Les cités éducatives élargies au-delà des réseaux d'éducation prioritaire

La publication d'un nouveau cahier des charges des cités éducatives matérialise la volonté du gouvernement de généraliser leur implantation dans tous les QPV. Un choix qui conduit à élargir ces "alliances éducatives" bien au-delà des réseaux d'éducation prioritaire.

C'était une annonce d'Emmanuel Macron, faite en juin 2023 à Marseille : les cités éducatives vont être généralisées à tous les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Cette généralisation, qui doit être achevée en 2027, s'est récemment matérialisée par la publication d'un nouveau cahier des charges de l'appel à candidatures porté par le ministère de l'Éducation nationale et le secrétariat d'État chargé de la Citoyenneté et de la Ville.

Sont désormais éligibles au label "cité éducative" les dossiers portant sur "au moins un quartier prioritaire de la politique de la ville" et identifiant un collège chef de file de l'ensemble des écoles et établissements scolaires du périmètre concerné. À ces deux uniques conditions, le cahier des charges ajoute que "la prise en compte de l'indice de position sociale [IPS, qui établit le niveau socioéconomique des élèves d'un établissement, ndlr] constituera un élément d'appréciation supplémentaire".

Ces nouveaux critères viennent se substituer aux précédents, plus nombreux et plus restrictifs. Jusqu'à présent, pour qu'un territoire puisse prétendre à l'obtention du label, il devait tout à la fois être implanté dans un QPV de plus de 4.000 habitants confronté à un enjeu de sécurité marqué (quartier de reconquête républicaine ou zone de sécurité prioritaire), subissant des dysfonctionnements urbains importants et bénéficiant à ce titre d'un projet NPNRU (nouveau programme national de renouvellement urbain) d'intérêt national ou régional, mais aussi compter un établissement scolaire classé en réseau d'éducation prioritaire (REP+ ou REP). 

Un élargissement au profit des "classes moyennes" ?

Avec cet élargissement à tous les QPV sans autre critère distinctif, le nouveau cahier des charges marque une décorrélation – tout au moins jusqu'à une juxtaposition des cartographies des QPV et de l'éducation prioritaire par ailleurs annoncée – entre cité éducative et éducation prioritaire, alors qu'actuellement 40% des établissements scolaires en QPV ne sont pas en éducation prioritaire.

Pour l'Observatoire des zones prioritaires (OZP), une association spécialisée dans l'éducation sur les territoires de la politique de la ville, il faut voir dans ces nouveaux critères "la même logique politique que celle qui est apparue avec l'affadissement de la loi SRU qui a été décentrée des plus défavorisés au profit du logement des classes moyennes". Cette critique s'appuie notamment sur le fait que, parmi les quelque 1.300 QPV désormais tous éligibles au label, certains "se caractérisent par un environnement plutôt favorisé comparé aux autres quartiers", selon une typologie établie par l'Observatoire national de la politique de la ville (ONPV).

Déployées depuis mai 2019, les cités éducatives visent à améliorer la prise en charge sociale et éducative des 0-25 ans dans les quartiers les plus défavorisés en structurant la coopération entre acteurs, dont les collectivités locales, dans le cadre d'un projet éducatif de territoire. On compte actuellement 208 cités éducatives, financées par l'État à hauteur de 247 millions d'euros sur la période 2019-2024 ainsi que par les collectivités. Pour couvrir l'ensemble des QPV, la création de 850 cités éducatives est prévue à l'horizon 2027, sachant qu'une cité peut couvrir plusieurs QPV.