ce rapport révélé par Le Parisien, dimanche 5 juillet. Les ARS ont une "gestion comptable et financière du système de santé". "Elles ont semblé accaparées par la gestion du nombre de places en réanimation hospitalière et par les remontées statistiques", affirme le rapport. Les préfets ont été "relégués au second plan".

Jusqu'à la mise en place d’une cellule interministérielle de crise le 17 mars, le ministère de l'Intérieur et les préfets ont été exclus du processus de décision, affirme la fédération, avant qu’"une organisation bicéphale" soit mise en place entre les ministères de la Santé et de l'Intérieur. Mais pour gérer une crise, il faut "un commandement unique", estime la FNSPF, qui plaide pour faire de la place Beauvau "le responsable opérationnel des crises" ou, autre option, rattacher la protection civile au Premier ministre, comme en Italie.

"On a manqué de pragmatisme, de réalisme, de proximité et de confiance en ceux qui sont confrontés aux problématiques des gens au quotidien", a confirmé dimanche après-midi le président de la FNSPF, Grégory Allione, expliquant cependant que ce document de travail n’avait pas vocation à être divulgué. "Les maires, les départements n'ont jamais été utilisés par les ARS", a-t-il déclaré à l'AFP, lors d'une visite à Sallanches (Haute-Savoie).

Pour la FNSPF, cette absence de dialogue est notamment responsable de "l’oubli des Epahd, laissant seules les collectivités territoriales face aux décès en nombre de nos aînés".

Le numéro 15 "a montré son vrai visage"

L’évacuation des malades dans des TGV spécialement affrétés s’apparente à des "opérations de communication" et à une "véritable esbrouffe", "alors que souvent il y avait de la place dans la clinique d’en face", tance encore la FNSPF. À noter que des hélicoptères Dragon de la sécurité civile ont également été mobilisés pour des opérations d’évacuation.

La FNSPF enfourche enfin son cheval de bataille : le 15 (numéro du Samu), "qui a montré son vrai visage : celui d’un numéro de renseignement, pas d’un numéro d’urgence". Le rapport évoque un délai d’attente de 45 minutes pour le Samu parisien et de 37 minutes et trente secondes pour le Samu 95, le 11 mars. La FNSPF, associée à l’Assemblée des départements de France (ADF), plaide pour faire du 112 le numéro unique d’appel pour tout type d’urgences, complété par un "système d’accès aux soins", numéro dédié aux soins non programmés ou au conseil médical. Le dossier était en attente d’arbitrages gouvernementaux juste avant le début de la crise.

Interrogé le 9 avril par la mission d'information de l’Assemblée sur la gestion de l’épidémie, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, n’avait pas relevé de dysfonctionnements particuliers. "Je pense d’abord aux préfets, points de repère en période de crise, à la manœuvre depuis plusieurs semaines aux côtés des agences régionales de santé, secondés par les personnels des préfectures, tout aussi mobilisés. Je pense aux sapeurs-pompiers et à la communauté de la sécurité civile, qui jouent un rôle déterminant d’aide au système de soins", avait-il salué. La mission d’information n’a pour l’heure pas auditionné la FNSPF.

Interrogé par l’AFP, le ministère de la Santé a réfuté les accusations de la fédération et regretté un rapport "clairement pas étayé".