Régions de France déplore l’abandon du projet de "territorialisation" du programme Erasmus+

L’Agence Erasmus+ France Education et Formation a informé "sans concertation préalable" Régions de France, en octobre dernier, de l’abandon pur et simple du projet de territorialisation de ce programme phare porté au niveau européen. Un projet qui devait permettre une meilleure représentation de l’Agence dans les territoires à travers une organisation qui restait à définir.

"A six mois des élections européennes, quel signal veut-on envoyer à la jeunesse ?" Pour Nathalie Lanzi, élue représentant Régions de France au sein de l’Agence Erasmus+ France, c’est l’incompréhension qui domine après la décision de l’agence d’abandonner le projet de "territorialisation" de ce programme européen dédié à la mobilité des jeunes et dont la notoriété n’est plus à faire. A peine dix-huit mois après la signature entre l’agence et Régions de France d’une convention de partenariat qui portait, notamment, sur l’ambition de développer un réseau de bureaux de l’agence européenne au cœur des territoires, Erasmus+ France a signifié à Régions de France "sans concertation préalable" en octobre dernier, à l’issue de la conférence annuelle entre les deux directions, qu’elle ne donnerait pas suite. Pour cela, elle invoque une inflation exponentielle des demandes d’accompagnement qu’elle peine déjà à satisfaire.

"Ce serait une manière pour l’Europe de montrer à la jeunesse qu’elle agit pour elle !"

A contrario, les régions estiment qu’il est nécessaire pour ce dispositif prisé des étudiants, d’irriguer davantage les territoires, en touchant des publics qui en sont éloignés : "Erasmus ne doit pas être réservé aux étudiants des universités", explique Nathalie Lanzi. "Nous souhaitons au contraire que le dispositif aille au plus près des territoires ruraux à travers les missions locales, les centre socio-culturels, les mairies, vers ceux qui sont loin de ce type de dispositifs et qui ont besoin d’un maximum d’information". Elue de la région Aquitaine, elle plaide pour que chacun, "quel que soit son cursus, son parcours", puisse bénéficier des financements européens. "Ce serait une manière pour l’Europe de montrer à la jeunesse qu’elle agit pour elle !"

Une expérimentation sans lendemain

En 2021, l’Agence Erasmus+ France avait initié une expérimentation sans réelle concertation avec les régions avec l’ouverture de 5 bureaux qui devait préfigurer un déploiement plus large, que les collectivités régionales appelaient néanmoins de leurs vœux. Il y a quelques mois encore, l’ancien ministre de l’Education Pap Ndiaye avait confirmé à Carole Delga son souhait de poursuivre dans cette voie de la territorialisation. "Et même si les derniers échanges avec l’Agence étaient à notre initiative, nous pensions que le sujet allait aboutir", explique une source au sein de Régions de France qui conclut : "on a l’impression d’avoir été baladés !" Nathalie Lanzi confirme que les dernières négociations portaient sur les moyens à accorder à ce réseau ainsi que la situation plus complexe des territoires ultramarins.

Résultat des courses, l’Agence Erasmus+ France donne le sentiment de se désengager "alors que beaucoup de structures dans les territoires attendaient cela", explique l’élue qui confirme que "les régions sont submergées de demandes". Nul doute que le sujet sera au menu des discussions de l’assemblée générale de l’agence qui se tiendra lundi 11 décembre.

Erasmus+ : lancement de l'appel à proposition pour 2024

La Commission européenne a lancé le 28 novembre dernier son appel à proposition annuel dans le cadre du programme Erasmus+. Un programme doté pour 2024 de 4,3 milliards d’euros destinés à soutenir "les expériences transnationales des écoliers et des étudiants de l'enseignement supérieur et de l'enseignement et de la formation professionnels". Un programme ouvert également aux apprenants adultes ainsi "qu'aux jeunes inscrits à des programmes d'enseignement non formels". Tenant compte de l’inflation, le programme 2024 s’appuiera sur une augmentation des bourses ainsi que sur un ajustement à hauteur de +5,9% du montant des subventions accordées aux apprenants à l’étranger. Une hausse qui intervient après celle de +11,23% enregistrée en 2023. Pour mémoire, le budget total disponible pour Erasmus+ sur la période 2021-2027 s'élève à 26,2 milliards d'euros, auxquels s'ajoutent environ 2,2 milliards d'euros provenant des instruments extérieurs de l'UE. Plus de 14 millions de personnes ont bénéficié du programme Erasmus + depuis 1987, selon les données de la Commission européenne.

 

 

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