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Pour lutter contre le logement insalubre, Marseille se lance dans les travaux d'office

Le 28 octobre, Patrick Amico, l'adjoint au maire de Marseille chargé de la politique du logement et de la lutte contre l'habitat indigne, organisait une conférence de presse sur le terrain, au pied d'un immeuble dans le quartier Saint-Mauront dans le 3e arrondissement. L'objectif : faire un point d'étape sur la politique de la ville en matière de lutte contre l'habitat indigne. Un sujet particulièrement sensible dans la cité phocéenne, toujours marquée par le drame de la rue d'Aubagne, le 5 novembre 2018, et qui abrite un nombre important de logements insalubres. Le quartier Saint-Mauront, l'un des plus pauvres de France bien que tout proche d'Euromed et du siège emblématique de la CMA-CGM, est un véritable concentré d'habitat insalubre avec, selon le maire de l'arrondissement, un record de 7 arrêtés de péril sur 100 mètres de rue. Pour sa part, l'adjoint au maire de Marseille a aligné les chiffres attestant l'ampleur du problème : 40.000 logements indignes (soit 13% des résidences principales, abritant plus de 100.000 habitants), 800 immeubles frappés d'arrêtés de péril, dont 200 "grave et imminent", 1.400 personnes relogées à la suite d'une évacuation (dont 1.100 en appartements, 250 en appart-hôtels et le reste en hôtels ou foyers), mais aussi 70 signalements au procureur depuis un an.
Face à cette situation, la ville a entrepris de réagir en recourant le plus largement possible à la procédure des travaux d'office. Celle-ci prévoit que, lorsque les mesures et travaux ordonnés n'ont pas été mis en œuvre dans le délai fixé, le maire peut faire procéder d'office à leur exécution, aux frais du propriétaire ou du syndic. Insistant sur la "politique volontariste engagée depuis le début du mandat", la ville rappelle que le conseil municipal a voté, en novembre 2020, une enveloppe de 48 millions d'euros sur quatre ans spécialement dédiée à ces travaux d'office. Vingt immeubles ont déjà bénéficié de ces mesures d'urgence en 2020 et 40 nouvelles interventions devraient être réalisées avant la fin de l'année 2021. En outre, selon Patrick Amico, cette enveloppe "n'est pas définitive et peut être ré-abondée". Précision importante : "Il ne s'agit pas de réhabiliter complètement un bâtiment, mais de le remettre en sécurité afin que les locataires puissent revenir". Le coût de ces travaux est ensuite récupéré auprès des propriétaires défaillants, dans le même temps qu'un signalement est fait au procureur de la République, car "la mise en danger de la vie d'autrui est passible de poursuites pénales". Si le propriétaire n'honore pas la facture présentée par la ville, celle-ci devient propriétaire des locaux.
Le renforcement de la lutte contre l'habitat insalubre ne s'arrête pas là. Selon l'adjoint au maire, la ville a créé une direction du logement "qui n'existait pas" et le recrutement de 45 personnes est en cours pour renforcer les effectifs. Patrick Amico précise que, parmi ces nouveaux agents, "vingt ont des profils techniques : des agents de salubrité, dédiés à traiter les signalements, faire les visites, les études, les travaux d'office...". En outre, le conseil municipal a adopté une nouvelle charte du relogement lors de sa séance du 1er octobre 2021, à l'issue d'une large concertation avec les services de l'Etat et les associations. Entre le coût des relogements et celui des travaux, la ville de Marseille dépenserait environ 10 millions d'euros par an. Et "20 millions ont déjà été engagés depuis un an et demi".

 

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