L’USH évalue le besoin en nouveaux logements sociaux à 198.000 par an jusqu’en 2040

À une semaine du 83e Congrès HLM, Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, en a présenté les grands enjeux et le programme le 26 septembre et a dévoilé les principaux résultats d’une étude de l’USH sur les besoins de nouveaux logements en France, estimés à 518.000 par an, dont 198.000 logements sociaux.

À une semaine de l’ouverture de leur congrès annuel, organisé du 3 au 5 octobre 2023 à Nantes, s’il y a "chez l’ensemble des acteurs du logement social une forte envie de faire, d’avancer, de répondre aux besoins et aux enjeux", selon Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat (USH), celle-ci a également pointé ce le 26 septembre "l’impatience" de ces mêmes acteurs "face à l’indécision de l’État". "Nous avons beaucoup de mal à voir un cap se dessiner, une vision à long terme. Or en matière de logement et en particulier de logement social, on a besoin de pouvoir voir loin. On a aussi besoin de stabilité et de lisibilité."

D’autant plus dans un contexte de crise aiguë, qui touche le public comme le privé, avec des répercussions en chaîne. Ainsi, alors que les premières remontées de l’USH laissent présager d’une production de logements sociaux en 2023 inférieure à celle de 2022, qui était déjà une "très mauvaise année" (95.000 agréments hors Anru), Emmanuelle Cosse a signalé que les chiffres les plus inquiétants venaient des régions où la part de la Vefa (vente en l’état de futur d’achèvement) est la plus importante. "Il y a clairement un lien de causalité entre l’arrêt de la production privée - et donc des Vefa - et des programmations de logements sociaux." Sans compter les très grosses difficultés à reconstituer l’offre dans les quartiers Anru ou encore la question du prix du foncier. "Le problème n’est pas que la Vefa mais aussi que les bailleurs sociaux n’ont pas accès au foncier", a ajouté la présidente de l’USH.

518.000 nouveaux logements par an

Face à cette production "en berne", "la demande, elle, ne faiblit pas", a poursuivi l’ancienne ministre du Logement, rappelant que le nombre de demandeurs de logements sociaux n’a ainsi jamais été aussi élevé (2,4 millions). "La situation dans laquelle nous sommes aujourd’hui donne le sentiment d’un désinvestissement de la puissance publique dans les politiques de logement, un désinvestissement tant matériel qu’idéologique, a déploré Emmanuelle Cosse. On le voit à travers un certain nombre de croyances contre laquelle nous voulons lutter." La première de ces croyances serait de dire qu’il n’y aurait plus besoin de logements.

Pour la battre en brèche, l’USH a commandé au cabinet HTC (Habitat territoires conseil) une étude dont les principaux résultats ont été dévoilés ce 26 septembre et qui sera présentée en plénière d’ouverture du congrès. Celle-ci fait état d’un besoin de 518.000 nouveaux logements (construction neuve ou remise sur le marché) par an sur la période 2024-2040. Ces besoins se décomposent comme suit : 116.000 pour permettre le desserrement des ménages, 33.000 pour compenser la sortie du parc d’une partie des logements les plus énergivores, 100.000 pour répondre au maintien de la demande de résidences secondaires, 50.000 pour maintenir un taux de vacance nécessaire à la fluidité du marché, 122.000 pour contribuer à résorber le mal-logement, 74.000 logements pour absorber le solde migratoire et 23.000 pour absorber le solde naturel.

Besoins exprimés EPCI par EPCI

Les besoins en logements locatifs sociaux se situent eux à 198.000 nouveaux logements à produire par an d’ici à 2040, soit 38% du besoin global. "On est parti sur les besoins exprimés EPCI par EPCI, a indiqué Emmanuelle Cosse, en regardant différents indices – un indice de pression, de mobilité et d’attractivité – et voir si cela était cohérent avec ce qui écrit dans les PLH (programmes locaux de l’habitat). Nous avons en effet besoin d’armer les territoires sur leurs besoins en logements, c’est pour cela que nous sommes partis des EPCI."

Autres "croyances dangereuses sur le plan social" contre lesquelles l’USH a entrepris de lutter : l’idée que l’on n’aurait plus besoin de l’État, que "la transition écologique se réglera à coups de calendriers et que l’intendance suivra", et enfin qu’"investir dans une grande politique du logement n’est pas assez rentable" parce que ne générant que peu de gains de productivité, d’innovation, de retour sur investissement… Ces "croyances", l’USH entend les "mettre à mal" durant son congrès et appelle à réhabiliter une "grande politique du logement" en remettant ce dernier au centre de la vie politique française.

  • Trois ministres attendus pendant le congrès

"Toutes nos énergies pour le logement" : le thème de l’édition 2023 du congrès de l’Union sociale pour l’habitat "n’a pas été long à déterminer", précise l’organisation, qui souhaite apporter une "réponse volontariste (…) à la crise des énergies qui a bousculé les organismes et des centaines de milliers de ménages ces derniers mois". "C’est aussi un engagement pour la transition écologique de notre secteur. Cette transition, inscrite à présent dans la loi, est une formidable opportunité pour transformer nos façons de construire, de rénover, de consommer et de produire de l’urbanité." À titre d’exemple, la conférence plénière du mercredi 4 octobre après-midi s’interrogera sur le rôle des organismes HLM dans la souveraineté énergétique locale. Les autres plénières se pencheront notamment sur le logement et la décentralisation, le bilan de 20 ans de rénovation urbaine ou encore sur la sécurité. L’étude sur les besoins en logements en France sera présentée après la séance d’ouverture, le 3 octobre, en présence de Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Le ministre chargé du logement, Patrice Vergriete, est lui attendu mercredi ainsi que pour la clôture du congrès le jeudi. Seront également présents Philippe Vigier, ministre délégué chargé des outre-mer, ainsi que l’ancien président de la République François Hollande pour la signature, jeudi 5 octobre au matin, d’un partenariat entre sa fondation La France s’engage et les bailleurs sociaux.

 

Pour aller plus loin

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis