Île-de-France : la performance des exploitants de RER n'est "pas satisfaisante", épingle la Cour des comptes

Dans un rapport publié ce 18 octobre, la Cour des comptes a estimé mercredi que les performances des exploitants du RER en Île-de-France - la RATP et la SNCF - étaient "peu satisfaisantes". Elle appelle à plus de contrôles, d'investissements et à un changement d'organisation sur la ligne B.

Au moment où le Sénat adoptait en commission la proposition de loi sur les services express régionaux métropolitains, approuvée par l'Assemblée nationale en juin dernier, la Cour des comptes a publié ce 18 octobre un rapport plutôt sévère sur le fonctionnement du réseau express régional (RER) francilien qui s’est progressivement développé depuis les années 70, restant longtemps l'unique modèle du genre en France. Ses cinq lignes sont exploitées par SNCF Voyageurs et la RATP, de manière partagée pour les lignes A et B, en totalité par SNCF Voyageurs pour les lignes C, D et E et constituent "un exemple caractéristique du 'mass transit', notamment les lignes A et B, qui sont aux premier et deuxième rangs en Europe en termes de fréquentation - avec chacune plus d’un million de voyageurs quotidiens", rappelle la Cour. 

Mais pour le premier président de la juridiction, Pierre Moscovici, le RER francilien affiche "un bilan clairement en demi-teinte", les performances des exploitants n'étant "pas satisfaisantes" et restant "en deçà des objectifs". "Les lignes B et D, qui cumulent un fort trafic, un taux de ponctualité médiocre et une hausse prévisible de la fréquentation, sont les plus préoccupantes", a-t-il critiqué devant la presse, épargnant la ligne A "qui a bénéficié de nombreux investissements". Les lignes B et D sont "saturées", leur capacité "plafonne", alors que "leur trafic augmente de 2% par an depuis 2010", décrit la Cour des comptes dans son rapport.

L'exploitation conjointe de la ligne B par la RATP et la SNCF est, en particulier, "inadaptée", "trop complexe, voire illisible", selon le rapport. La Cour des comptes plaide donc pour "une organisation nouvelle, adaptée à une logique de ligne", "sans attendre l'ouverture à la concurrence en 2040".

Problème de "sous-investissement"

Globalement, "le RER souffre d'un sous-investissement certain, caractérisé par des retards et un effort d'entretien insuffisant des infrastructures", a déploré Pierre Moscovici. Face à certaines rames datant des années 1980 ou des caténaires centenaires "presque sans roues", c'est une "nécessité, voire une urgence" pour Île-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports collectifs franciliens, et ses opérateurs "d'investir conjointement", a-t-il ajouté.

Dans un communiqué, IDFM "regrette que la Cour minore ou ne prenne pas en compte un certain nombre d'actions concrètes et d'efforts déjà engagés", notamment sur la propreté, l'accessibilité ou l'information voyageur. La ponctualité de "l'ensemble des lignes de RER" est "en nette progression" depuis 2016, "excepté la ligne B", note aussi IDFM.

Pierre Moscovici a aussi pointé du doigt l'absence de "responsabilité directe" de SNCF Réseau dans l'entretien des infrastructures, ce qui crée une "asymétrie flagrante" avec la RATP. Pour y remédier, il préconise d'associer "contractuellement" cette entité indépendante de la SNCF à IDFM, via une forme d'intéressement financier. De son côté, IDFM "déplore" le fait qu'un "contrat avec SNCF Réseau ne puisse être établi", ce qui "serait un moyen prépondérant pour accélérer les travaux de rénovation des infrastructures ferroviaires en Île-de-France".

Méthode des enquêtes de satisfaction à revoir

Par ailleurs, IDFM "souhaite négocier un contrat bilatéral avec SNCF Gares & Connexions" "afin que l’entité soit davantage responsabilisée". L'autorité organisatrice dit attendre depuis plusieurs mois "une refonte complète du modèle économique et de facturation du gestionnaire de gares".

En outre, la Cour des comptes conseille de mettre en oeuvre une "stratégie d'audit des opérateurs" et demande que la méthode des enquêtes de satisfaction qu'ils doivent réaliser chaque année - conditionnant une partie de leur bonus-malus - soit revue. En effet, après avoir elle-même interrogé 4.000 voyageurs réguliers, la Cour s'est aperçue que les taux de satisfaction étaient "plus modestes" que dans ces enquêtes, où les opérateurs n'accordaient pas assez de poids à la ponctualité et la fréquence des trains. "Évidemment, [ce changement de méthodologie] aura un impact sur les bonus-malus", a souligné Pierre Moscovici.

 

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