400.000 logements par an devraient être produits d'ici à 2030 pour répondre aux besoins

Selon l’Union nationale des aménageurs (Unam), les réponses à la crise du logement ne sauraient être efficaces que si elles s’articulent autour d’une fine connaissance des territoires et de leurs spécificités. Pour favoriser une production de logements adaptée, l’Unam a réalisé un rapport d’évaluation des besoins locaux. Ces derniers nécessiteraient la construction de 400.000 logements par an d’ici à 2030.

Pour pallier une crise du logement solidement installée, les réponses des acteurs du secteur se devront d’être à la mesure des enjeux socio-économiques, et appuyées sur des analyses solidement étayées. C’est à cette fin que l’Union nationale des aménageurs (Unam) et l’École supérieure des professions immobilières (Espi) se sont associées pour fournir un rapport sur les besoins en logements de 2019 à 2030. La méthodologie employée repose sur le principe de la "demande potentielle", laquelle prend en compte cinq facteurs : l’effet démographique, le desserrement des ménages, l’évolution des résidences secondaires et occasionnelles, l’évolution des logements vacants et le renouvellement du parc de logements.

Présentés mardi 28 novembre à Paris, les résultats de l’étude mettent en lumière un constat cuisant : le parc existant ne suffira pas à répondre à la demande. D’ici à 2030, il faudrait en effet produire près de 400.000 logements par an pour répondre aux besoins, en raison notamment des changements profonds des modes de vie des Français. Des phénomènes parfois minorés et, de fait, non traités à leur juste mesure, estime l’Unam. Certains revêtent pourtant une importance de taille, comme la réduction de la taille des ménages qui induirait ainsi 38% de la demande en logements.

Une réalité contrastée

Si les besoins en matière de logement s’accentuent autour des grandes métropoles telles que Lyon, Bordeaux, Toulouse, Nantes ou Rennes, les agglomérations moyennes ne sont pas en reste, de même que les littoraux de l’ouest et du sud-est où la population s’accroît. Pour d’autres régions comme la Corse et la vallée du Rhône, la demande serait principalement corrélée à une évolution des résidences secondaires. Des dynamiques territoriales qui imposent une connaissance et une compréhension de la typologie locale des besoins, afin de permettre une production adaptée au contexte et une adaptation de l’offre immobilière.

"Il est fondamental de répondre aux besoins par le biais d’une fine connaissance des territoires, estime François Rieussec, président de l’Unam. L’intelligence doit être collective. Or, ces dernières années, la politique du logement a été très centralisée et administrative. Les présidents des chambres régionales de l’Unam ont cette expertise du terrain qui leur permet de porter la réalité des territoires à l’échelle nationale."

Soutenir la construction

L’Unam a en outre formulé six propositions pour favoriser la construction de logements. En tête, un soutien aux maires engagés dans l’aménagement durable avec le reversement local d’une partie de la TVA supplémentaire liée aux opérations d’aménagement concerté. L’Union propose également de laisser les identités architecturales locales définir la forme urbaine des projets et de supprimer la distinction collectif/individuel ainsi que les zonages entre territoires concernant l’accès au prêt à taux zéro. Le rétablissement de l’APL accession constitue une quatrième proposition, visant à soutenir les classes moyennes et populaires souhaitant devenir propriétaires.

Les aménageurs suggèrent par ailleurs d’ouvrir le prêt à taux zéro dans le périmètre des projets participant à des politiques publiques d’aménagement du territoire (gares, friches, cœurs de ville, zones commerciales…). Afin d’accélérer la vente des fonciers urbanisables, il apparaîtrait intéressant selon l’Unam de proroger et d’élargir le champ d’application de l’exonération de plus-values immobilières sur les cessions foncières pour la réalisation de logements sociaux.