Traitement de l'eau en Île-de-France : le Sedif va "poursuivre" son vaste projet de filtration

Le Sedif, premier syndicat des eaux de France, qui rassemble 133 communes autour de Paris, a annoncé ce 16 novembre sa décision de "poursuivre" son vaste projet de traitement par filtration de l'eau à 870 millions d'euros, estimant qu'"aucune recommandation n'impacte le projet" à l'issue d'un débat public de trois mois consacré au sujet (voir notre article du 22 septembre 2023). Soumise au vote, la poursuite de ce projet controversé a été votée à mains levées à une très large majorité par le comité du Sedif, présidé depuis 1983 par André Santini, avec seulement trois voix contre et quatre abstentions sur 85 votants, a constaté l'AFP. Rare voix discordante, Séverine Delbosq, élue de l'Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), a déclaré que "les réponses aux préconisations de la CNDP (commission nationale du débat public, NDLR) restent dans le registre d'une écologie de façade". L'élue a souhaité davantage d'efforts en amont pour préserver l'eau des pollutions.

Le projet du syndicat des eaux d'Île-de-France consiste à installer une nouvelle technique de traitement dans ses trois principales usines d'eau potable, qui alimentent plus de quatre millions d'usagers. Cette technologie de filtration par membranes "haute performance" qui équipera les usines de Choisy-le-Roi, Neuilly-sur-Marne et Méry-sur-Oise, nécessitera leur raccordement au réseau électrique à très haute tension (225.000 volts) géré par RTE, avec pour objectif une eau "pure" (en réduisant la présence de micropolluants), "sans chlore" et "sans calcaire".

"Aucune recommandation n'impacte le projet membranaire : le cahier des charges de la consultation prenait déjà en compte les problématiques posées en matière de traitements des rejets avec des justifications détaillées à apporter quant au niveau des rejets", a estimé le Sedif qui vient de publier avec RTE un rapport détaillant les enseignements tirés du débat public ainsi que les réponses apportées au compte-rendu de la CNDP et au bilan de son président.

Lors du débat public obligatoire, la question de "l'impact environnemental global" du projet a été soulevée, compte tenu du fait que celui-ci devra prélever 15% d'eau supplémentaire et rejeter dans les eaux de surface un "concentrat" issu de la filtration, fort en micropolluants et matières organiques. "Quantitativement (en termes de bilan massique), le concentrat contient indéniablement moins de substances polluantes que celles de l'eau brute prélevée dans la ressource (...) car celles-ci sont traitées en partie sur des étapes de traitement des usines actuelles", a estimé le Sedif dans le rapport qu'il publie avec RTE. Affirmant sa volonté de "traiter ces concentrats", il reconnaît cependant qu'à ce jour, "aucune solution technique, à un coût supportable, n'a été trouvée".

Les porteurs du projet disent vouloir poursuivre la concertation avec les usagers tout au long de sa réalisation. Le Sedif s'engage à mettre en place des "commissions locales d'information sur la production d'eau potable" (Clipep) s'inspirant des commissions locales d'information (CLI) existant aux abords des centrales nucléaires. De son côté, dans le cadre du dispositif de concertation établi par la circulaire dite Fontaine, RTE doit associer les acteurs du territoire (associations, autorités et services déconcentrés de l'État, collectivités territoriales, partenaires socio-économiques, etc.) à la définition des fuseaux de moindre impact pour le cheminement des liaisons électriques.

 

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