Les maires de villes moyennes apportent leur soutien aux Galeries Lafayette

Les maires de villes moyennes apportent leur soutien à la vingtaine de magasins Galeries Lafayette dont le sort est suspendu à une décision du tribunal de commerce de Bordeaux.

Les salariés d'une vingtaine de magasins Galeries Lafayette de province retiennent leur souffle. Le tribunal de commerce de Bordeaux doit en effet se prononcer le 21 février sur le plan de sauvegarde présenté par l'homme d'affaire Michel Ohayon qui détient ces magasins. Pour les maires des villes moyennes où ils sont implantés, une fermeture serait un crève-coeur. "Nous nous sommes engagés pour préserver nos centres-villes, nous n’abandonnerons pas nos magasins Galeries Lafayette !", clame l'association Villes de France, dans un communiqué du 19 février.

Difficultés des enseignes de prêt-à-porter

Agen, Angoulême, Beauvais, Belfort, Chambéry, La Roche-sur-Yon, Libourne, Lorient, Montauban, Niort, Tarbes… Pas moins de 26 implantations sur les 57 que compte l'enseigne à travers la France sont concernées par une possible fermeture, rappelle l'association. "Les emplacements occupés par les Galeries Lafayette sont des immeubles emblématiques de l’histoire de nos villes, idéalement situés dans nos cœurs commerçants. Il est, par conséquent, impensable que nous laissions ces locaux inoccupés et sans activité, en cas de refus du plan de sauvegarde présenté", souligne-t-elle.

Tous ces magasins sont chapeautés par la société Hermione Retail, filiale de la Financière immobilière bordelaise, qui les avait rachetés en deux temps en 2018 et 2021. L'an dernier, face à une accumulation de dettes, ils ont été placés en procédure de sauvegarde. Ils illustrent les difficultés que rencontrent les enseignes de prêt-à-porter depuis plus d'un an. Tout a commencé en septembre 2022 avec la liquidation judiciaire de Camaïeu. Nombre d'enseignes iconiques des centres-villes ont suivi, coupant dans les effectifs, fermant des magasins, quand d'autres comme Naf Naf ont été placés en redressement judiciaire. "Camaïeu et ses 2.600 emplois supprimés fin 2022, San Marina et ses 680 salariés licenciés en février 2023, Minelli et la suppression de 392 postes ou encore Pimkie, Burton… la liste de ces enseignes dans l’obligation de tirer le rideau s’allonge chaque jour un peu plus venant enrayer la dynamique retrouvée depuis 2018 grâce au programme 'Action cœur de ville'", s'alarme l'association d'élus.

Locomotives essentielles

Toutes ne sont pas dans la même situation. Certaines ont pâti d'une mauvaise gestion. Camaïeu avait aussi été racheté par Michel Ohayon qui a aussi dû se séparer de Go Sport ou de Gap France. Mais le contexte général est morose. Selon les derniers chiffres de la fédération du commerce spécialisé Procos (voir notre article du 14 février), la fréquentation des magasins de centre-ville a baissé de 3,5% en 2023. Si le commerce spécialisé dans son ensemble est parvenu à maintenir son chiffre d'affaires à flot, certains secteurs ont fait les frais des arbitrages des ménages consécutifs à l'inflation des produits alimentaires et à la crise du logement. C'est le cas des secteurs de la chaussure (- 3%), de l’habillement (- 1,1%) du sport (- 1,5%) et de l’équipement de la maison (- 2,6 %). Autre tendance notable : la montée en puissance de la seconde main. "L’objectif numéro un, l’urgence, est de limiter au maximum les défaillances. Ne pas laisser se poursuivre la spirale infernale de la fermeture de magasins et de la destruction d’emplois compte tenu des dangers que cette spirale représente pour le tissu commercial et territorial dans son ensemble", souligne la fédération qui relève aussi une augmentation du taux de vacance commerciale.

Impliquée depuis 2018 dans la revitalisation des centres-villes à travers le programme ACV, Villes de France estime que les Galeries sont des "locomotives essentielles". Grâce à ACV, "le taux de vacance commerciale s’est amélioré et ce, malgré un contexte particulièrement compliqué (crises sanitaire, inflationniste et place croissante du commerce en ligne)", souligne l'association. "Forts de cette expérience concluante, nous savons désormais que la mobilisation conjointe des villes, de l’État et des partenaires du programme 'Action cœur de ville' est le meilleur moyen pour préserver le commerce, sa diversité et sa qualité", plaide l'association.