Les voeux des maires de retour après deux ans d'absence

Après deux années d'absence en raison de la crise sanitaire, la traditionnelle cérémonie des vœux des maires fait son retour, à l'exception de certaines mairies où sobriété et économies budgétaires l'emportent sur la tradition.

Malgré leur fusion en 2016, les quatre ex-communes regroupées au sein de Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime) organiseront encore chacune leur propre cérémonie cette année. "Ce sont les élus qui font les toasts et ça permet aux anciens d'être présents", assure à l'AFP Virginie Carolo, maire de cette commune de 10.000 habitants. "On serre les mains, on voit les gens et finalement on touche beaucoup plus de monde que dans l'année", observe l'édile, qui parlera "dérèglement climatique" et expliquera aux habitants le choix de la mairie d'arrêter l'éclairage public nocturne.

Privés de moments de convivialité avec la population, les maires élus en 2020 sont particulièrement friands de ces vœux. "J'attends ce moment avec beaucoup d'impatience. Ca sera comme un bilan de mi-mandat", confie Fanny Lacroix, jeune maire de Châtel-en-Trièves (Isère), 500 habitants. "Avec le Covid, l'inflation, on voit apparaître des fractures sociales importantes. On ne peut pas rogner sur la convivialité d'autant que les maires ont pour mission de préserver la cohésion sociale", poursuit l'élue qui attend 150 personnes et appellera à "garder espoir".

Parfois jugés désuets ou assimilés à un exercice d'auto-satisfaction, les vœux attirent pourtant toujours autant la population, selon des élus interrogés par l'AFP. "En année normale c'est 800 personnes sur 12.000 habitants, ce n'est pas rien", estime André Laignel, maire d'Issoudun (Indre) depuis 1977. "Ce qu'attendent les Français, c'est de la proximité. Si on n'a pas compris ça, on n'a rien compris à la crise démocratique. Le maire doit utiliser tous les moyens pour être au contact de la population", assure celui qui est aussi premier vice-président délégué de l'Association des maires de France (AMF).

Les vœux sont aussi l'une des rares occasions de mobiliser la communauté communale, rappelle André Laignel : entreprises, associations, institutions, syndicats, etc.

Faire du lien

"C'est un moment de lien social, il y a un vrai plaisir des habitants de se retrouver et c'est un moyen de combattre la morosité ambiante", juge Christine Le Strat, maire de Pontivy (Morbihan). À Angers, où le maire Jean-Marc Verchère a remplacé l'été dernier Christophe Béchu, appelé au gouvernement, les vœux n'ont jamais tant attiré, selon lui, que cette année. "Il y avait une réelle appétence. Les vœux, c'est la tradition républicaine et c'est un moment fort où on fait un peu de prospective", assure le nouvel édile.

"S'il n'y avait pas eu deux ans de privation et si l'actualité avait été sereine, on aurait pu s'en passer mais on sent de grandes inquiétudes, les gens ont envie de savoir où on en est sur les coûts de l'énergie", estime de son côté le maire de Barentin (Seine-Maritime), Christophe Bouillon, président de l'Association des petites villes (APVF).

Le politologue Bruno Cautrès reconnaît que cette cérémonie a quelque chose de "purement rhétorique". Mais il ne faut pas oublier selon lui que "l'une des fonctions les plus essentielles du politique est de faire du lien".

Certaines communes ont toutefois choisi d'annuler pour la troisième année consécutive, comme à Rémilly (Moselle), 2.400 habitants. "Avec la crise énergétique et économique, il ne me paraissait pas décent d'organiser le retour de la cérémonie dans une grande salle, chauffée spécialement pour l'occasion, avec traiteur", justifie le maire Jean-Luc Saccani, qui reversera le budget prévu au centre communal d'action sociale.

Dans les Hauts-de-France, Annoeullin, commune de 10.500 habitants, fera aussi l'impasse. "C'est symbolique car ça ne coûtait que 15.000 euros mais il était de bon ton de montrer l'exemple d'autant qu'on ne chauffe les écoles qu'à 19 degrés et que notre facture d'énergie a augmenté de 800.000 euros", résume-t-on à la mairie.

Même discours à Nanterre (Hauts-de-Seine), où le maire Patrick Jarry a fait des " vœux vidéo". "Il y avait quelque chose de choquant pour les gens à maintenir la cérémonie", observe-t-il. L'occasion aussi de protester après avoir perdu "18 millions d'euros de dotation globale de fonctionnement en 12 ans".

 

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis