PLIE de Limoges : "Job rotation" dynamise la formation des demandeurs d'emploi et leur retour à l'emploi dans le secteur marchand

Parce que les demandeurs d'emploi ont peu accès à la formation alors que celle-ci est essentielle pour faciliter une insertion durable, le plan local pour l'insertion et l'emploi (PLIE) de la communauté d'agglomération de Limoges a organisé un dispositif pour lever les freins qui entravaient la qualification des personnes salariées d'entreprises d'insertion. Ce dispositif complet réunit les initiatives du conseil régional, du conseil général et a été complété par la création du service "Job Rotation" financé par le PLIE. Les résultats démontrent la pertinence de cette expérience.

Les personnes au chômage ont généralement de grandes difficultés d'accès à la formation. Le problème étant tout à la fois d'accepter et d'avoir l'opportunité de suivre une formation répondant à leur besoin de qualification. Ce constat récurrent a été au cœur de la volonté politique du PLIE de l'agglomération de Limoges (17 communes, 200.000 habitants). Dès sa création fin 2002, celle-ci a décidé de faire porter ses efforts sur la formation des personnes entrant dans un parcours PLIE, notamment les personnes salariées en entreprise d'insertion. Selon Paul Torrent, directeur du PLIE, un bilan avait en effet révélé que "ces dernières ne permettaient pas d'engager des parcours de formation et donc d'accéder à un emploi durable à l'issue". A l'époque, les six entreprises d'insertion totalisaient à peine 2.000 heures de formation pour les 110 postes d'insertion. Un chiffre très faible et qui plus est très variable d'une structure à l'autre. "Or, par rapport au profil des personnes suivies par le PLIE, il nous apparaissait évident qu'il fallait les faire passer par une étape de formation plus structurante", commente Bruno Genest, président du PLIE et vice-président de la communauté d'agglomération de Limoges. De fait, 80% des publics suivis ont un niveau inférieur au CAP ou BEP. Plus d'un tiers sont de nationalités hors Union européenne et souffrent d'un handicap lié à à des diplômes non-reconnus ou à l'absence de maîtrise du français. "Une personne ne se maintient en emploi que si elle est formée", insiste Paul Torrent. 

Objectif commun : 10% du temps de travail en formation

"Si les entreprises d'insertion ont un objectif social, elles sont soumises à des règles de productivité et de rentabilité qui freinent l'envoi en formation de leurs salariés. Il fallait donc amortir l'effet financier et trouver une solution pour pallier les difficultés à libérer du temps pour envoyer leurs salariés en formation", explique Bruno Genest. "Pour une entreprise spécialisée dans le tri de déchets, si deux salariés sont absents de la chaîne, la chaîne entière est bloquée", cite en exemple Paul Torrent. Pour développer la formation tout en tenant compte des exigences des entreprises d'insertion, le PLIE s'est appuyé sur le conseil régional et le conseil général pour mettre en cohérence les initiatives de chacun afin de mener une action concertée sur un objectif commun.

Combinaison des aides

Le conseil régional, au titre de la compétence sur la formation, finance une partie des salaires des personnes en formation. Il rembourse 6,60 euros de l'heure de formation, ce qui permet à l'employeur d'envoyer un salarié en formation sans incidence financière. Le conseil général accorde des crédits aux entreprises d'insertion pour que les personnes soient accompagnées dans leur parcours.
Restait à résoudre le déséquilibre provoqué par le départ d'un salarié en formation ou en stage. Le PLIE a imaginé un système de "Job Rotation". Le principe étant de financer le remplacement des salariés, neutralisant le risque de perte de productivité de l'entreprise d'insertion : "On a adapté les modalités, entreprise par entreprise, suivant leur production. Certaines font appel à des salariés en CDI, à des entreprises de travail temporaires d'insertion ou agences d'intérim ou encore recrutent des salariés permanents en sureffectif." Pour compléter, le PLIE finance le poste d'un conseiller ANPE mis à sa disposition pour épauler les entreprises d'insertion dans la mise en place et la coordination des formations adaptées aux parcours des salariés et préparer leur sortie vers le secteur marchand.

Qualification et retour à l'emploi relancés

Les résultats sont significatifs : le nombre d'heures de formation s'est élevé à près de 15.000 en 2005 (2.000 heures en 2002, 6.200 heures en 2003, 12.000 heures en 2004). L'objectif initial de 10% est donc quasiment atteint. "Avec, dans le lot, de vrais parcours qualifiants", souligne Paul Torrent, satisfait de battre en brèche "les discours préconçus sur le manque de capacité à se former des demandeurs d'emploi".
L'impact sur les sorties vers le secteur marchand, embryonnaires en 2003 et plus marquées en 2004, atteste également de la pertinence de ce dispositif. "En 2002, les entreprises d'insertion ne conduisaient pas à l'emploi durable. Beaucoup de bénéficiaires retournaient à l'ANPE. Depuis, les résultats s'inversent significativement. La formation est une bonne passerelle car elle permet à celui qui en bénéficie de se projeter dans l'avenir."
Une opération qui, outre les participations des conseils régional et général, n'aurait pu se faire sans le Fonds social européen, principal soutien financier du PLIE (65.000 euros pour le remplacement des salariés, 45.000 euros pour le poste de conseiller ANPE).

PLIE

18 rue Aigueperse
87000 Limoges
plie_limoges@yahoo.fr

Bruno Genest

Président du PLIE et vice-président de la communauté d'agglomération de Limoges

Paul Torrent

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