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FIPD - Prévention de la radicalisation : des délais très courts pour financer ses actions

Les appels à projets départementaux sur la "prévention de la radicalisation" vont s'achever dans les prochains jours. 15,1 millions d'euros leur sont consacrés (dont 3 pour les contrats de ville) dans le cadre de la circulaire du 16 janvier 2017 sur l'utilisation des crédits du fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD).

La lutte contre la radicalisation violente et les filières terroristes constituent à nouveau la priorité du fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD). Sur un total de 102 millions d’euros en autorisations d’engagement  en 2017 (en augmentation de 38 millions d’euros par rapport à 2016), 65,5 millions d’euros iront en effet à ces actions. Le reste servira à financer la dernière année de mise en œuvre de la stratégie nationale de prévention de la délinquance (2013-2017), vidéoprotection comprise. C’est ce que prévoit la circulaire du 16 janvier 2017 de la secrétaire générale du CIPDR (comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation), Muriel Domenach, sur l’utilisation de ces crédits. Cette circulaire adressée aux préfets s’appuie sur les objectifs du plan d’action contre la radicalisation et le terrorisme (Part) du 9 mai 2016 qui prévoit de doubler en deux ans les capacités de prises en charge des personnes radicalisées ou en voie de radicalisation et de leur famille. Ce plan "prévoit en outre de mieux associer les collectivités locales, notamment les conseils départementaux du fait de leur compétence dans le champ social et de la protection de l'enfance et des communes au travers des comités locaux de sécurité et de prévention de la délinquance", rappelle la secrétaire générale.

15,1 millions d'euros pour la prévention de la radicalisation

Concernant le premier volet (lutte contre la radicalisation et les filières terroristes), 15,1 millions d’euros seront consacrés à la prévention de la radicalisation proprement dite (travailleurs sociaux, éducateurs, consultations ou psychologues spécialement formés, soutien à la parentalité, chantiers d’insertion…), dont 3 millions d’euros pour les plans locaux d’action contre la radicalisation annexés aux 435 contrats de ville. Il sera aussi possible de financer des actions de formation et de sensibilisation des acteurs locaux (travailleurs sociaux, éducateurs, psychologues, agents des collectivités…) dans la limite de 20% de l’enveloppe départementale.
Dans chaque département des appels à projet viennent d’être lancés en application de la circulaire du 16 janvier 2017 sur l’utilisation des crédits du FIPD pour 2017. Certaines préfectures ont même anticipé la publication de cette circulaire, mais les délais pour répondre sont très courts. Les dossiers devront être déposés durant la deuxième quinzaine de février avec des dates variables d’un département à l’autre. La circulaire invite en effet les préfets à lancer leur appel à projets "dans les meilleurs délais" et à transmettre leur programmation "avant le 28 février 2017".

Le premier centre de déradicalisation en sursis

Par ailleurs, 900.000 euros permettront de financer "l’équipement des polices municipales" : des gilets pare-balles (avec un plafond de subvention fixé à 250 euros), des caméras piétons (comme le permet un décret du 23 décembre 2016 en application de la loi du 3 juin 2016), ou des postes de radiocommunication. 5,8 millions d’euros sont prévus pour des caméras de vidéosurveillance et des "investissements de sécurisation" des sites sensibles, et 23 millions d’euros pour sécuriser "des établissements scolaires, qui s’ajoutent aux 10 millions d’euros inscrits au titre de 2016".
Une enveloppe de 20,7 millions d’euros est enfin prévu pour le programme "réinsertion et citoyenneté". La circulaire reste muette sur ce point. Il vise pourtant un des dispositifs clés du plan présenté par Manuel Valls en mai 2016 : les centres de réinsertion et de citoyenneté. L’ancien Premier ministre en souhaitait un par région. Or à ce jour, un seul a été créé : celui de Beaumont-en-Véron, un village de moins de 3.000 âmes, en Indre-et-Loire. Inauguré en septembre 2016, il s’est pour le moment soldé par un échec. Il n’a accueilli qu’une poignée de pensionnaires (tous volontaires) sur les 25 attendus. L’un d’entre eux a tenté de rejoindre la Syrie, quant au dernier pensionnaire, il vient d’être condamné pour des violences familiales. Alors que les élus locaux demandent un "moratoire", des riverains ont manifesté ce samedi pour réclamer sa fermeture pure et simple. Récemment interpellé à l’Assemblée sur le sujet, le ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux, a dit continuer "à défendre cette expérimentation" qui n’est "qu’un exemple parmi les nombreux centres expérimentés sur le territoire", une évaluation étant attendue pour la fin de l’année scolaire.

Pour le reste, la circulaire prévoit 34 millions d’euros au titre de la prévention de la délinquance, dont 12,3 millions d’euros pour l’amélioration de la tranquillité publique. Un appel à projets national va être lancé "sur l’amélioration des relations entre les jeunes et la police visant à soutenir des initiatives locales, des actions innovantes en la matière dans les ZSP et les quartiers de la politique de la ville". Un sujet qui revêt une acuité particulière aujourd'hui.