Avec Vassivière Utopia, le patrimoine et le paysage rural révélés (19-23-87)

De 2018 à 2020, le Centre international d'art et du paysage de l'île de Vassivière, à la croisée de la Creuse et de la Haute-Vienne, a commandé neuf œuvres d’art de plein air à de jeunes architectes et paysagistes dans le cadre de Vassivière Utopia. Chaque projet vient révéler le paysage d'une commune rurale et répond à un besoin concret des habitants. Une démarche qui invite à faire une place aux artistes dans l'aménagement du territoire et ancre le travail de ce centre d'art dans son environnement proche.

Une plate-forme belvédère d'où admirer le village, une clairière gagnée sur la forêt, une promenade pour rejoindre le lac, un bar-buvette mobile... depuis 2018, neuf œuvres paysagères ont pris place autour du lac de Vassivière, dans neuf communes rurales de la Creuse, de la Corrèze et de la Haute-Vienne. Toutes ponctuent le parcours Vassivière Utopia, lancé par le Centre international d'art et du paysage de l’île de Vassivière.

Ancrer un centre d’art dans son territoire

Créé en 1989 sur une île au milieu d'un lac artificiel de 1.000 hectares, le centre d’art de l'île de Vassivière est financé par la région Nouvelle-Aquitaine et le ministère de la Culture-Drac Nouvelle-Aquitaine. Il abrite une collection de sculptures de plein air et accueille des expositions mêlant art et paysage. « Nous étions un peu hors-sol sur notre île, à 20 kilomètres du premier village, et nous avions du mal à créer du lien avec les communes du territoire, indique Marianne Lanavère, directrice depuis 2012 du centre d’art. D'où l'idée d'étendre notre jardin de sculptures au-delà de l'île. » Un premier essai avec des artistes plasticiens se lance à l'été 2017, avec l'exposition-parcours Transhumance. « Elle a révélé l'intérêt des élus locaux, des associations du petit patrimoine ou de randonnée pour ce type d'interventions et nous avons alors lancé le projet Vassivière Utopia dans la foulée. »

Passer des commandes auprès d'architectes et de paysagistes

Avec Vassivière Utopia, la commande est passée auprès de jeunes paysagistes et architectes et non pas de plasticiens. « Coutumiers des commandes publiques, ils sont à l'aise pour faire évoluer leurs projets en fonction des échanges sur le terrain », souligne la directrice. Chaque année, le centre d’art commence par repérer des communes partenaires « qui ont une dynamique locale, des envies mais pas de moyens, ou, à l'inverse, qui ont de la peine à faire quelque chose, parce qu'elles n'ont pas d'attractivité naturelle ». Sur la base de ces terrains d'expérimentation, le centre d’art lance ensuite un appel à projets paysagers et architecturaux de plein air. 70 à 100 candidats se présentent chaque année parmi lesquels 6 à 7 sont auditionnées en jury. « Ce jury qui associe communes partenaires, membres du conseil d'administration et techniciens du centre d’art, vise à former les couples commune - collectif artistique les plus pertinents possibles. »

Créer des liens entre habitants, élus et artistes

Au printemps, les collectifs artistiques viennent en résidence sur site. Comme en 2020 sur la commune de Lacelle, 134 habitants : « Nous avons la particularité d'avoir accueilli un collectif qui vit à l'année sur la commune », souligne Véronique Bonnet-Ténèze, maire de Lacelle. Ce collectif a aménagé un parcours reliant des boucles de randonnée existantes et a redonné vie au lieu-dit « Les Planches », « un bord de rivière qui fait partie de la mémoire collective du village, avant qu'il ne soit progressivement délaissé. » Tout au long du chantier, les habitants sont venus voir, raconter les histoires qu'ils avaient vécues sur le lieu et le journal municipal a régulièrement témoigné de l'avancée des travaux. En point d'orgue, un bloc de granit permettant de traverser le ruisseau a été collectivement amené sur site. « Le chantier s'est déroulé juste après le premier confinement de 2020, ajoute la maire. Il a apporté une bouffée d'oxygène et permis de belles rencontres entre ce collectif de jeunes et nos villageois qui s’interrogeaient sur leurs projets. » « L'une des grandes réussites de Vassivière Utopia, c'est cette rencontre avec les habitants, confirme la directrice du centre d’art. Elle est d'autant plus forte que les collectifs les ont associés aux chantiers. Les œuvres portent alors la trace de ces échanges. »

Révéler la place possible de la création dans l'aménagement du territoire

L'autre intérêt de Vassivière Utopia est le regard posé sur le paysage local et l'aménagement du territoire. « Plusieurs élus se sont rendu compte qu'ils pouvaient faire de belles choses avec peu de moyens, poursuit la directrice du centre d’art. Plutôt que d'aménager de manière formatée le territoire, ils découvrent qu'il y a un aspect qualitatif possible, sans pour autant brader la sécurité. » Dans certaines communes, le projet Vassivière Utopia est même devenu un emblème local. C'est le cas d'Eymoutiers avec sa plate-forme belvédère reprise dans tous les documents de communication de la commune.

Pérenniser les œuvres dans le temps

Le centre d’art s'engage à entretenir les œuvres durant les deux années qui suivent leur installation. Ensuite, c'est à la commune de l'assurer dans le cadre d'une convention signée avec le centre d’art. « Nous sommes actuellement dans cette étape pour les premières œuvres qui datent de 2018 et ce n'est pas si simple, précise la directrice du centre d’art. En effet, les artistes restent propriétaires, au moins intellectuellement, de leurs œuvres. Ce qui veut dire que toute rénovation nécessite leur aval. » Au-delà de cette difficulté, le centre d’art souhaite poursuivre l'aventure, très largement plébiscitée. Reste à trouver de nouveaux moyens de financement, dès lors que le mécénat de la Caisse des Dépôts qui finançait ce projet sur 3 ans est désormais terminé.

Un projet soutenu par le mécénat Architecture et paysage de la Caisse des Dépôts

Vassivière Utopia n'aurait pas vu le jour sans le mécénat « Architecture et paysage » de la Caisse des Dépôts. De 2018 à 2020, le centre d’art a reçu 150.000 € de mécénat, qui lui ont permis de mener ce projet à bien. « C'est généreux comme mécénat dans le domaine culturel », souligne la directrice du centre d’art. 72% de ce montant a été alloué aux équipes lauréates, soit 12.000 € par équipe et par projet. Le solde a permis de prendre en charge les frais de résidence des équipes, les panneaux signalétiques des œuvres et documents de communication. La coordination du projet et l'intervention des professionnels du centre d’art s'ajoutent à ce montant, sans être pris en charge par le mécénat.

Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière

communication@ciapiledevassiviere.com

Marianne Lanavère

Directrice

Commune de Lacelle

Nombre d'habitants :

134
Le Bourg
19170 Lacelle
mairie-lacelle@orange.fr

Véronique Bonnet-Ténèze

Maire

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