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PMI : fortes disparités départementales sur les bilans de santé en écoles maternelles

Santé publique France a publié le 14 janvier une étude sur les bilans de santé en école maternelle, réalisée dans un échantillon de services de PMI de 30 départements. Conclusion de l'étude : les missions PMI "reflètent surtout les moyens ou les intentions des conseils départementaux"...

Alors que la récente "Stratégie nationale de prévention et de protection de l'enfance 2020-2022" fixe des objectifs très ambitieux pour la protection maternelle et infantile (voir notre article ci-dessous du 15 octobre 2019), une étude de Santé publique France donne une vision moins reluisante des réalités du terrain. Publiée dans le dernier numéro du BEH (Bulletin épidémiologique hebdomadaire), l'étude a été réalisée en 2014-2016 avec le concours des médecins et infirmiers ou puéricultrices des services de PMI de trente départements ayant accepté de participer et représentant 34% des naissances en France métropolitaine (*). Elle s'appuie sur l'exploitation de la cohorte Elfe (étude longitudinale française depuis l'enfance), regroupant 18.000 enfants nés en 2011.

Les enfants ayant bénéficié d'au moins un dépistage vont de 1% à 74%

L'étude porte sur les enfants scolarisés en petite ou moyenne section de maternelle et a pour premier objectif la description des modalités de réalisation du bilan de santé en école maternelle (BSEM) à? 3-4 ans et ses éventuelles disparités territoriales. Les données recueillies sur ces bilans ont ensuite été corrélées avec divers indicateurs sociodémographiques départementaux ou liés à? la gouvernance des services de PMI : nombre de naissances, le taux de pauvreté infantile de 0 à 5 ans, taux de familles monoparentales, budget des services de PMI et nombre de médecins de PMI en équivalent temps plein (ETP) rapportés au nombre de naissances...

Au total, 81% (de 52% à 100%) des enfants concernés ont bénéficié d'au moins un dépistage et 17% (de 1% à 74%) d'un bilan médical complet, mais 26 départements sur les 30 de l'échantillon ont néanmoins déclaré l'existence d'écoles non couvertes par le BSEM. De même, 28 départements effectuaient toujours un dépistage visuel ou auditif et 26 celui des troubles du langage. Un bilan infirmier complet (ensemble des dépistages) était proposé dans 13 départements et incomplet (dépistage dentaire ou autres non réalisés) dans 9 autres départements. Lors du bilan infirmier, 14 départements ont sollicité la présence des parents. Un examen complet par un médecin, avec présence parentale, était possible dans 27 départements, mais avec des modalités de déclenchement très variables : 9 départements le proposaient systématiquement, tandis que les autres pouvaient le proposer à? la demande des parents (14), ou en privilégiant les écoles en zone d'éducation prioritaire (16), ou de façon ciblée selon les résultats des dépistages infirmiers préalables (22), et enfin selon les échanges avec les enseignants, le service social ou la PMI (23).

Des écarts sans lien avec les besoins

Les écarts sont également importants sur le contenu du bilan de santé. Environ 70% des enfants auraient ainsi bénéficié d'un dépistage visuel, auditif, du langage, psychomoteur, anthropométrique et vaccinal, alors que moins de deux tiers auraient bénéficié d'un dépistage dentaire et seulement un tiers d'une mesure de la pression artérielle. Les écarts les plus importants entre départements concernent l'évaluation du statut de couverture vaccinale, la réalisation de la courbe d'IMC (indice de masse corporelle), l'examen dentaire et la mesure de la pression artérielle. De même, la présence des parents lors du BSEM varie de 2% à 97% selon les départements (pour une moyenne de 58,5%).

L'étude montre une absence de relation entre la réalisation d'un examen médical complet et les facteurs sociodémographiques examinés (monoparentalité, pauvreté...). De même, la démographie médicale (nombre de pédiatres) ou les moyens des services de PMI (nombre de médecins ETP et budget) apparaissent également sans lien avec la réalisation du bilan.

Conclusion de Santé publique France : "Alors qu'il serait souhaitable que les missions PMI s'exercent en adéquation avec les besoins des populations, elles reflètent surtout les moyens ou les intentions des conseils départementaux, comme le relevait déjà l'Igas en 2006 et récemment le rapport Peyron" (voir notre article ci-dessous du 17 juin 2019).

(*) Aisne, Alpes-Maritimes, Ariège, Aube, Aude, Bouches-du-Rhône, Corrèze, Côte-d'Or, Côtes-d'Armor, Dordogne, Finistère, Gironde, Hérault, Ille-et-Vilaine, Marne, Morbihan, Moselle, Nièvre, Oise, Orne, Pyrénées-Atlantiques, Pyrénées-Orientales, Bas-Rhin, Saône-et-Loire, Savoie, Haute-Savoie, Vienne, Vosges, Essonne, Hauts-de-Seine.

 

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