Habitat insalubre et copropriétés dégradées : "une cause nationale"

Emmanuel Macron a achevé sa visite de trois jours à Marseille par une séquence sur l'habitat insalubre et les copropriétés dégradées, évoquant des dispositions législatives pour "pouvoir exproprier beaucoup plus facilement". Deux jours plus tôt, il avait enjoint les maires à "construire davantage".

Emmanuel Macron a conclu mercredi 28 juin sa visite marathon de trois jours à Marseille par le sujet du logement insalubre après, notamment, celui de l'éducation (voir notre article du 27 juin).

"Il faut pouvoir exproprier beaucoup plus facilement et de manière plus punitive les marchands de sommeil", a martelé le chef de l'État, entouré de dizaines d'habitants, au coeur de la copropriété dégradée de la cité "Benza". Il a évoqué pour cela un changement de la loi, qui actuellement "protège trop" ceux "qui ne jouent pas le jeu", visant ces marchands de sommeil rachetant pour une bouchée de pain des logements délabrés et les relouant au prix fort, le plus souvent sans payer de charges ni rien rénover. "La copropriété dégradée, l'habitat insalubre" est "une de nos priorités", a insisté le président, venu lancer l'acte II de son plan "Marseille en grand". "C'est vraiment une cause nationale dont on se saisit", a-t-il ajouté. Des dispositions législatives seront prises pour "accélérer les travaux d'urgence" et "pouvoir exproprier beaucoup plus facilement", a assuré le président.

Avec 40.000 taudis et huit personnes mortes dans l'effondrement de deux immeubles insalubres du centre-ville en novembre 2018 rue d'Aubagne, Marseille est particulièrement touchée par la crise du logement. Cité "Benza", le chef de l'État s'est retrouvé au pied d'un ensemble de bâtiments rose délavé aux volets de fer fatigués, où vivent un millier d'habitants. Cette copropriété privée, qui accuse 1,3 million d'euros de dettes, est placée sous administration judiciaire depuis fin 2017.

Parmi les 13 copropriétés privées ciblées par "Marseille en grand", un plan de sauvetage exceptionnel va être lancé pour quatre d'entre elles extrêmement dégradées, via une requalification en opération d'intérêt national (Orcod-IN). Ce dispositif Orcod-IN, lancé depuis 2017 en Ile-de-France, permet aux pouvoirs publics d'exproprier ou de racheter plus facilement pour détruire ou rénover, de financer des travaux dans les parties communes et de mieux prendre en charge les questions de sécurité.

Emmanuel Macron avait déjà abordé le sujet deux jours plus tôt lors d’un débat organisé dans le gymnase de la Busserine, face à des représentants associatifs et à des habitants des quartiers nord de Marseille lui faisant état des maux affectant leur quotidien. Il avait alors déploré le fait que "le droit de la propriété bloque depuis des années" l’intervention publique, obligeant à des expropriations au cas par cas. "On va lancer onze opérations régionales pour débloquer des situations et quatre grandes opérations d’intérêt national avec des interventions exorbitantes du droit commun pour prendre la main sur des situations", avait-il lancé, précisant que "800.000 euros vont être libérés sur ces projets de copropriétés dégradées et indignes à Marseille qui servira de laboratoire pour des opérations nationales".

Lors de ce débat, le chef de l'État avait par ailleurs abordé d'autres questions relatives au logement, dont l'insuffisance de l'offre. Il avait enjoint les élus locaux à "construire davantage" à Marseille, mais aussi "partout en France". Sans cela, "on ne sort pas les gens du logement social car le logement libre est trop cher pour eux" et c’est alors "l’hébergement d’urgence qui prend tout". "Ce n’est pas le président de la République qui donne les permis [de construire] !", avait-il lancé. Il avait en outre demandé "un effort collectif sur les charges foncières".

Emmanuel Macron avait également annoncé le lancement, dans le cadre de Quartiers 2030, d’un concours international d’architecture avec dix collectivités partenaires, dont Marseille, pour "penser les quartiers de demain". "Il s’agira de prendre en compte les enjeux climatiques et la renaturation, de repenser les espaces communs, et de travailler avec les habitants pour recréer des lieux où chacun est fier de vivre", avait détaillé l’Élysée.

 

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