L’APVF et l’USH tentent de répondre au défi du logement dans les petites villes

L’Association des petites villes de France (APVF) et l’Union sociale pour l’habitat (USH) organisaient mercredi 6 décembre à Barentin, en Seine-Maritime, un événement consacré aux défis du logement dans les petites villes. L’occasion d’appeler l’Etat à "jouer pleinement son rôle à travers une grande politique du logement social".

L’événement organisé près de Rouen dans la commune de Barentin associait pour la première fois l’Association des petites villes de France (APVF) et l’Union sociale pour l’habitat (USH) autour d’un thème de circonstance : "Ensemble, relevons les défis du logement dans les petites villes". Dans un pays où 2,4 millions de personnes sont en attente d’un logement social, soulignent les partenaires, la crise du logement social n’épargne plus les petites villes. L’APVF présidée par le maire de Barentin, Christophe Bouillon, et l’USH par Emmanuelle Cosse appellent donc l’Etat à "jouer pleinement son rôle à travers une grande politique du logement social, dotée d’une réflexion sur les outils et les moyens qui la rendent possible". L’APVF soutient à ce titre la proposition de l’USH de supprimer la Réduction de loyer de solidarité (RLS) "afin de pouvoir redonner aux bailleurs sociaux de réelles capacités d’investissement". Une demande également exprimée par l'association Villes de France qui organisait le même jour une rencontre dédiée au logement (voir notre article de ce jour). Les deux organisations réclament en outre d’une seule voix une réouverture des "réflexions sur l’autonomie fiscale et financière des collectivités territoriales" dans un contexte de réduction de la capacité d’autofinancement des petites villes devant lesquelles se dresse "le mur d’investissement pour financer la transition écologique".

Densification du bâti, démographie et réindustrialisation au cœur des politiques du logement

Les grands défis auxquels les villes de moins de 25.000 habitants font face en matière de logement, Christophe Bouillon les connaît bien. Il s’agit en premier lieu de l’enjeu de la réindustrialisation, "un défi gagnant pour les territoires" mais qui pose incontestablement la question du lien entre emploi et logement, a fortiori lorsque "70% des emplois industriels sont concentrés dans des villes de moins de 20.000 habitants". L’élu pointe également le ZAN (zéro artificialisation nette) et, au-delà, l’enjeu de la sobriété foncière qui impose de "refaire la ville sur la ville" et d’envisager la question du logement davantage sous l’angle de la réhabilitation. Maire d’une commune de l’aire urbaine de Rouen, Christophe Bouillon, également président de l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) rappelle qu’il est essentiel de s’attacher à l’enjeu de la densification du bâti. Un sujet sur lequel les zones commerciales sont loin d’être exemplaires, reconnaît l’élu d’une commune candidate au Plan de transformation des zones commerciales lancé par l’Etat en septembre dernier, et qui compte sur son territoire une zone qui s’étend sur près de 117 ha. Enfin, estime Christophe Bouillon, il convient de prendre en considération la transition démographique qui s’incarne dans le vieillissement de la population et qui oblige à mieux s’interroger "sur ce que veulent les personnes âgées, en termes de services, d’offre de santé ou de commerce", le tout dans des espaces urbains "à taille humaine".

L’attention portée au parcours résidentiel

Sur le lien entre réindustrialisation et logement, Emmanuelle Cosse ironise sur le fait qu’elle attend "depuis deux ans d’être sollicitée par l’Etat sur ces questions-là !", affirmant avec force qu’elle réfute "le schéma où l’on crée des emplois pour que des employés vivent dans des préfabriqués ou dans leur voiture". Cette "crise majeure" du logement, résume le député du Nord (LIOT) Benjamin Saint-Huile, met à l’épreuve "notre capacité à donner des perspectives dans le cadre d’un parcours résidentiel qui mène à l’accession à la propriété". Il appelle ainsi élus et bailleurs sociaux à mieux tenir compte "des erreurs commises en matière d’étalement urbain tout en faisant preuve de pédagogie envers les habitants". En souhaitant que cet accès à la propriété qu’il défend "ne vive pas ses dernières heures".

Directeur de l’ANCT, Stanislas Bourron, constate qu’à travers les programmes Action cœur de ville ou Petites villes de demain, "dans les discussions avec les élus ressort toujours en premier la question de l’habitat". Une réflexion qu’il faut avant tout mener à la bonne échelle : "en matière de logement on ne peut pas raisonner à son échelle sans penser à la maille du bassin de vie" tant les problématiques de mobilités et de développement économique sont transversales. Pour le représentant de l’ANCT, l’une des clés de réussite réside alors dans l’accompagnement dont peuvent bénéficier les petites communes en matière d’ingénierie sur la durée de développement des projets. Puis vient la question de la maitrise d’ouvrage où, là encore, les communes "qui n’ont pas tous les outils" doivent être soutenues, notamment par les bailleurs/aménageurs.

Comment capter le potentiel des logements vacants ?

Confrontés à des opérations "de plus en plus complexes", les partenaires du logement social se trouvent "à la croisée des chemins", résume Murielle Boulmier, présidente de la commission Territoires détendus et cœurs de ville de l’USH : "Nous devons faire de la dentelle et cela demande de l’expérience et du savoir-faire et personne n’est mieux placé que les offices Hlm pour répondre à cet enjeu". Sans jamais perdre de vue "qu’un logement ne sera habité qu’autant qu’il sera désirable", car "on ne décide pas à la place des gens là où ils vont habiter". Vu de la fenêtre du financeur, "la première condition de la réussite c’est la force du projet territorial", ajoute Michel-François Delannoy, directeur du département Appui aux territoires de la Banque des Territoires, qui s’interroge sur la meilleure manière à l’avenir "de capter le potentiel" des logements vacants "qui reste beaucoup plus important dans les petites villes que dans le reste du pays". Une situation qui interroge "à l’heure de la sobriété foncière".

 

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