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Le nombre de places d'hébergement a augmenté de 40% entre 2012 et 2016, mais le taux d'occupation reste aussi élevé

Une étude de la Drees sur l'hébergement des personnes en difficulté sociale atteste de l'augmentation sensible du nombre de places, tout en constatant une "quasi-saturation". Les données sur le profil des personnes accueillies sont instructives.

La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie une étude sur l'hébergement des personnes en difficulté sociale. Elle porte sur des données arrêtées à la fin de 2016, mais reste néanmoins représentative des tendances toujours à l'œuvre à ce jour. Ses résultats traduisent notamment le fort accroissement de l'offre d'hébergement d'urgence, mais sans que le nombre de personnes à la rue paraisse diminuer, notamment à Paris. La publication de cette étude intervient d'ailleurs alors que la mairie vient de procéder, dans la nuit du 7 au 8 février et avec l'aide de 2.000 bénévoles, au second décompte des personnes dormant la nuit dans les rues de la capitale. Une initiative qui devrait être reprise très prochainement par d'autres grandes villes.

40.000 places supplémentaires, mais un dispositif en "quasi-saturation"

L'étude de la Drees dénombre, à la fin de 2016, 140.400 places d'hébergement proposées aux adultes et familles en difficulté sociale et réparties entre environ 3.000 établissements : CHRS, Cada, autres centres d'accueil, CPH, AT-SA, maisons relais, résidences accueil, établissements d'accueil mère-enfant... Cette capacité globale est en hausse de 39% par rapport à 2012. Plus de 40.000 places ont ainsi été créées durant cette période, notamment pour l'accueil d'urgence. L'accueil des demandeurs d'asile et des réfugiés représente une bonne part de cette progression, avec 17.600 places supplémentaires depuis 2012, soit une augmentation de 70% en quatre ans.

Malgré cette croissance, l'étude constate "une quasi-saturation des capacités d'hébergement". Au 15 décembre 2016, 132.200 personnes étaient ainsi hébergées dans ces structures, soit une hausse de 37% par rapport à la situation à la même date de 2012. Le taux d'occupation n'a donc que très légèrement diminué, passant de 96% à 94%.

De plus en plus de mineurs dans les places d'urgence permanentes

L'étude de la Drees apporte aussi des informations sur le profil des personnes accueillies dans ces structures. Elles montrent ainsi - avec des variations importantes selon le type de structures - une prédominance d'hommes (56%), tandis que la faible part de personnes de 50 ans ou plus (15% contre 38% en population générale) conduit, à l'inverse, à une surreprésentation des autres tranches d'âge, et notamment des moins de 18 ans (30% des personnes accueillies). Sur ce point, l'étude constate que le nombre de mineurs hébergés en places d’urgence permanentes (hors nuitées hôtelières et places hivernales) en CHRS ou dans les autres centres d’accueil a fortement progressé entre 2012 et 2015, de façon nettement plus rapide que pour l'ensemble des personnes hébergées : +49% dans les 7.000 places d'urgences des CHRS et +63% dans les places d'urgence des autres centres d'accueil.

L'isolement est également une caractéristique forte, avec 45% d'hommes seuls sans enfant et 15% de femmes seules sans enfant, pour seulement 14% de femmes seules avec enfants et 18% de couples avec enfants (essentiellement dans les structures pour demandeurs d'asile).

Une couverture maladie presque exhaustive

En termes de nationalité, les étrangers hors UE représentent 60% des personnes hébergées (dont 32% de demandeurs d'asile), pour 36% de Français et 4% d'étrangers ressortissants de l'UE. Si les étrangers représentent logiquement 100% des personnes accueillies en structures pour demandeurs d'asile, les Français sont en revanche plus nombreux dans les maisons-relais et résidences accueil (89%), les établissements d'accueil mère-enfant (60%) et les CHRS (51%).

En termes de situation, l'étude relève qu'un quart des adultes hébergés en CHRS (hors places d’urgence) ont une activité professionnelle, contre 26% de chômeurs, majoritairement inscrits à Pôle emploi (en sachant que les demandeurs d'asile ne peuvent être autorisés à travailler qu'au terme d'un délai de neuf mois après l'enregistrement de leur demande d'asile par l'Ofpra). Ceci explique, pour une bonne part, que 41% des personnes hébergées se trouvent "dans l’impossibilité administrative ou médicale d’exercer une activité professionnelle".

Il apparaît aussi qu'un quart des adultes hébergés perçoivent le RSA (proportion qui monte à un tiers en CHRS), tandis que 15% perçoivent un revenu issu d'un travail ou d'un stage, mais que 15% ne disposent d'aucune ressource. En revanche, la couverture maladie est "quasi exhaustive". Contrairement à une idée reçue, seuls 6% des résidents bénéficient de l'AME (aide médicale de l'Etat) - ce qui s'explique par le fait qu'ils sont en situation régulière -, contre 87% qui bénéficient d'une couverture maladie (le plus souvent la protection universelle maladie, ou PUMa) et que 2% ont une demande de couverture maladie en cours.