Archives

L'adoption internationale poursuit sa chute et la moitié des départements ont géré moins de cinq adoptions en 2018

615 adoptions internationales ont été finalisées en France en 2018 contre 3.509 en 2010, soit six fois moins. C'est ce que révèlent les statistiques 2018 de la mission de l'adoption internationale (MAI) du ministère des Affaires étrangères. La France compte chaque année près de 10.000 demandes d'adoption et près de 30.000 familles agréées sont toujours en attente d'un enfant. Une chute expliquée entre autres par les changements politiques vis-à-vis de l'adoption à l'international des pays d'origine des enfants adoptables. L'activité des départements en la matière s'est de facto fortement réduite. La moitié des départements ont finalisé moins de cinq adoptions internationales en 2018 et sept n'en ont finalisé aucune.

La mission de l'adoption internationale (MAI) du ministère des Affaires étrangères publie ses statistiques pour 2018. Créée en 2009, la MAI est l'autorité centrale pour l'adoption internationale, prévue par la Convention de La Haye. Elle assure notamment les relations avec les pays d'origine, tandis que les départements assurent l'agrément des candidats à l'adoption et le suivi des adoptions. Depuis une dizaine d'années, l'adoption internationale connaît une chute continue, en raison notamment des changements de politiques en la matière dans les pays d'origine.

Un nouveau recul de 10% en 2018

L'année 2018 ne contredit pas cette tendance de long terme, avec un total de 615 adoptions internationales finalisées, contre 685 en 2017, soit une baisse de 10%. Pour mémoire, le nombre d'adoptions internationales en France s'élevait encore à 3.508 en 2010. Il a donc été divisé par près de six en moins de dix ans. L'an dernier, les principaux pays d'origine ont été Haïti (61 adoptions), la Colombie (53), le Vietnam (50), la Côte d'Ivoire (45), la Thaïlande (42), la Chine (29) et la Bulgarie (29). En termes de continents, l'Afrique représente 33% du total, devant l'Asie (29%), les Amériques (25%) et l'Europe (13%).

L'âge des enfants adoptés à l'international se répartit en trois tiers quasi équivalents : 31,5% de 0 à 2 ans, 30,2% de 2 à 5 ans et 30,1% de 6 à 10 ans, le solde correspondant à des adoptions d'enfants de 11 ans et plus. Signes des difficultés croissantes : hors adoptions intrafamiliales (soit 550 sur le total de 615), plus des deux tiers (68%) des adoptions internationales réalisées en 2018 concernent des enfants dits "à besoins spécifiques" : enfants de plus de 5 ans (45,5% des adoptions), adoptés en fratrie (25,6%) ou présentant une pathologie (19,8%, un même enfant pouvant présenter plusieurs besoins spécifiques).

L'international représente toujours 80% des adoptions

En termes de procédures, celles passant par le bais d'OAA (organismes autorisés pour l'adoption) représentent 52% du total, contre 26% pour celles gérées par l'Agence française de l'adoption (AFA) et 22% pour les "cas particuliers".

Cette très forte diminution du nombre d'adoptions internationales a pour effet de réduire fortement l'activité des départements en la matière. Ainsi, la moitié d'entre eux ont connu moins de cinq adoptions internationales en 2018. Sept départements n'ont même connu aucune adoption au cours de cette année : Alpes-de-Haute-Provence, Ardennes, Aude, Lot-et-Garonne, Lozère, Haute-Marne et Nièvre. L'activité varie aussi fortement d'un département à l'autre. Les Bouches-du-Rhône enregistrent ainsi 32 adoptions internationales l'an dernier, contre 4 en Seine-Maritime.

Face à ce total de 615 adoptions internationales en 2018, la France compte chaque année près de 10.000 demandes d'adoption et près de 30.000 familles agréées sont toujours en attente d'un enfant (l'agrément délivré par le président du conseil départemental étant valable cinq ans). Et la réponse ne viendra pas de l'adoption nationale : la France compte certes 2.000 enfants ayant le statut de pupilles de l'Etat, mais seul environ un tiers est en voie d'adoption. Malgré sa chute continue, l'international représente donc toujours 80% de l'adoption en France.