Un appel à une économie sociale et solidaire "rassemblée, claire et conquérante"

Dans le contexte de l’évaluation de la loi de 2014 et des débats liés à la représentation des entrepreneurs sociaux et de l’économie à impact, les présidents d’ESS France, du Mouvement associatif, du RTES, de l’Udes et une centaine d’acteurs appellent au rassemblement des différentes composantes de l’ESS et à "incarner" clairement ses principes auprès du grand public. Ils annoncent travailler sur une "organisation collective refondée" et demandent "une loi de programmation au service des enjeux de l’ESS".  

 

"Au moment où des débats parfois tendus animent le monde de l’entrepreneuriat social et à impact, et où l’ESS est collectivement interpellée quant à ses fondamentaux" (voir notre article du 10 mai), les dirigeants des principales organisations représentatives de l’économie sociale et solidaire (ESS) et une centaine d’acteurs appellent au "rassemblement de ses acteurs autour de la clarté de ses principes d’action, et dans une organisation collective refondée".

Publié le 15 mai 2023 sur le site d’Alternatives économiques, ce "manifeste pour une ESS rassemblée, claire et conquérante" a été signé par les présidents d’ESS France, du Mouvement associatif, du Réseau des collectivités territoriales pour une économie solidaire (RTES), de l’Union des employeurs de l’économie sociale (Udes), de France active et par les dirigeants de nombreux réseaux et mouvements de l’ESS – coopératifs, mutualistes, associatifs, entreprises adaptées… –, par des présidents de chambres régionales de l’ESS (Cress), des élus, ou encore par des personnalités reconnues de l’ESS telles que Claude Alphandéry, fondateur de Labo de l’ESS, Benoît Hamon, ancien ministre ayant porté la loi de 2014 et Hugues Sibille, président du Labo de l’ESS.

"Nous sommes convaincus de la force de nos modèles pour agir, créer et entreprendre en faveur du progrès social, économique et écologique, et pour rendre la société plus inclusive", mettent en avant ces acteurs, insistant sur la force de la "grande diversité des familles et réseaux d’acteurs de l’ESS". "Ensemble, nous faisons bloc autour de la notion d’économie sociale et solidaire telle qu’elle a été définie par la loi du 31 juillet 2014, après de longs débats, et qui a inspiré ces deux dernières années les résolutions reconnaissant l’ESS aux niveaux européen et international", affirment-ils. Plusieurs de ces acteurs contribuent actuellement, dans le cadre du Conseil supérieur de l’ESS, à l’évaluation de la loi de 2014 – Localtis y reviendra dans un prochain article. 

Ils appellent les "acteurs émergents de l’innovation sociale et environnementale, de l’économie solidaire ainsi que de l’entrepreneuriat social" à prendre "toute leur place dans ce large rassemblement". Et ils tendent la main également aux entreprises à mission désireuses de franchir une nouvelle étape, en limitant leur lucrativité et en mettant en place une gouvernance démocratique. 

"Nous avons aussi besoin de nous renforcer dans notre diversité, au sein d’une ESS cohérente et engagée collectivement dans son développement, comme en coalition avec des mouvements d’entreprises engagées", déclarent ces acteurs. Ils appellent également à affirmer plus clairement leurs positionnements et principes auprès du grand public, "grâce à la notion d’utilité sociale et environnementale". "A l’heure où la notion ‘d’impact’ est de plus en plus répandue au risque d’une confusion avec nos modèles socio-économiques et d’une banalisation de l’ESS", les signataires souhaitent que "l’ESS dans son ensemble soit identifiée à partir de pratiques cohérentes avec nos principes, notamment en termes de partage de la valeur et de dialogue social", mais aussi sur des sujets tels que la qualité de vie au travail et l’égalité femmes-hommes.

Sur ces bases, les signataires annoncent qu’ils "proposeront dans les prochaines semaines les contours d’une organisation collective refondée", tout en plaidant pour "des politiques publiques ambitieuses" et "une loi de programmation au service des enjeux de l’ESS". "Nous pensons qu’en agissant ensemble, dans la clarté des identités, l’ESS peut devenir la norme de l’économie de demain, et contribuer ainsi aux nécessaires changements systémiques", concluent-ils.