Sport-santé : les collectivités avancent à petits pas

Une étude de l'Andes pointe les réalisations de nombreuses collectivités en matière de sport-santé, sur ou sans ordonnance. Mais montre aussi qu'une méconnaissance du sujet et des dispositifs régionaux empêchent encore beaucoup d'entre elles de sauter le pas.

Alors que l'objectif d'atteindre la labellisation de 500 maisons du sport-santé sur tout le territoire est en passe d'être atteint (lire notre article du 18 octobre), de plus en plus de communes se lancent dans des actions en faveur du sport-santé, sur ou sans ordonnance. Ces actions ont été recensées par l'Association nationale des élus en charge du sport (Andes) et présentées récemment à travers la publication d'un "état des lieux des politiques sport-santé locales et recensement des besoins et des difficultés exprimés par les collectivités locales".

Réalisé en deux phases (phase quantitative du 1er février au 31 mars 2022 et phase qualitative du 1er juin au 1er août 2022) auprès de 421 collectivités sollicitées par les réseaux de l'Andes, du label Ville active et sportive et des villes santé de l'OMS, cet état des lieux s'attarde d'abord sur les dispositifs de sport sur ordonnance. On y apprend qu'un tel dispositif existe dans 30% des communes ayant répondu à l'enquête.

Par ailleurs, les dispositifs opérationnels de sport sur ordonnance recensés sont en grande majorité mis en place à l’initiative des collectivités locales et gérés par un des services de la ville : le plus souvent le service des sports, et moins fréquemment le service de la santé. L’office municipal des sports, une association labellisée "maison du sport-santé" ou une maison de santé peuvent parfois en assurer le fonctionnement. Plus largement, les associations sportives locales sont associées dans 79% des cas. À noter qu'une vingtaine de dispositifs sont déployés à l'échelle régionale ou départementale.

Gratuité majoritaire

De façon plus pratique, la durée de prise en charge varie en général de trois mois à six mois, mais peut aller jusqu’à trois ans, à raison d'une à deux séances par semaine. Dans les deux tiers des cas, des personnes autres que celles atteintes d’une affection de longue durée sont prises en charge. La gratuité des séances est majoritaire. Quand les séances sont payantes, leur coût pour le bénéficiaire varie de 75 à 300 euros par an. Certaines communes proposent par ailleurs une tarification en fonction du quotient familial et des revenus du bénéficiaire.

Quant au coût global des dispositifs pour les collectivités – qui s'échelonnent de 2.000 euros pour un petit nombre de bénéficiaires sur une période de quelques mois, à 300.000 euros pour de nombreux bénéficiaires sur une durée supérieure à un an –, il est le plus souvent pris en charge par la ville, soit entièrement (36% des cas), soit partiellement (42% des cas). Les autres sources de financement proviennent principalement des agences régionales de santé (ARS), soit par le biais d'un financement sur dossier à la ville (27%), soit dans le cadre d'un dispositif régional piloté par l'ARS (19%). Quant aux acteurs privés (mutuelles, cliniques, etc.), ils ne sont présents dans le financement que dans 11% des cas.

Les actions de sport-santé sans ordonnance sont quant à elles plus répandues, puisque 62% des communes répondantes en ont mis en place. Et les publics touchés sont logiquement beaucoup plus variés que pour le sport sur ordonnance : les seniors sont visés par 21% de ces actions, devant la remise en forme pour tout public (17%), les personnes atteintes de maladies chroniques (7%), les enfants et les écoles primaires (7%) ou encore les agents municipaux (5%).

Large méconnaissance

Les types d'actions en faveur du sport-santé sans ordonnance sont également variés, et vont des cours de natation prénataux pour les femmes enceintes à des coupons de sport pour les enfants, en passant par de la prévention dans les accueils de loisirs ou des ateliers municipaux de gym douce.

Enfin, l'Andes s'est intéressée aux causes de l'absence d'action en faveur du sport-santé dans les communes. La méconnaissance du sujet est citée par 58% des collectivités concernées, devant le manque de moyens financiers (40%). À propos de méconnaissance, 83% des répondants disent ne pas connaître le dispositif institutionnel de leur région en matière de sport-santé sur ordonnance quand celui-ci existe, et 54% n'envisagent pas de le mettre en place prochainement.

L'Andes conclut son étude en mettant en avant le manque des moyens humains, financiers et matériels ou encore la difficulté pour les collectivités locales à mettre en réseau les acteurs. Mais elle affirme surtout que s'il est "un concept reconnu", le sport-santé demeure "largement méconnu" : "Les élus ont une attente forte sur la communication et l’information de la part de l’État et des agences régionales de santé."