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Mal-Logement - 200.000 logements "potentiellement indignes" en Hauts-de-France

Près de 10% du parc de logement privé des Hauts-de-France, soit 200.000 logements, sont considérés "potentiellement indignes" par la Fondation Abbé Pierre, dans son éclairage régional sur l'état du mal-logement 2016. Attention, cela ne veut pas dire qu'ils le sont vraiment (*). Cet indicateur avec sa traduction géographique sert notamment à alerter les élus locaux pour orienter leurs diagnostics et définir les politiques publiques adaptées en matière de lutte contre le mal-logement.
Premier constat : le parc est "ancien, voire très ancien". Près de deux logements sur trois datent en effet d'avant 1975 c’est-à-dire "avant que n'aient été mises en place les premières réglementations énergétiques". Et plus du tiers des logements ont même été construits avant la Seconde Guerre mondiale.

Un risque de déqualification de pans entiers de ville

C'est notamment le cas des territoires ruraux de la Thiérache (Aisne) qui "bien que faiblement peuplée, accueille des populations parmi les plus pauvres de la région et dont les capacités à engager des travaux lourds sont limitées". Ce territoire souffre également d'un taux de vacance supérieur à 10%, structurelle, ce qui, souligne la Fondation, "témoigne d'un parc durablement déqualifié". C'est également le cas des franges rurales Nord-Est de la Somme, mais aussi autour des agglomérations comme celles du Valenciennois, du Cambraisis, du Douaisis ou encore du Saint-Quentinois. Dans ces cas-là, la vacance serait directement le fruit du "mouvement de périurbanisation qui, conjugué à l'existence d'un parc ancien non réhabilité, conduit les ménages à quitter les secteurs d'urbanisation historiques". Pour la Fondation, "le risque est donc que la déqualification de pans entiers de ville se poursuive et marque socialement ceux qui y habitent".

170.000 ménages demandeurs d'un logement social

Le parc social, composé de 554.000 logements, souffre quant à lui peu de la vacance (1,5% dans le Nord, 2,2% dans le Pas-de-Calais, contre 3% en moyenne nationale). C'est qu'il doit faire face à 170.000 ménages demandeurs (chiffre à fin 2014). C'est pourquoi "le parc social constitue un maillon essentiel de l'offre de logements pour les habitants de la région", affirme la Fondation, et cela "même s'il est déjà largement développé".
A noter aussi que dans les territoires détendus, comme dans l'Aisne "les demandeurs potentiels de logements sociaux parviennent à se loger dans le privé plus facilement qu'ailleurs". Tandis que, en limite de l'Ile-de-France (Creil, Senlis, Chantilly, Crépy-en-Valois), la demande en logement social dépasse les moyennes nationales.

Des loyers variant de 8 à 14 euros du m2

Les niveaux de loyers dans le parc privé peuvent varier de 8 euros/m2 dans la communauté d'agglomération du Pays de Laon (Aisne) à près de 14 euros/m2 dans la communauté de communes de l'Aire Cantilienne (Chantilly, Oise). Dans le Nord-Pas-de-Calais, le loyer moyen atteint 11,5 euros/m2, ce qui fait dire à la Fondation que "le loyer au m2 dans le Nord-Pas-de-Calais est désormais l'un des plus élevés de France après ceux observés en Ile-de-France (19 euros/m2) et en Paca (12,8 euros/m2) et ce alors même que les populations disposent de revenus médians très inférieurs à ceux des deux autres régions".

Valérie Liquet

(*) Le parc privé potentiellement indigne (PPPI) est composé des résidences principales privées de catégorie cadastrale 6, occupées par un ménage au revenu fiscal de référence inférieur à 70% du seuil de pauvreté et des catégories 7 et 8, occupées par un ménage au revenu fiscal de référence inférieur à 150% du seuil de pauvreté. Cet indicateur "permet d'apprécier l'acuité des enjeux relatifs à l'inconfort et à l'indécence des logements".